Il est encore trop tôt pour dire de la riposte d’Israël au pogrom du 7 octobre qu’elle satisfera réellement à l’essentiel de ses objectifs militaires et politiques.
Mais il est déjà possible de tirer de cette guerre l’enseignement qu’il n’existe pas de mal assez grand dans le monde pour justifier, devant des opinions publiques occidentales toujours plus intoxiquées, qu’Israël puisse jamais avoir le temps nécessaire pour s’en défendre jusqu’à la victoire.
Corollaire de cet enseignement: cette démocratie agressée trouve bien moins d’avocats pour plaider son droit souverain à la légitime défense qu’il ne s’en recrute pour prévenir l’éradication d’une organisation terroriste partageant pourtant avec son parrain iranien une même obsession antisémite et un même projet génocidaire.
Où se niche donc le secret de cette passion triste qu’inspire l’Etat juif ?
Pour m’en approcher, je me suis posé cette première question, la plus importante et celle qui commande toutes les autres me semble-t-il, la question de savoir si Israël est, ou non, un Etat comme les autres.
Cette question a été le point de départ de ma réflexion.
Comment un peuple aussi singulier, conformiste et frondeur, inquiet et téméraire, conservateur et révolutionnaire, docile et rebelle, humble et arrogant, pacifique et batailleur, émouvant et irritant, cynique et idéaliste, particulier et universel, comment un tel peuple aurait-il pu bâtir un Etat comme les autres?
Comment un peuple aussi pluriel, à lui seul une représentation miniature de la diversité du genre humain, comment des communautés d’origines aussi diverses que l’Europe centrale et de l’Est, l’Afrique du Nord, le Makrech, les Amériques, l’Europe occidentale, comment un peuple aussi peu uniforme et aussi dispersé s’est-il agrégé pour devenir une Nation?
Comment cette Nation aurait-elle pu bâtir un Etat comme les autres tant l’idée seule d’un retour à Sion et son accomplissement ressortissent au registre de l’impossible, de l’irruption de l’impossible dans le champ du possible, de l’incantation Demain à Jérusalem devenue réalité Je suis à Jérusalem, d’une inspiration et d’un souffle venus du fond du temps et de l’espace qui réinventent et dépassent le réel et qui, littéralement, transcendent la condition humaine?
Comment une poignée d’utopistes et de visionnaires rejointe par un peuple décharné et en haillons a-t-elle pu déjouer le sort funeste que toute logique lui promettait?
Comment l’occident chrétien, singulièrement une Europe pourtant largement déchristianisée, pourrait-il guérir de l’insupportable blessure narcissique du retour des Juifs à Jérusalem? Comment l’Église qui a si longtemps prétendu incarner le Verus Israël pourrait-elle de bonne grâce s’accommoder de la résurrection de ces Juifs et de leur retour triomphal à Sion, tout particulièrement dans cette Ville qui, plus que toute autre, a contribué à construire leur identité et leur rapport au monde, signant ainsi l’échec de sa détestation séculaire pour ses frères aînés?
Comment l’Église le pourrait-elle quand elle est elle-même éloignée des lieux physiques qui fondent son identité?
Comment l’islam pourrait-il supporter le retour victorieux de ses mêmes frères aînés si profondément méprisés dans ce qu’il considère sa géographie, au cœur même de son projet de conquête? Comment ce si fragile être arabe pourrait-il être, tout le temps que l’être juif est? Comment pourrait-il s’affranchir de ce commandement infernal du lui ou moi s’il n’apprend pas l’altérité et le respect de l’Autre? Comment retrouver la quiétude tout le temps qu’il ne trouve pas en son sein la force de se réinventer pour enfin cesser d’être en guerre avec lui-même et, donc, avec le monde?
Écoutons Mohamed Sifaoui dans un article de 2015 je pense, intitulé « Les « Arabes » ne visitent pas Auschwitz »: « J’ai honte pour ces sociétés abreuvées par la culture de l’indifférence quand elles ne sont pas nourries à la mamelle de la haine antisémite… Quand le Juif, « cet être si détestable », n’inspire pas le mépris, il suscite la haine. C’est presque culturel. Une conséquence directe de quasiment quatorze siècles de judéophobie musulmane, de deux siècles d’antisémitisme islamiste, salafiste ou wahhabite, de près d’un siècle de haine inspirée par les Frères musulmans, et de près de 70 ans de discours dits « antisionistes » inspirés par les nationalistes nassériens ou par les extrême-gauches… Dans les pays « arabo-musulmans », … la surenchère victimaire est une ligne de conduite. Dans ces pays, une large partie de la population n’aime pas le juif. Et pour haïr le juif, tous les prétextes sont bons.
Comment, dans ces conditions, croire encore que l’opposition à Israël repose sur un différend foncier dans lequel on a cyniquement rhabillé un conflit aux racines hélas bien plus profondes et inextirpables pour mieux le « vendre » ?
Comment dans ces conditions, le monde pourrait-il voir dans le retour des Juifs à Sion ce qu’il est pourtant, une mise en ordre du monde, une réparation du monde?
C’est là pourtant, me semble-t-il, dans cette dimension mystérieuse qui questionne les ressorts les plus enfouis de l’âme, que se niche le cœur de cette passion qu’attise cet Etat et qui met le monde à l’envers.
C’est là le cœur de cette passion qu’attise un Etat juif si semblable aux autres en apparence et si différent dans ses réalités physiques, ethniques, géographiques, politiques, si insaisissable dans sa diversité culturelle, si troublant dans son tissage intime de vulgarité et de noblesse, de familiarité et de rudesse, d’idéalisme et de réalisme, quelque chose qui échappe à l’entendement des choses du monde et au pouvoir des hommes sur les choses du monde.
Et quel rôle jouent-ils dans cette mauvaise pièce, ces Arabes baptisés Palestiniens dans l’eau bénite soviétique et consacrés nouveaux juifs, pour mieux diaboliser ceux dont ils ont ainsi ravi l’identité, le langage, les codes et les mythes fondateurs, quel rôle jouent-ils dans l’inconscient collectif pour qu’ils soient à ce point intouchables, « inquestionnables », même quand ils tiennent les pires discours et commettent les pires exactions dont ils glorifient les auteurs?
Quel rôle joue à cet égard le piège de la pureté morale qui, entre autres travers, méprise et rejette tout recours à la force parce qu’elle serait, la force, l’instrument du diable, tout spécialement quand Israël y recourt?
Quel rôle joue donc le piège du narcissisme et cette conviction qu’il inspire, d’être si moralement supérieur qu’il prend les traits de l’arrogance, arrogance d’en savoir plus que le gouvernement israélien quand il n’est pas du « bon bord », ou que les citoyens israéliens quand ils votent « mal »?
Quel rôle joue ce piège qui, en dépit des échecs patents des offres israéliennes de règlement rejetées de 2000 et 2008 et du retrait unilatéral de Gaza en 2005, fait encore penser qu’il faut persévérer dans la même voie? Que de mêmes causes finiront par produire d’autres effets, là où le massacre obscène du 7 octobre devrait plus conforter le surcroît légitime de circonspection d’Israël que cette indécente urgence impérieuse que cherche à lui imposer la communauté internationale de souscrire à la prétendue « Solution à 2 États »? La bacchanale hallucinée du 7 octobre témoignerait-elle plus et mieux de l’urgence de leur quête et justifierait-elle qu’on la récompense de ce prix? Après un pogrom qui a une nouvelle fois illustré tragiquement qu’Israël n’est pas la cause d’une dispute territoriale, mais le protagoniste enrôlé de force dans le plus irréductible des conflits de civilisations?
La « Solution à 2 États, après qu’un peuple radieux, triomphant, réjoui et exalté a applaudi à la « bravoure » des génocidaires, un peuple ravi, rayonnant, allègre et béat qui est descendu dans la rue, a baisé le sol les yeux étincelants d’extase, dansé de joie infatigable et distribué à ses enfants caramels, bonbons et chocolats?
Après un génocide barbare qui illustre que ce qui sépare ces deux peuples qu’une géographie et une histoire malheureuses condamnent au voisinage, c’est le poids de ces caramels, le goût de ces bonbons, le fondant de ces chocolats?
Après les éventrements, les décapitations, les bûchers d’enfants vivants, les démembrements, les viols, les femmes profanées aux organes génitaux mutilés et assassinées d’une balle dans la tête ou dans leur entre-jambe, l’enlèvement de 250 innocents, femmes, hommes, vieillards, rescapés de la Shoah, enfants, nourrissons, quand ce sont ces caramels qui mesurent le gouffre qui sépare Israël de ces barbares, ces chocolats qui plombent l’horizon politique, ces bonbons qui sont l’essence même du conflit?
Quel rôle joue ce piège qui fait encore penser à certains que la seule bonne volonté de l’Etat juif de se dépouiller de territoires conquis au terme d’une guerre préemptive de survie peut mettre un terme à ce conflit, qu’un abandon de territoires en Judée Samarie incitera le Hamas et le Fatah à renoncer d’y continuer leur guerre sans merci contre Israël, que ces mêmes abandons apaiseront la haine du Hezbollah et celle de son patron iranien pour qui l’annihilation d’Israël est une égale raison d’être?
Quel rôle joue donc ce piège qui alimente l’illusion que les mots ont le pouvoir d’arrêter les balles et que des discours moralisateurs peuvent passer pour une politique avisée et que, en comprenant le point de vue arabe et palestinien sans les obliger symétriquement à tenir compte du point de vue israélien, le premier va en retour baisser ses armes et cesser de combattre le second?
Un mystère, en somme, que cet Etat bâti dans un moule unique et avec une glaise unique; un mystère et, donc, une passion, des passions.
Que ces passions mobilisent autant les intellectuels, les politiques, les médias, les mouvements associatifs, quand tant d’autres États, nations ou peuples souffrent d’indifférence et d’ignorance plus encore que de leurs maux propres est, à mes yeux, le premier des paradoxes dont l’étude remplirait, à elle seule, toute une bibliothèque.
Que cet Etat soit perçu comme la clé de voûte du monde, le lieu magique où on disserterait le mieux de la condition humaine, le champ de bataille fantasmé où la paix ferait le mieux la guerre à la guerre et où la guerre ferait le mieux la guerre à la paix entre les hommes, alors qu’au-delà des frontières de cet Etat-confetti, les guerres ensanglantes et déchirent des peuples entiers dans l’indifférence parce qu’un protagoniste y manque pour qu’on s’intéresse enfin à leurs victimes, tout cela ne témoigne-t-il pas de ce paradoxe, d’une interrogation troublante?
Pourquoi une telle passion pour les méfaits, imperfections, carences, approximations, réels et supposés, d’une petite nation d’à peine une dizaine de millions de citoyens habitant une surface aussi dérisoire que 22.000 km2, et un désintérêt sinon un dédain aussi marqué pour ses accomplissements, humains ou technologiques?
Pourquoi le droit à la légitime défense commande-t-il un examen aussi sourcilleux et une exigence aussi irréductible quand il est exercé par Israël et aussi peu d’attention quand il est le fait, non de dictateurs ou de satrapes, mais d’autres démocraties « bien sous tous rapports »?
Qu’est-ce qui se joue là, en somme, de soi-même, de son passé, de ses pulsions, de sa vision du monde, pour que quelques-uns y regardent avec tant d’admiration et tant d’autres avec tant d’aigreur, et que, sur la représentation de cet Etat, on se construise et on construise autant d’idées reçues?
Quel nouveau livre, qui viendrait grossir cette bibliothèque qui n’en finit pas de se remplir, faudra-t-il encore écrire sur cette obsession d’Israël, pour enfin dynamiter les idées reçues sur ce pays?
Quelle voix pour faire entendre sa capacité à rester une démocratie – certes imparfaite – dans une interminable tourmente, à éviter – globalement – le piège de l’Etat militariste ou celui de la dérive théocratique, à façonner une armée qui intègre socialement ses membres et qui – peu ou prou là aussi – est toujours celle du peuple, tout en continuant d’accueillir tout Juif qui le désire?
Quelles paroles pour enfin en finir avec cet examen périodique au terme duquel une attestation d’imperfection tolérable et un certificat – tout provisoire, s’entend – de légitimité lui est délivré là où, n’en doutez pas, tant d’autres sinon tous ses procureurs échoueraient lamentablement s’ils versaient dans la même situation?
N’est-elle pas là, l’idée reçue la plus difficile à extirper: celle qu’Israël, et Israël seul, doive répondre en permanence de sa légitimité quand il fournit depuis 75 ans déjà la moins imparfaite des réponses?
Cette idée reçue qui fait qu’Israël n’a de légitimité que s’il reste parfaitement irrépréhensible dans sa lutte pour la survie; cette autre qui suggère qu’Israël, et Israël seul, devrait – mais oui, pourquoi pas – renoncer à son droit à l’autodétermination au motif que son exercice l’a exposé et l’expose en permanence au risque de faire le mal, et qu’il n’y a donc pour les Juifs de vertu et donc de place que dans l’impuissance de l’exil; cette autre encore qui veut que ce modèle de l’Etat-Nation auquel s’accroche obstinément Israël est désormais anachronique puisque, dans sa sagesse, sa générosité et sa moralité infinies, l’Europe y a renoncé et abandonné toute référence à ses racines chrétiennes dans le projet de Constitution européenne, pour mieux se diluer dans une identité réduite aux acquêts annonciatrice des désastres de demain.
Cette autre enfin qui fait que nul ne s’aviserait de remettre en cause la légitimité de l’Allemagne même après la Shoah, celle de la France, de la Grande-Bretagne, de la Belgique, du Portugal ou de l’Italie même après leurs incartades coloniales aux quatre coins de la planète, celle de la Turquie même après le génocide des Arméniens qu’elle nie encore impudemment et impunément, celle de l’Espagne même après l’Inquisition et ses massacres sud-américains, celle des Etats-Unis d’Amérique et de l’Australie même après le sort réservé aux Amérindiens et aux Aborigènes.
Mais une suspicion en illégitimité pour ce seul Etat d’Israël donc, dont il convient de réexaminer périodiquement les agissements, à l’instar du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies qui lui réserve un chapitre exclusif et récurrent et, apothéose dans ce théâtre de l’absurde, cette saisine de la CIJ par un improbable procureur où Israël, victime d’un génocide réel et revendiqué par ses auteurs, doit se défendre d’une accusation de génocide.
Serait-ce alors que la langue contemporaine de la question palestinienne sert désormais à entretenir l’éternelle question juive et son prolongement national?
Mérite-t-il, Israël de subir cet examen de maturité en démocratie, mérite-t-il de devoir inlassablement se défendre d’une tentation inavouée du monde de le mettre sous tutelle, et d’en faire une sorte de réserve d’Indiens High-tech?
Ne mérite-t-il pas en somme, cet Etat, qu’on le regarde enfin sans lunettes roses ou noires, non comme un Etat que ne tente pas le mal et qui, inévitablement, y cède parfois, mais comme un pays qui, fort de l’histoire et de l’écho d’un enseignement qui irrigue inconsciemment l’âme et le cœur de celles et ceux qui le peuplent, s’en garde bien moins mal que les autres et qui, en tous cas, s’en demande plus de comptes?
Et en définitive, n’est-ce pas ça, ça précisément, qui met la tête du monde à l’envers ?
Qui, alors, dans ce monde à l’envers, dira aux Palestiniens qu’ils ne peuvent vaincre Israël ?
Qui leur dira que les bercer de ce rêve impossible est un crime qu’ils laissent commettre en leur nom et à leurs dépens ?
Qui accusera les vendeurs d’illusions du Fatah et du Hamas des horreurs perpétrées contre des Israéliens, mais aussi de celles condamnant une population palestinienne toute entière à une aventure mortifère sans issue ?
Qui dira à leurs chefs, à ceux d’hier comme à ceux d’aujourd’hui, qu’entraîner un peuple à livrer une guerre qu’ils savent ne pas pouvoir gagner est autant une agression contre la cause qu’ils prétendent incarner, que contre leurs ennemis ?
Qui mettra leurs enfants au lit avec d’autres rêves dans la tête que celui de jeter les Juifs à la mer ?
Qui les délivrera de ces marchands de mauvais sommeil dont ils émergent toujours meurtris, blessés et inévitablement humiliés en se découvrant les bras levés au ciel en signe de reddition, vêtus seulement de savates et de sous-vêtements parce que leurs chemises ont tant de fois dissimulé une ceinture assassine ?
Qui de la communauté internationale s’acquittera enfin de ce devoir de vérité et dira aux Palestiniens que le temps des chimères et des fantasmes est révolu ?
Qui leur dira publiquement et humblement l’absurdité et l’irréalisme criminels de cette fable du « retour des réfugiés » en Israël, mais seulement chez eux, en Palestine, une fois seulement qu’ils se seront débarrassés de ces fous qu’ils ont pourtant voulus pour guides et, surtout, surtout, qu’ils auront apporté la preuve qu’ils en sont dignes?
Qui leur dira l’incongruité et l’indécence d’exhumer la prétendue « Solution à 2 États » maintenant, comme si la bacchanale hallucinée du 7 octobre témoignait plus et mieux de l’urgence de leur quête et justifiait qu’on la récompense de ce prix?
Qui dénoncera ce prétendu organisme humanitaire de l’UNRWA, généreusement financé par l’UE et les EU, qui reconnaît aux Palestiniens un statut de réfugié étendu, pour eux seulement, à leurs descendants et enseigne à des générations d’enfants à haïr le Juif?
Qui confessera avoir, dès 1949, conçu à dessein cette machine de guerre idéologique qui, conjuguée à l’apartheid imposé par les pays « frères » à ces « exilés » installés chez eux pendant des décennies et à la corruption des parrains de la Cause, allait plus tard questionner, dans le silence complice des Nations, la légitimité de l’Etat d’Israël et installer les Palestiniens dans la rage et la folie collectives ?
Qui révélera que cette population souffre moins de la prétendue occupation que d’une gestion mafieuse et criminelle des aides très généreusement allouées depuis des décennies à des voyous et des assassins incrédules et ravis du sot aveuglement de leurs bailleurs de fonds ?
Qui confondra les despotes et autocrates du monde arabe qui usent de l’« occupation de la Palestine » pour reporter à un lendemain toujours déçu l’ombre des premières ébauches de réformes chez eux, et priver leurs sujets de la lueur ténue d’une perspective qui les désespérerait moins de leurs vies volées et de leurs intelligences confisquées ?
Qui énoncera, sans craindre d’être accusé du crime de « lèse-multiculturalité », que le problème de l’Islam, dévoyé dans les territoires sous administration palestinienne et trop souvent ailleurs dans le monde arabe et musulman, c’est qu’il fabrique une prison physique et mentale de laquelle ses prisonniers ne peuvent s’échapper que par la violence et la condamnation contre tout ce qui est présenté par ses geôliers comme responsable de leur enfermement ?
Qui s’accusera d’avoir expliqué, justifié et financé cette éducation à l’amour de la haine et à l’exaltation de la mort ?
Qui, avec Voltaire, dira aux Palestiniens que « Nul n’a le privilège de toujours se tromper » ?
Qui leur dira, dans les mots d’Amos Oz, que « Une grande partie du monde arabe et, au-delà, musulman, semble ne pas avoir encore somatisé l’insulte et la blessure narcissique qu’est pour lui la création d’Israël il y a 75 ans, et qu’Israël est encore, pour nombre de ses voisins, la funeste apothéose de siècles d’humiliations et de régression ».
Qui dira aux Palestiniens qu’ils n’ont pas d’autre plus urgent devoir que de refuser d’endosser plus longtemps cette blessure narcissique d’un monde arabe à l’identité trop fragile pour s’accommoder d’une minuscule souveraineté juive dans une océanique géographie musulmane ?
Qui dira que le malheur palestinien d’hier et d’aujourd’hui est plus insupportable à Israël qu’aux innombrables faux amis d’une cause qu’ils ont, par lâcheté, calcul ou haine inavouable, largement contribué à dévoyer ?
Qui donc les débarrassera enfin de ces mauvais maîtres et méchants amis qui les empêchent de grandir, de parler doucement et de sourire ?
Oui, qui dira la vérité aujourd’hui pour que règne demain la justice et féconde enfin la paix?
En attendant ces paroles salvatrices, je laisse le mot de la fin de mon exposé à l’un des personnages du romancier américain Philip Roth: « Je ne cherche pas l’approbation du monde des Gentils. Moi, l’approbation du Gentil, je m’en fiche. Ce qui m’intéresse, c’est la survie des Juifs. Et si le prix à payer, c’est la mauvaise réputation, eh bien, tant pis. La mauvaise réputation, on l’aura de toute façon et c’est bien moins lourd que ce qu’on paie depuis que le monde est monde ».
Le reste est littérature.
© Isaac Franco – 31.01.2024
Excellent texte qui met un doigt puissant sur les ressorts de l antijudaisme
Superbe .
Merci.
Am Israël Chaï
Nombres d arguments, hormis la religions, ressemblent à la construction de l Algerie Française, populations issues de cultures et religions différentes, pauvreté des premiers migrants, antisémitisme, construction en moins de 100ans d un Pays ultra moderne, population soudée par une envie de vivre et de joies,puis revendication territoriale, horribles exactions inhumaines et malheureusement la valise ou le cercueil, et départs vers d autres horizon, heureusement et l on souhaite ardemment que la comparaison s arrêtera là