C’est bien pire 5 ans après

“Curieusement je mets à lire ce texte et je me dis que c’est bien pire 5 ans après. Le 7 octobre nous les juifs du monde nos vies ont basculé. Que dire après ce pogrom J.U.I.F.? En ce qui me concerne ça a pris tout son sens d’une force inouïe. Encore plus pugnace et déterminée. (Je lis “se souvenir ensemble” d’Evelyne Askolovitch et de son fils)

Robert Mauss: Que se passe-t-il, Claude Askolovitch?

“Que se passe-t-il Claude ?  Ce matin comme souvent, j’écoute la revue de presse tenue par le fort brillant Claude Askolovitch sur France Inter.

Au menu, un assassinat qui bouleaverse l’Allemagne et menace la chancelière Merkel. Suzanne Feldman avait 14 ans. Elle a été tuée par un migrant irakien.

Ta parole, Claude est lyrique, émouvante et bouleversante.

Sauf que voilà, tu as juste oublié de nous expliquer la cause du meurtre de la jeune Suzanne.

Tu aurais pu dire aux auditeurs que la jeune fille a été violée avant d’être massacrée.

Alors, Claude, comme il ne fallait pas compter sur toi pour l’apprendre, je complète ta chronique. Tu permets ? Oui ?  Non ? Tu ne dis rien ? Je m’en fous.

Suzanne Feldman a été assassinée parce qu’elle était JUIVE. Oui, Claude : J.U.I.V.E Tu m’entends ? Oui ? Non ? Je m’en fous.

Non d’ailleurs je ne m’en fous pas. J’ai adoré travaillé avec ton père dans ma jeunesse. Je lui commettais des articles qu’il passait in extenso dans ‘L’Arche’. Et moi j’étais fier de satisfaire Roger que je considérais comme un journaliste important. Et puis dans mes chères Batignolles, je croise souvent ta mère, Evelyne, qui vient de nous commettre un ouvrage déchirant sur la déportation des enfants juifs.

Alors, Claude, que se passe-t-il ? Que t’arrive-t-il ? De quoi as-tu peur ? Que l’on confonde tous les migrants arabes et musulmans ? Que ce crime ait des conséquences pires que les actes de Merah et sa clique ? Que j’oublie mes potes Reubeus par la faute d’une vermine délirante ??? Que le Maroc, le pays de ma mère, ne soit plus dans mon coeur ??

Ce qui me fait peur, Claude, c’est qu’à force de pousser la vérité, comme la poussière, sous le tapis, elle nous revienne tellement fort que plus personne ne contrôle plus rien.  Je te jure que j’en tremble”.

© Mira Diny © Robert Mauss