Ces réflexions en prose de Baudelaire, platoniciennes et chrétiennes, sont peut-être les plus décisives et profondes qui aient jamais été écrites par un poète, de quelque siècle qu’il soit et à quelque nation qu’il appartienne.
A conserver sur soi. C’est à peu près ce qui me tient lieu de religion.
« C’est cet admirable, cet immortel instinct du Beau qui nous fait considérer la Terre et ses spectacles comme un aperçu, comme une correspondance du Ciel. La soif insatiable de tout ce qui est au-delà et que révèle la vie, est la preuve la plus vivante de notre immortalité. C’est à la fois par la poésie et à travers la poésie, par et à travers la musique, que l’âme entrevoit les splendeurs situées derrière le tombeau; et quand un poème exquis amène les larmes au bord des yeux, ces larmes ne sont pas la preuve d’un excès de jouissance, elles sont bien plutôt le témoignage d’une mélancolie irritée, d’une postulation des nerfs, d’une nature exilée dans l’imparfait et qui voudrait s’emparer immédiatement, en cette terre même, d’un paradis révélé. Ainsi le principe de la poésie est, strictement et simplement, l’aspiration humaine vers une Beauté supérieure, et la manifestation de ce principe est dans un enthousiasme, un enlèvement de l’âme […] »
Charles Baudelaire. Notes sur Poe
© Antoine Desjardins
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