La stratégie pour surmonter la crise actuelle au Moyen-Orient soulève de nombreuses questions, notamment en ce qui concerne le rôle de l’Iran dans la région. Il est notable que, malgré les incitations des mollahs, les manifestations en Iran n’ont pas ciblé Israël. Cela suggère que les Iraniens reconnaissent que le régime de Téhéran est une source majeure des problèmes régionaux, y compris dans les conflits armés récents.
L’an dernier, les protestations en Iran ont été marquées par des slogans tels que « Ni Gaza, ni Liban, je sacrifie ma vie pour l’Iran », reflétant une prise de conscience nationale. Jean-Yves Le Drian, ministre français des Affaires étrangères, a même souligné que dans cette guerre, les mollahs semblent être les gagnants stratégiques. Cette situation expose le fait que les guerres sont utilisées par le régime comme un écran de fumée pour dissimuler des répressions internes sans précédent. La population iranienne souffre économiquement à cause de la militarisation et des efforts pour développer l’arme nucléaire, malgré la richesse en ressources minérales du pays.
Depuis quarante ans, l’Iran reste un acteur clé dans la déstabilisation de la région, soutenant divers groupes paramilitaires. En Syrie, au Liban, en Irak et au Yémen, l’Iran a influencé de manière significative les dynamiques politiques et militaires, toujours au détriment de la stabilité et de la prospérité des populations locales. En Irak, par exemple, son soutien aux forces Chiite appelées le Hashd al-chaabi a contribué à des violences massives. Au Liban, il a poussé le pays vers une crise économique grave.
Face à un soulèvement interne l’année dernière, le régime iranien a redoublé d’efforts pour faire enflammer des conflits extérieurs. Cela vise à cacher l’exécution de 230 prisonniers depuis le 7 octobre pour prévenir une révolte plus large, alors que l’Occident restait en grande partie silencieux et inactif, renforçant l’audace du régime dans son aventurisme régional.
Les quarante dernières années ont également été marquées par une politique de complaisance de la part de l’Occident. Un rapport récent d’Amnesty International révèle la torture sexuelle des manifestants, soulignant ainsi la brutalité du régime. Khomeiny disait « L’ennemi n’est ni l’Amérique ni Israël, mais plutôt la résistance iranienne qui lutte pour la liberté ». Sa répression a même atteint l’Europe, où les services de renseignement ont mis en évidence des activités d’espionnage et de terreur par le régime iranien, notamment contre le Conseil national de la résistance iranienne.
En juillet, une initiative menée par des membres du Bundestag allemand et d’autres parlements régionaux a appelé à mettre fin à cette complaisance et à soutenir le peuple iranien et sa résistance. Ils ont plaidé pour une solution qui mettrait en avant les intérêts du peuple iranien.
La clé pour résoudre le conflit au Moyen-Orient réside dans la gestion de la situation à Téhéran. La communauté internationale doit soutenir les aspirations du peuple iranien, représentées par son mouvement de résistance, qui vise à renverser le régime des mollahs et à établir une république laïque, basée sur l’égalité des sexes. Reconnaître la lutte des femmes et des jeunes iraniens est essentiel, et il est crucial de ne pas permettre au régime de faire de l’Europe un champ d’action pour ses activités répressives et terroristes. Avec un tel soutien, la production de guerre et de massacres par le régime iranien pourrait être arrêtée définitivement.
© Hamid Enayat
Hamid Enayat est un analyste iranien basé en Europe. Militant des droits de l’homme et opposant au régime de son pays, il écrit sur les questions iraniennes et régionales et en faveur de la laïcité et des libertés fondamentales.
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