Miriam Popper, fondatrice de la YoPT, le SSPT et le Centre Médical Herzog
Depuis le début de la guerre, Israël déplore, en plus de ses trop nombreux morts, plus de 5500 blessés, dont 21% souffrent de troubles mentaux, et en particulier du syndrome de stress post-traumatique (SSPT). Selon le ministère de la Défense du pays, d’ici la fin de l’année 2024, ces chiffres seront multipliés par cinq. Ce qui signifie, si le pourcentage de 21% se maintient, que 5000 soldats environ seront confrontés à des troubles psychiques, dont le SSPT.
Or ces chiffres n’incluent pas les civils, que les pogroms du 7 octobre et la guerre qui s’est ensuivie ont frappés aussi de plein fouet, les marquant profondément et les précipitant parfois dans une grande détresse psychologique.
Ainsi, affirmer qu’Israël est à la veille d’une « épidémie » de trouble du stress post-traumatique n’est ni une vue de l’esprit ni une tentative de dramatisation.
Face à cette réalité, le système de santé et en particulier les structures de santé mentale ne doivent s’épargner aucun effort, ni négliger aucune piste thérapeutique, pour venir en aide à ces futurs patients.
Premier hôpital psychiatrique d’Israël et du Moyen-Orient, créé en 1894 sous le nom d’Ezrat Nachim, et aujourd’hui leader national dans le domaine de la santé mentale, le Centre Hospitalier Herzog se trouve en première ligne dans ce combat qui s’annonce. Depuis de nombreuses années, le professeur Pinhas Dannon, qui y dirige le département de psychiatrie, encadre des projets de recherche et des tests cliniques autour du syndrome de stress post-traumatique, comme la stimulation cérébrale ou l’utilisation contrôlée d’ecstasy combinée à différentes formes de psychothérapie.
Toujours en quête de solutions nouvelles, plus encore en ces temps de crise aigüe, il s’est penché sur une nouvelle méthode de soin, la YoPT ou yoga-psychothérapie, avant de décider d’y former ses équipes. Cette méthode innovante, déjà reconnue en Suisse pour son efficacité, a été développée par la psychothérapeute Miriam Popper, qui exerce à Zurich et y forme des praticiens.
Miriam Popper, dont les parents sont tous deux rescapés de la Shoah, a côtoyé depuis l’enfance les troubles du stress post-traumatique. Tôt, elle s’est tournée vers le sport pour surmonter cette difficulté, équitation, escrime, danse et aérobic – discipline dans laquelle par deux fois elle s’est vue couronnée du titre de championne de Suisse. Plus tard, elle a étudié la philosophie, le judaïsme et la théologie comparative. Au fil de ses recherches, professionnelles et spirituelles, elle s’est intéressée au yoga qui « est bien plus que seulement un sport, précise-t-elle. Le yoga s’adresse à l’être en son entier, à son corps, son cœur, son âme. Il comprend une dimension spirituelle essentielle qui permet d’inclure, dans le travail thérapeutique, la méditation, la pleine conscience. »
La YoPt est l’aboutissement d’années de réflexion et d’investigation. Selon Miriam Popper, les traumatismes sont inscrits non seulement dans le cerveau mais aussi dans le corps, qu’on ne peut donc exclure du processus psychothérapeutique. Alors que la parole risque de ramener le patient à la source du traumatisme, le mouvement lui permet de prendre de la distance, une distance réparatrice, de respirer.
Au cours des dernières semaines, Miriam Popper, dont les enfants vivent en Israël, a donné de son temps pour initier à sa méthode les soignants de l’unité psychiatrique du Centre Hospitalier Herzog. De futures sessions de formation plus intenses et approfondies sont prévues pour les mois à venir.
Comme tous, partout, en Israël, le Centre Médical Herzog se prépare. Après le 7 octobre, plus question ici de se laisser surprendre.
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