Charles Rojzman. Les monstres sont parmi nous

Les monstres sont parmi nous

Une fois de plus, le Malien au poignard de la Gare de Lyon est avant tout examen psychiatrique qualifié de déséquilibré. Comme tant d’autres avant lui et probablement après lui. L’adolescent de seize ans qui avait poignardé à mort son enseignante du collège de Saint jean de Luz avait été lui aussi qualifié de déséquilibré. Il aurait été atteint de troubles psychiatriques et aurait entendu des voix lui enjoignant de tuer. Comme l’assassin de Sarah Halimi, comme la meurtrière de la petite Lola. Leur discernement a-t-il été aboli au moment de l’acte abominable ? Quelle que soit la réponse donnée par les experts psychiatres, ils auront tort. La science a ses limites et les experts ne disent pas toute la science. Comme le disait Shakespeare : « Il y a plus de choses dans le ciel et sur la terre, Horatio, que n’en rêve votre philosophie ».

La notion d’abolition du discernement disparaît lorsque la folie devient collective. La haine raciale ou l’antisémitisme ne sont plus du domaine de la folie telle qu’elle est définie dans les manuels de psychiatrie.

Attentat de Nice : des dizaines de morts. Des gamins filment avec leur smartphones l’agonie des blessés, fouillent les poches des cadavres, et clament : « Onn l’a fait, on l’a fait ! »

Ces enfants sont-ils déséquilibrés, leur discernement est-il aboli au moment de ces actes et de ces paroles ou sont-ils de futurs enfants-soldats comme en Palestine ?

Lorsque la folie devient collective, en temps de guerre civile par exemple, n’importe qui peut commettre l’acte le monstrueux. Les motivations importent peu alors : tout est bon pour nourrir la soif du mal.

Au Rwanda, pendant le génocide, des meurtres atroces ont été commis par des voisins sur des voisins, des enfants sur des parents, des enseignants sur leurs élèves, des prêtres sur leurs ouailles.

En temps de guerre civile, on fracasse les bébés contre les murs, on brûle vivants des hommes, des femmes, des enfants dans des églises des synagogues, on fait exploser en Afghanistan ou en Irak des mosquées ou des écoles en tuant, en mutilant des dizaines de compatriotes parce qu’ils sont chiites. Au Congo des milices tuent sans pitié et violent des femmes, des enfants, et même des hommes devant leur famille. On mange le foie et le cœur de l’ennemi. On boit son sang. Au Rwanda des voisins venaient égorger, éventrer la femme enceinte, arracher les entrailles d’une vieille grand-mère. Ces gens étaient -ils tous des déséquilibrés ?

L’assassinat de l’enseignante, la mort atroce de Lola, comme l’égorgement dans son église du père Hamel, la décapitation dans la rue de Samuel Paty ou la balle dans la tête de Myriam Monsenego, l’enfant saisie par les cheveux par Merah à l’école Hazor Hatora sonnent le glas de notre confort de civilisés. Nous ne savions plus de quoi est capable l’être humain. Or, il va falloir le savoir très vite et ne pas se tromper de diagnostic, psychiatrique ou pas, faute de quoi nous revivrons l’horreur.

S’y habituer ? Personnellement, je ne m’y habituerai jamais, alors même que j’ai été plongé dans mon enfance dans ces abimes de sang et de larmes. Au Rwanda , j’ai parlé pendant des heures en prison avec les planificateurs du génocide : des professeurs, psychologues, prêtres, tous gens fort civils, aimables, avenants. Au Rwanda, il y avait les théoriciens du génocide et les praticiens du génocide, ces exécutants qui partaient avec leurs machettes dans les marais et les collines chasser le voisin, le frère, la mère, l’enfant et le vieillard. Des hommes ordinaires, paysans ou des commerçants, tout comme ces pères de familles de Hambourg dont parle Christopher Browning dans son livre « Des hommes ordinaires ». L’ennemi, pour eux, ce sont des cloportes, des serpents, des rats, mais l’ennemi peut être aussi une petite fille blonde aux yeux bleus.

Dans ce temps de folie collective, quand le respect de la vie humaine ne compte plus, Dahbia la meurtrière est une jeune femme ordinaire, qui s’exhibe sur Tik Tok. L’adolescent de 16 ans est un élève d’un collège privé qui avait un couteau dans sa poche.

Leurs actes ne sont pas ceux de fous, même si les experts le décident, même si, comme le meurtrier de Sarah Halimi, ils seront enfermés dans un établissement psychiatrique.

© Charles Rojzman

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6 Comments

  1. LES COUPS DE COUTEAUX

    Vague de déséquilibrés en France; ou quand un régime fait le choix d’abandonner ses devoirs régaliens, il lui faut psychiatriser les criminels pour ne pas avoir à reconnaître son renoncement à assurer la protection de ses citoyens.

  2. Quand la folie est contagieuse, il est peut-être temps de se réveiller et de se poser des questions. Le prétendu « fou » de la Gare de Lyon était tout de même suivi par plus de 40 000 abonnés !
    Je crois – et cela n’engage que moi – que certains ont bien compris qu’en France, être considéré comme fou était un passeport pour une totale impunité y compris pour les meurtres de haine raciste.
    Comment passer pour fou ? Je crains que ce ne soit pas si difficile que cela …
    On peut constater que certains des fous aux intentions meurtrières qui se sont multipliés dans une récente actualité étaient en fait très bien organisés. Surprenant tout de même de la part de quelqu’un qui a perdu toute raison.

    • Chère @Carole. Le pouvoir, les médias et les associations sont parfaitement au courant. Il s’agit ni plus ni moins de dissimulation de crimes racistes.
      Des affaires Sarah Halimi, il y en a plein. Avez-vous entendu parler du quadruple viol d’une femme blanche également torturée dans la ville de Mr Valls en 2017. Il s’agissait d’un crime raciste, mais la version officielle a « oublié » de mentionner ce « détail ».
      La LICRA et SOS racisme ont beaucoup de sales affaires dans
      leurs tiroirs, et j’espère qu’un jour la vérité sera dite.
      En France comme aux Royaume Désuni, aux USSA et de nombreux pays africains ou arabes, nous vivons dans un régime pratiquant un racisme (inversé) d’État. Où La lutte des « races » est érigée en idéologie d’Etat.
      Politiquement, cela porte un nom : le fascisme.

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