Si il n’y avait pas eu ce subit grésil, je ne serai pas entré au Cinéma Morny de Deauville, pour m’abriter.
À cette heure là, pas le choix, était programmé « La zone d’intérêt » de Jonathan Glazer.
Grand Prix au Festival de Cannes.
Un film sur la vie de famille de Rudolf Höss, son épouse Hedwig et leur blonde progéniture.
Dans leur pimpant pavillon de banlieue avec une serre et une piscine.
On ne voit guère leurs plus proches voisins.
Des voisins bruyants, que l’on entend même portes fermées.
Un bruit continu de machines, des hurlements, des plaintes, des tirs sporadiques.
Et puis, plus rien.
Que le bruit des machines qui ne s’arrête jamais et soudain comme un rougeoiement qui se projette aux fenêtres.
…
De l’autre côté du mur, le camp d’extermination d’Auschwitz dont Rudolf Höss est l’efficace commandant, améliorant sans cesse le rendement des crématoires, et l’utilisation du Zyklon B.
…
Je ne voulais pas voir ce film.
Je ne voulais pas entendre la bande-son, qui m’a rappelé le « Dies irae, Auschwitz Oratorium » de Krzysztof Penderecki.
Je ne voulais pas encore pleurer, écrasé de douleur.
Hedwig cueillant des fleurs, Rudolf achevant les plans d’extermination des 70000 juifs hongrois déjà sur les rails pour Auschwitz.
…
Je voulais juste m’abriter de la tempête qui balayait la plage normande.
© Daniel Sarfati
J’ai vu ce fil et en suis sortie très mal, et une déprime profonde m’a écrasée les jours qui ont suivi, je n’en sors pas indemne…
Que pensez de ce film de fiction et jusqu’à il y a peu j’avouais ma gêne et l’impression d’être un voyeur .
Cependant les réactions crescendo d’une grande partie des sociétés civiles et des intellectuels vis-à-vis des massacres du 7 octobre m’ont lentement persuadé qu’il s’agissait d’un film nécessaire.
La description très indirecte du génocide est subtile et son succès populaire plutôt un élément positif.
Au tout début je n’étais pas sûre de pouvoir supporter ce film, mais je suis restée et je ne le regrette pas. Je comprends que certains puissent hésiter à le voir. C’est un film remarquable et d’une grande habilité, extrêmement bien interprété notamment par Sandra Hüller, personnage glaçant qui incarne magistralement l’insignifiance vis à vis de l’horreur.
Après « le fils de Saül », je ne pensais pas que ce sentiment de malaise me prendrait aux tripes, étant fille d’une famille décimée par ces nazis, mais là se juxtaposant le désuet à l’horreur sans s’infiltrer dans le camp, c’était horrible de ressenti.
Ce film devrait être mis en exergue dans les lycées pour ouvrir les neurones à certains qui n’ont toujours rien compris. Remerciement au réalisateur Glazer, en sortant de la séance, nous avons échangé d’avec des personnes très déstabilisées par le son et le rougeoiement.
L’existence de ce film est salutaire, mais j’avoue être incapable d’aller le voir. Je ne dors déjà presque plus depuis quatre mois.
Je ne pourrais voir ce film, je ne dors presque plus, comme Judith, et je fais des cauchemars quand je finis par m’assoupir un peu.Des femmes de bourreaux nazis, il y en avait beaucoup en Allemagne, des images de l’épouse et mére idéale, pendant l’extermination de nos frères et parents Juifs, elles plantaient des fleurs de sang.