Liliane Messika. La guerre caritative

Lorsque des preuves irréfutables ont été apportées que des employés de l’UNRWA avaient participé aux massacres du 7 octobre 2023, un certain nombre de pays a décidé d’arrêter de subventionner cette fabrique de réfugiés.

Qu’est-ce que l’UNRWA, exactement ?

Il existe deux sortes de réfugiés sur notre planète : les réfugiés tout court et les réfugiés palestiniens, pour qui l’UNRWA (Agence des Nations-unies pour le soutien et les œuvres au bénéfice des réfugiés de Palestine) a été créée en 1949. 

Elle porte bien mal son nom puisque, à l’époque, ceux qu’on appelait « les Palestiniens » étaient les Juifs vivant sur ce territoire de 100 000 km2 sur lequel  l’ONU avait donné mandat à la Grande-Bretagne de faciliter la création d’un Foyer national juif. 

Passons sur le fait que la perfide Albion s’était empressée d’en soustraire 77% pour payer une dette de guerre qu’avait contractée l’Anglais Lawrence d’Arabie auprès de la tribu Hachémite pendant la première guerre mondiale. Churchill, qui était alors ministre des colonies s’en était vanté dans ses mémoires : « un dimanche après-midi, au Caire, d’un trait de plume, j’ai créé la Transjordanie »[1].

Qu’à cela ne tienne ! Les 23 % restants seraient partagés entre les Juifs et ceux des Arabes de Palestine absents de Transjordanie, État arabe de Palestine.0. Le lendemain de la proclamation d’indépendance du nouvel État d’Israël, le 14 mai 1948, la Syrie, le Liban, l’Irak, l’Égypte et la Transjordanie l’attaquèrent. Ces pays demandèrent à leurs « frères » de venir chez eux le temps qu’ils livrent contre les Juifs « une guerre d’extermination et un massacre considérable dont on parlera comme du massacre mongol et des croisades »[2].

Sur les 750 000 Arabes de Palestine recensés par les Anglais, 156 000 restèrent sur place. Ils sont aujourd’hui 2,1 millions de citoyens israéliens. Les 600 000 autres devinrent les « réfugiés palestiniens » pour qui fut créée l’UNWRA.

Le HCR et l’UNRWA, cépapareil !

Les conditions de l’UNRWA pour obtenir le statut de réfugié sont beaucoup plus laxistes que celles du droit commun et elles ne comportent aucune des limites qui s’appliquent aux réfugiés lambda. De surcroît, elles définissent un statut héréditaire sans limitation de durée. 

La mission du Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR) est de réinstaller ses protégés au plus vite, afin d’en diminuer le nombre et de pouvoir passer aux victimes d’autres conflits ou d’autres catastrophes, alors que l’UNRWA cherche à multiplier les siens, afin de justifier son existence et ses revenus.

Pour le HCR un réfugié est une personne « qui, par suite d’événements survenus avant le 1er janvier 1951 et craignant avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays ».[3]

Pour l’UNRWA, un réfugié palestinien est une personne (de quelque nationalité qu’elle soit, NDLA) « dont la résidence normale était la Palestine pendant la période du 1er juin 1946 au 15 mai 1948, et qui ont perdu leur foyer et leurs moyens de subsistance à la suite du conflit de 1948. Les descendants de Palestiniens mâles, y compris les enfants légalement adoptés, sont également concernés. … Lorsque l’Office a commencé ses opérations en 1950, il répondait aux besoins de quelque 750 000 réfugiés palestiniens. Au 31 décembre 2022, 5 900 000 réfugiés palestiniens sont admissibles aux services de l’UNRWA ».[4]

Le statut de réfugié tout court possède des limites: « Cette Convention cessera, dans les cas ci-après, d’être applicable à toute personne visée par les dispositions de la section A ci-dessus : 1) Si elle s’est volontairement réclamée à nouveau de la protection du pays dont elle a la nationalité ; ou 2) Si, ayant perdu sa nationalité, elle l’a volontairement recouvrée ; ou 3) Si elle a acquis une nouvelle nationalité et jouit de la protection du pays dont elle a acquis la nationalité ; ou 4) Si elle est retournée volontairement s’établir dans le pays qu’elle a quitté ou hors duquel elle est demeurée de crainte d’être persécutée » et des contraintes : « Les dispositions de cette Convention ne seront pas applicables aux personnes dont on aura des raisons sérieuses de penser : a) qu’elles ont commis un crime contre la paix, un crime de guerre ou un crime contre l’humanité, au sens des instruments internationaux élaborés pour prévoir des dispositions relatives à ces crimes; b) qu’elles ont commis un crime grave de droit commun en dehors du pays d’accueil avant d’y être admises comme réfugiées ; c) qu’elles se sont rendues coupables d’agissements contraires aux buts et aux principes des Nations Unies. »

Le statut de réfugié palestinien n’a ni limite (il est héréditaire sans limite de temps) ni contrainte (il est acquis à la naissance une fois pour toutes, quels que soient les crimes ou délits du titulaire). Le titulaire peut être la troisième génération née au Canada, il est fondé à réclamer le statut de « réfugié palestinien».

Le HCR diminue le nombre de ses réfugiés, l’UNRWA multiplie les siens

Le Haut-Commissariat aux réfugiés a pour mission de faire quitter à ses usagers le statut de réfugié, soit en les rapatriant, si c’est possible, soit en les aidant à se réinstaller dans des pays d’accueil. Depuis 1945, le HCR a procédé ainsi pour la totalité des « plus de vingt millions de personnes dispersées à travers l’Europe »[5]Parmi les réfugiés qui bénéficient de ses prestations aujourd’hui, pas un seul n’appartient à cette génération, ni à leurs descendants, puisque le statut n’est pas héréditaire.

La mission de l’UNRWA n’est pas de permettre aux réfugiés palestiniens de refaire leur vie. Elle est de subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs descendants jusqu’à … la fin des temps. 

Cela explique que de 600 000 (et non 750 000 comme le prétend l’organisation car 

750 000–156 000=594 000), en 1949 le nombre de ses obligés, au 1er janvier 2023, soit passé de 5 900 000, soit une multiplication par 10 tout  rond.

Par comparaison, entre 1945 (40,3 millions) et 2023 (68 millions) la population française a été multipliée par 1,68.

« Il n’y a pas d’alternative au travail de l’UNRWA à Gaza ». Vraiment ?

« Il n’y a pas d’alternative au travail de l’UNRWA à Gaza » a prêché pour sa chapelle la Coordinatrice humanitaire principale de l’UNRWA.

Au quotidien, l’UNRWA prend en charge tous les besoins des Palestiniens dont le soin est normalement dévolu à l’État : santé, éducation, logement, services sociaux, etc. C’est aussi elle qui salarie les fonctionnaires, alors que, rappelons-le, il existe, aussi bien à Gaza qu’en Cisjordanie, des gouvernements palestiniens avec un ministère de la santé, un ministère du logement, un ministère de l’éducation, etc. qui administrent 40% des Palestiniens.

40 autres pour cent sont Jordaniens : ils sont citoyens du premier État arabe créé sur le sol de la Palestine mandataire (les 100 000 km2 que Churchill a soustraits en 1922 au territoire sur lequel la Grande Bretagne venait de recevoir mandat de l’ONU pour faciliter la création d’un Foyer national juif).

Il y a une alternative évidente à l’UNRWA : elle s’appelle Haut-Commissariat aux réfugiés. Mais le HCR subvient a minima aux besoins des réfugiés dans l’urgence, il ne les chouchoute pas sur le temps long comme le fait l’UNRWA. D’ailleurs, si les critères du HCR étaient appliqués à l’UNRWA, celle-ci aurait, au grand maximum, 30 000 récipiendaires[6].

Les budgets annuels du HCR sont inclus dans le budget de l’ONU, alors que ceux de l’UNRWA sont financés par des donateurs, qui subventionnent l’ONU par ailleurs : « Les Etats-Unis, le Royaume-Uni et les pays européens font partie des bailleurs historiques de l’UNRWA. Washington est le premier donateur (343 millions de dollars en 2022, 317 millions d’euros), suivi par l’Allemagne et l’Union européenne (114 millions de dollars en 2022, 105 millions d’euros). Très loin derrière, la Chine a versé 1 million de dollars en 2022 (930 000 euros, et la Russie, 2 millions (1,85 million d’euros). Renouvelé tous les trois ans par l’Assemblée générale de l’ONU, le mandat de l’UNRWA a été reconduit en 2022.[7] »

Une des lignes incompressibles du budget de l’Autorité palestinienne est le salaire des terroristes, qui est indexé sur leur temps de prison, lequel est proportionnel au nombre de leurs victimes.

Ce qui va sans dire va encore mieux en le précisant, il n’y a aucune ligne du budget du HCR qui rémunère les terroristes, puisque les crimes et délits sont des conditions d’exclusion de cet organisme. Alors pourquoi l’Union européenne veut-elle se substituer aux pays qui refusent désormais de subventionner le doublon du HCR ?

Le ministre des Affaires étrangères de l’UE prend fait et cause pour l’UNRWA

Josep Borrell a « déclaré dimanche lors d’une audience à huis clos à Bruxelles qu’Israël n’avait pas présenté de preuves solides de l’implication de l’UNRWA dans les attaques du 7 octobre. « Il s’agit d’une campagne israélienne et d’une tentative de ‘tuer’ l’agence. L’Union européenne ne doit pas coopérer avec cela », a-t-il affirmé.[8] »

Apparemment, il en sait plus que la CIA, la DGSE et le Mossad réunis. Il en sait plus que l’Allemagne, l’Autriche, la Hongrie, la République tchèque et la Roumanie, qui prennent les preuves au sérieux.

Et pour montrer la belle foi de son soutien inconditionnel au versement du fromage au renard palestinien, il a invité le secrétaire général de l’agence, Philippe Lazzarini à participer à la prochaine réunion des ministres du développement de l’Union européenne. 

Le développement de l’Union européenne serait peut-être plus dynamique s’il ne subventionnait pas des mouvements terroristes dont les dirigeants sont crédités par le magazine  Forbes de fortunes à neuf zéros[9]

© Liliane Messika


Notes

[1] www.lorientlejour.com/article/1258150/les-cent-ans-dun-improbable-royaume-i.html

[2] https://www.meforum.org/3082/azzam-genocide-threat

[3] www.unhcr.org/fr/media/convention-et-protocole-relatifs-au-statut-des-refugies

[4] www.unrwa.org/palestine-refugees

[5] https://ehne.fr/fr/encyclopedie/th%C3%A9matiques/guerres-traces-m%C3%A9moires/d%C3%A9placements-en-temps-de-guerre/les-personnes-d%C3%A9plac%C3%A9es-au-sortir-de-la-seconde-guerre-mondiale

[6] https://fr.timesofisrael.com/selon-les-criteres-du-hcr-des-millions-de-palestiniens-ne-sont-pas-des-refugies/

[7] www.lemonde.fr/international/article/2024/01/31/unrwa-qui-finance-l-agence-des-nations-unies-dediee-aux-refugies-palestiniens-aujourd-hui-en-pleine-tourmente_6213937_3210.html

[8] www.i24news.tv/fr/actu/international/europe/1707138951-l-union-europeenne-envisage-d-augmenter-sa-contribution-financiere-a-l-unrwa

[9] https://www.forbes.com/sites/forbesinternational/2018/01/24/the-richest-terror-organizations-in-the-world/


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