
Dès le 15 novembre dernier, à peine plus d’un mois après le cataclysme qui frappa Israël le 7 octobre 2023 et alors que le pays était en train de vivre un mouvement de solidarité sans précédent entre, quasiment, tous les secteurs de la société, le chef de l’opposition de gauche (de centre gauche diront certains), M. Yair Lapid, demandait publiquement la démission de l’actuel Premier ministre Benyamin Netanyahou : réaction stupéfiante, totalement irresponsable et inimaginable dans un pays autre qu’Israël (aucun des opposants politiques de George W. Bush n’avait osé demander sa démission après le 11 septembre !).
En fait, quand je pense à mon pays, je me remémore souvent cette phrase de l’ancien ambassadeur des États-Unis en Inde, John Kenneth Galbraith : « L’Inde est une anarchie qui fonctionne ». Eh bien, nous pouvons en dire autant de l’État hébreu tant les différentes composantes du pouvoir sont atomisées et la hiérarchie naturelle non respectée, à tel point que les ordres du premier ministre et du ministre de la défense sont même remis en cause par l’armée, et cela pour des raisons politiques. Même Ehud Barak, alors ministre de gauche de la défense, en avait fait les frais comme il l’a raconté dans une interview donnée au quotidien israélien Yediot Aharonot.
Sauf qu’en Israël, cette situation anarchique ne fonctionne plus et la pire des preuves en est le drame abominable du 7 octobre.
La gauche israélienne n’a donc pu s’empêcher en pleine guerre existentielle de reprendre ses manifestations contre le gouvernement actuel en osant même détourner un slogan réclamant la liberté pour nos otages en un « Libérez Israël de Netanyahou ! »
Les plus grandes manifestations – au moment où j’écris ces lignes- se sont déroulées le samedi 20 janvier à Tel-Aviv, à Césarée (devant la maison de B. Netanyahou) et à Jérusalem.

Le timing n’était pas du tout fortuit puisque quelques jours avant ces énièmes parades obscènes du camp de la gauche, le Premier ministre B. Netanyahou se confrontait directement à Joe Biden et à son administration en rejetant – à raison ! – l’idée de la création d’un « État palestinie » après la guerre, ce qui signerait la fin de l’existence d’Israël…
Joe Biden n’a jamais caché qu’il est légitime, selon-lui, que Washington ait son mot à dire dans les affaires internes d’Israël, et ce, jusqu’à prendre parti officiellement contre la réforme judiciaire enclenchée par la majorité actuelle ! Rappelons que lorsqu’il était Premier ministre, Yair Lapid avait déclaré que sous son mandat, l’Amérique n’aurait jamais de «mauvaises surprises» de la part d’Israël…
Je pense donc sincèrement que l’administration Biden/Blinken soutient et même encourage les manifestations antigouvernementales.
Avant de continuer et de montrer que les États-Unis sont des spécialistes de la déstabilisation des pays qui leur tiennent tête – y compris en Europe – , je voudrais dire ici que malgré les propos que j’entends et que je lis, je ne suis pas du tout un admirateur inconditionnel de B. Netanyahou. Il devra lui aussi rendre des comptes au peuple pour le cataclysme du 7 octobre (lui-même l’a admis), mais de la même manière que TOUS les anciens Premiers ministres de ce pays ( et les responsables de l’armée !) qui n’ont jamais voulu régler le problème du Hamas, ni celui du Hezbollah et encore moins celui de leur parrain , l’abominable République Islamique d’Iran (soutenue par les deux monstres antisémites russes et chinois)!
Je suis un légitimiste et on ne demande jamais en pleine guerre la démission d’un chef de gouvernement élu démocratiquement.
Comme je l’ai écrit supra, j’accuse les Etats-Unis de l’administration démocrate de manipuler l’opposition au gouvernement israélien actuel comme ils l’avaient fait en Serbie lors de l’opération « Otpor » commencée en 1999 lors du conflit en ex-Yougoslavie. Voyez par vous même à quel point des similitudes existent entre cette opération de déstabilisation et de subversion réalisée contre la Serbie et l’acharnement incessant dont a été victime le gouvernement de B. Netanyahou en 2023, qui se solda par la déstabilisation de tout le pays, y compris de Tsahal (nous avons vu le résultat !).
En 1999, après la campagne de bombardement de la Serbie par l’OTAN (qui causa la mort d’environs 500 civils), le gouvernement serbe de Slobodan Milosevic ne voulu toujours pas céder à tous les diktats étasuniens. Qu’à cela ne tienne ! L’administration Clinton avait déjà décidé de changer de stratégie et de se concentrer sur une déstabilisation du pouvoir de l’intérieur. (Yvan Kalezic : « Le mouvement serbe Otpor : une stratégie de subversion »).
Washington avait donc entrepris de financer et d’entraîner un mouvement étudiant serbe créé en 1998 nommé Otpor (Résistance). L’USAID finança l’opération subversive, et la façon de déstabiliser la Serbie s’organisa autour de séminaires dirigés principalement par l’International Republican Institute (proche du parti républicain, il faut bien le dire !) et du National Democratic Institute (prétendant être apolitique mais assez proche du parti démocrate et soutien des « idées libérales »).
La stratégie prévoyait de harceler le pouvoir serbe par le biais d’une résistance non violente. Il n’empêche que c’est un colonel américain à la retraite du nom de Robert Helvey qui allait enseigner les techniques de subversions aux étudiants de l’Otpor lors de séminaires organisés en 2000 à Budapest. Comme l’explique le chercheur Yvan Kalezic dans un article publié sur le site de l’Ecole de Guerre Economique : « Les principes de base du combat non violent sont : l’affaiblissement des piliers du régime que sont l’armée, la police et les médias (…) »
Comparaison n’est pas raison mais – comme par hasard – Israël a vécu en 2023 un évènement totalement inédit et à première vue « improbable » : une grève de milliers de réservistes au sein de certaines unités de Tsahal (Armée de l’air, renseignement, cyber et certaines forces spéciales) ! Prenant pour prétexte la plus que nécessaire et démocratique réforme judiciaire, une hystérie collective s’était alors emparée d’une grande partie de la population israélienne. Des manifestants décidèrent même de bloquer la route menant de Jérusalem à l’aéroport Ben-Gourion afin d’empêcher le Premier ministre Netanyahou de se rendre en visite officielle en Italie ! Des députés de droite se retrouvèrent séquestrés chez eux pour les empêcher d’aller voter (les séditieux bloquèrent les entrées et sorties de leurs résidences), des commandants de bord de la compagnie aérienne nationale El-Al refusèrent de piloter des avions qui devaient transporter B. Netanyahou, une traductrice officielle refusa d’accompagner le Premier ministre lors de ce même voyage en Italie, etc. Tout cela au nom de la « démocratie », bien sûr !
J’avais même vu, lors d’une manifestation antigouvernementale qui se déroulaient à Tel-Aviv, un manifestant brandissant l’étendard des services de renseignements de Tsahal (vous savez, ce service qui n’a rien vu venir des attaques du 7 octobre…) !
L’actuel chef d’état-major, Herzi Halevy, n’avait alors jamais pris aucune mesure contraignante contre les militaires rebelles avec qui – selon ses dires – il préférait « négocier »…
Intelligemment la CIA avait préféré rejeter la faute des actions séditieuses des Israéliens de gauche sur le …Mossad qui aurait été derrière ces manifestations gigantesques. Un rapport « top secret » de la CIA – remis à jour le 1er mars 2023 – faisait état d’une volonté des services secrets extérieurs israéliens « d’encourager des responsables du Mossad et les citoyens d’Israël à protester contre la réforme judiciaire du nouveau gouvernement israélien » dirigé par M. Netanyahou. Il est vrai que l’actuel directeur du Mossad avait osé permettre à ses employés de manifester contre le gouvernement légitimement élu de l’État hébreu ! Avec un édifice sécuritaire sapé de l’intérieur et de l’extérieur, le Hamas pouvait attaquer Israël avec une facilité absolument déconcertante.
L’establishment de gauche avait déjà été utilisé en 2023 – prétextant encore la réforme judiciaire jugée «non démocratique » – pour tenter de faire tomber « le gouvernement le plus à droite de l’histoire d’Israël ».
Les oligarques de la gauche-caviar et leurs soutiens étrangers s’échinent maintenant à faire pression sur M. Netanyahou pour stopper la guerre ou pour faire prévaloir une « solution diplomatique », ce qui dans les deux cas signerait la fin de l’existence d’Israël…
Netanyahou pliera-t-il une fois de plus, comme il l’a fait dans l’Affaire Guilad Shalit, affaire dont les conséquences menèrent aussi aux massacres du 7 octobre ?
© Frédéric Sroussi