Tribune Juive

« Leur engagement a structuré nos esprits et décidé de nos valeurs ». par Georges Benayoun

« Ils étaient 23 qui criaient la France en s’abattant ». Aragon

80 ans trop tard, Missak Manouchian s’avance avec Mélinée, sa femme, vers le Panthéon. Bien seul. Connaissant un peu mon héros, icône de mon enfance, il doit s’inquiéter de l’absence sur les pavés de la rue Soufflot, de ses 21 camarades de combat, exécutés avec lui par les nazis, ce 21 février 1944.

Où sont ses deux amis  auquel il était associé pour nommer leur groupe « Manouchian-Boczov-Rayman ».

Où sont ces 9 autres résistants de l’affiche rouge « étrangers et nos frères pourtant », juifs pour la plupart (7 sur 10), dont les visages et les noms « cherchaient un effet de peur sur les passants ».

On ne trouve aujourd’hui leurs noms que dans les livres d’histoire spécialisés.

Car très vite, au lendemain de la guerre, le Parti communiste, période Staline, s’est employé à réécrire l’histoire de ces FTP MOI -Mains d’œuvre immigrée- communistes mais pas que, rebelles sûrement.

Sans doute « parce qu’à prononcer leurs noms était difficile », pour le roman officiel du parti, le groupe Manouchian-Boczov-Rayman deviendra en 1951 le Groupe Manouchian-Boczov, puis en 1954 le Groupe Manouchian. Déjà ce  révisionnisme à plein qu’on a laissé détourner l’histoire. 

Ce que ces hommes ont laissé à nos générations, ce qu’ils ont apporté à l’âme française, dépasse toute récupération politique possible. Leur engagement a structuré nos esprits et décidé de nos valeurs.

C’est pourquoi la fidélité à leurs combats oblige à nous détourner de ceux qui, aujourd’hui, s’en revendiquent par opportunisme, tout en dénaturant leur héritage.

Léo Ferre - L'affiche rouge (Audio Officiel)
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