
Renforcer le contrôle de l’Arcom sur CNews est une fort mauvaise nouvelle pour la liberté de la presse
Une organisation de défense de la liberté de la presse (Reporters sans Frontières) demande à la Justice de fliquer l’Arcom pour que l’Arcom flique CNews dans l’espoir qu’elle la fera taire. Le Conseil d’État encourage cette volonté de censure politique. Il y aurait des problèmes…
— Elisabeth Lévy (@ELevyCauseur) February 13, 2024
Le Conseil d’État a demandé mardi à l’Arcom, à la suite d’un recours de Reporters sans frontières (RSF), de renforcer son contrôle sur la chaîne d’information CNews et de réexaminer dans un délai de six mois le respect par la chaîne CNews de ses obligations en matière de pluralisme et d’indépendance de l’information »: Pour l’ONG Reporters sans frontières, CNews « est devenue un média d’opinion », ce que l’intéressée conteste.
Pour TJ et quelques autres, il s’agit là « d’un vrai problème pour le pluralisme, et d’un fort mauvais coup à la liberté de la presse ». Alors que le secrétaire général de l’ONG de défense de la liberté de la presse, Christophe Deloire, a évoqué une « décision historique du Conseil d’État » pour « la démocratie et le journalisme », insistant sur le fait que « L’Arcom ne s’était pas montrée à la hauteur » jusqu’alors, au risque que règnent désinformation et instrumentalisation, nous voyons là une fort mauvaise nouvelle pour la liberté de la presse.
« Vous imaginez ? Vous allez devoir demander une espèce de carte d’identité politique. Vous allez demander à chacun de vos invités pour qui ils votent, où ils se situent, à droite, à gauche, au milieu… Et puis des fois, c’est plus compliqué que ça, il y a des gens qui ont des opinions divergentes sur différents sujets. Je pense que c’est un vrai problème pour le pluralisme », a lancé Robert Ménard au micro de Dimitri Pavlenko, se réjouissant au contraire, comme TJ, « d’entendre des gens » avec des pensées différentes.
Pour rappel: RSF avait saisi le Conseil d’État en avril 2022, après avoir en vain appelé l’Arcom à mettre en demeure CNews de respecter ses obligations légales, à savoir « honnêteté, indépendance et pluralisme de l’information ». Lors de l’audience devant le Conseil d’Etat le 19 janvier, le rapporteur public, qui dit le droit, avait partiellement donné raison à RSF. Ses conclusions ont été largement suivies:
-Tout d’abord, l’Arcom ne doit pas se limiter au décompte des temps de parole des personnalités politiques pour veiller au respect du pluralisme.
-Elle devra tenir compte des interventions de l’ensemble des participants aux programmes diffusés, y compris chroniqueurs, animateurs et invités, a exigé la juridiction.
-Concernant l’indépendance de l’information, celle-ci doit s’apprécier « non seulement au regard d’un programme donné » mais aussi, pour une chaîne, « de l’ensemble de ses conditions de fonctionnement et des caractéristiques de sa programmation », a ajouté le Conseil d’État dans sa décision publique.
Encore pour rappel: Reporters sans frontières a été fondée en 1985 par quatre journalistes : Robert Ménard, Rémy Loury, Jacques Molénat et Émilien Jubineau, avec comme devise « Sans une presse libre, aucun combat ne peut être entendu ». Une ONG faite « pour défendre le pluralisme », comme l’indique le maire de Béziers au micro d’Europe 1. « J’ai passé ma vie à sortir de prison des otages, à me battre pour des otages, je ne pensais rien comme eux, j’aurais même combattu leurs idées mais on se faisait un honneur de dire ‘on n’a pas leur opinion, mais on se bat pour qu’elles puissent s’exprimer’ ! Aujourd’hui, la position de Reporters sans frontières, c’est plus qu’un reniement, c’est une trahison », s’est-il insurgé, se disant sidéré par cette annonce.
Dans un communiqué, l’Arcom a fait valoir qu' »avec cette interprétation renouvelée de la loi de 1986 (sur la liberté de communication, ndlr), le Conseil d’État renforçait la capacité de contrôle par le régulateur ». Et ce, concernant l’ensemble des médias audiovisuels.
A noter: Il y a un an, Roch-Olivier Maistre, président de l’Arcom, avait estimé que CNews « respectait strictement le pluralisme politique » de façon globale, tout en jugeant qu’elle « se rapprochait d’une chaîne d’opinion » à la manière de la télé conservatrice américaine Fox News.
Pascal Praud : «J’attends que le Crif saisisse l’Arcom ou le Conseil d’Etat pour qu’ils regardent comment France Inter et France Télévisions traitent l’attaque du Hamas du 7 octobre» https://t.co/LIJ3F4onR5
— CNEWS (@CNEWS) February 13, 2024