Isabelle Didi Oliel. Dans mon mamad

Hier…

Un jour morose, où la pluie a toute sa place, un 11 janvier. Un jour où rien ne m’attend à l’extérieur, une nécessité inconsciente d’occuper mon esprit, de chasser mes inquiétudes et de lever le nez des messages sur WhatsApp d’infos.

Je décide de ranger mon « mamad », cette chambre qui sert parfois à reléguer certaines choses qu’on ne veut plus voir, mais auxquelles on ne souhaite pas dire adieu. Ces objets qu’on appelle communément « on ne sait jamais ». C’est en tout cas le cas pour la mienne, un espace bordélique qui héberge malgré tout un canapé-lit, au cas où…

Je n’ai pas immédiatement trouvé les mots pour décrire le sentiment curieux qui m’envahissait pendant ce grand rangement, une sorte d’oppression, de mal-être, une respiration courte, une envie d’en finir vite.

Mon regard s’est brièvement posé sur la porte, une porte lourde en métal, et un vertige m’a submergée. Les souvenirs de cette famille qui, des heures durant, a maintenu sa main sur la poignée pour empêcher les monstres d’entrer me sont revenus en mémoire. J’ai imaginé être à leur place, imposant le silence aux bébés, aux enfants, leur ordonnant de cesser de respirer pour ne faire aucun bruit, tandis que les bruits de pas envahissaient la maison.

Les pensées ont dérivé vers cette vieille femme qui, sans réfléchir, a sauté par la fenêtre dans un instinct de survie. Comment a-t-elle trouvé cette force ? Aurais-je agi de même, ou serais-je restée cloîtrée par peur de faire du bruit ?

Les images de cette femme confrontée à ses agresseurs m’ont assaillie alors que je m’asseyais sur le canapé dans ce « mamad ». Ils etaient devant moi.

Les témoignages et récits m’apparaissaient comme une seconde réalisation de l’horreur du 7 octobre.

Trois mois se sont écoulés depuis, mais cela semblait être hier. Nous demeurons au 7 octobre, même si le temps progresse. Pour certains, le temps s’est figé, bien que nos secondes défilent à la même cadence. Chaque jour, ma tristesse semble s’accentuer, car chaque jour supplémentaire me fait prendre conscience de l’ampleur du désastre, à tous les niveaux.

C’est comme si un étau se resserrait, un tunnel sans fin, comparable à ceux creusés trois pieds sous terre dans l’abîme des ténèbres. 

L’horizon est flou, la victoire est incertaine, les négociations foireuses et les solutions inexistantes, mais surtout la haine envers les Juifs est omniprésente. 

On nous accuse de crimes de guerre. 

Ça pourrait être comique si on y mettait un peu de volonté. 

Ben voyons, faudrait leur dire que le stock de bougies est épuisé et qu’il nous fallait réagir. 

Les rôles sont inversés, les bourreaux sont devenus les victimes. 

Je ne suis pourtant pas étonné. 

J’ai mal quand ma fille du haut de ses 15 ans me demande naïvement: « Maman, pourquoi les Juifs sont-ils autant détestés ? » Je lui reponds simplement de rester fière . 

Fière de ces Juifs, qui ont été des artistes renommés, peintres, écrivains, philosophes, scientifiques, chercheurs, médecins, avocats, banquiers, tous ceux qui ont contribué à l’avancée de ce monde. Le Juif représente-t-il une menace ?

Car ce n’est pas Israël qu’on accuse mais bien le juif et son droit à l’existence !

Je ne t’ai jamais autant aimé, mon beau pays. 

Il y a ce lien viscéral qui me rattache à cette terre au-delà du rationnel. 

J’ai souvent peur, 

Mille et une questions s’imposent à moi, mais cet amour, mon Dieu, comme il est beau !”

Chabbat chalom à tout le peuple d’israël 🙏🙏🙏

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