Il a suffi d’ une seule question sur l’engagement de Zineb El Rhazoui face à l’islamisme, question justifiée par des propos passés diabolisant Israël, une simple question posée hier, pour déchaîner la haine de ceux qui n’ont pas supporté qu’on touche à leur idole et qui ont voulu voir dans un questionnement légitime un crime de lèse-majesté.
Puisqu’ils n’ont toujours pas compris l’importance de la question posée, ceux-là qui ne voient pas de relation entre l’islamisme, la Palestine et le sort de l’Europe, nous allons leur redire haut et fort qu’il est urgent de comprendre que les islamistes font toujours ce qu’ils disent.
Leur djihad consiste, selon eux, à délivrer l’humanité de « l’entité sioniste appelée Israël », et à libérer Jérusalem. Ils ajoutent à leur projet la soumission ou la mort, aux « infidèles de l’Occident ».
Qui n’entend pas ce message pourtant clairement annoncé dans sa globalité ne comprend pas ce qu’est le djihad islamiste, et risque donc de se fourvoyer dans un combat limité à la France et à la défense de la seule laïcité républicaine.
Par conséquent, la question que posa Charles Rojzman à Zineb El Rhazoui, au sujet de son opinion sur Israël, était tout à fait pertinente.
Cette question fut pourtant comprise comme une attaque en règle contre Zineb El Rhazoui.
Son opinion de jadis sur l’ Etat hébreu, qu’elle qualifiait d’ » Etat raciste et colonialiste, avec à sa tête un criminel de guerre « , est-elle toujours d’actualité?
Où est l’agression dans cette question?
On constate ainsi une fois encore que, s’il existe des régimes totalitaires, il existe aussi une pensée totalitaire, laquelle consiste à ne pas accepter que quelqu’un exprime un doute sur le leader ou le modèle qu’on s’est choisi, à ne pas supporter le moindre questionnement de la part de ce « contrevenant qui ose dévier de la vérité révélée ».
Il est dès lors permis de se demander comment de tels adeptes de la pensée totalitaire, ne supportant pas la vie démocratique véritable, faite de débats contradictoires, peuvent sérieusement prétendre combattre le totalitarisme islamiste dont ils sont de facto le miroir méthodologique?
Une question. Une question seule aura donc donné lieu à une séquence ubuesque marquée par des anathèmes et des insultes qui permirent de faire tomber les masques. On veut bien s’indigner, se lamenter sur la pénétration islamiste en France, mais à condition de rester dans le politiquement correct, et de ne surtout pas chercher à connaître la réalité d’un terrorisme qui a commencé par le refus de l’existence d’un Etat souverain juif.
Charles Rojzman a subi des anathèmes, mais aussi des insultes, des accusations de communautarisme, (« Retournez avec vos amis! »).
Cette déplorable séquence a révélé à la fois une méconnaissance des enjeux et des textes religieux, mais aussi un possible désir secret, de ne pas s’embarrasser du sort de ces Juifs, ainsi définitivement qualifiés de « colonialistes et tortionnaires » d’un peuple palestinien auquel on confère la qualité immuable d’innocent.
En 2008, lorsque Zineb El Rhazoui avait dit d’Israël que c’était un « Etat raciste et colonialiste dirigé par un criminel » , elle épousait avec une ardeur étonnante la cause du peuple palestinien. Sans nuance aucune. La complexité de la situation ne l’a pas dissuadée de tenir des propos définitifs.
Le 23 juillet 2014, Mme El Rhazoui fit l’éloge de ce « texte poignant », où Nabil Ayouch[1] évoque L’Etat hébreu et Tsahal qui « liquident le peuple de Gaza, tuant un ou deux prétendus terroristes pour quelques dizaines de femmes et d’enfants morts avec eux, parquant des humains de l’autre côté du terminal d’Erez, pensant qu’un bon arabe est un arabe mort ».
Zineb El Rhazoui se met donc en situation d’être légitimement interpellée : elle ne saurait -ni ne voudrait- être l’équivalent du prophète de l’islam sacralisé par les islamistes: la critiquer est permis! Elle qui combat le concept de blasphème et qui appelle au droit à l’exercice de la Raison critique ne devrait donc pas s’offusquer de la question qui lui est ici posée.
Les islamistes de tous les pays se ressemblent et parfois s’assemblent : le Hamas à Gaza et le Hezbollah au Liban ont idéologiquement des liens avec nos islamistes en France.
Quand comprendrons-nous que le combat sans pitié contre Israël, quels que soient son gouvernement ou ses frontières, prépare et annonce un combat plus universel du totalitarisme islamiste?
Voilà pourquoi avoir osé soulever la question de l’antisionisme possible de Zineb Al Rhazoui ne relève pas du blasphème, mais de l’étonnement devant l’incohérence qu’il y a entre vouloir lutter contre l’islamisme, et en même temps définir les Palestiniens comme des victimes ontologiques d’ Israël.
S’il est ainsi évident que chacun a parfaitement le droit de demander de la clarté à ses alliés lorsqu’il s’agit d’un combat vital pour notre civilisation, il reste non moins éclatant que … le torrent de violence né de ladite question est sidérant et fortement révélateur.
En effet, au moment où a été défendu le droit inaliénable de poser des questions sur les prises de position problématiques d’un leader d’opinion, les masques sont tombés, réduisant et enfermant les gêneurs dans leur judéité, les enjoignant hier à retrouver leurs amis et les ramenant ce matin à leur communauté, leur tamponnant une fois encore sur le front leur dite judéité.
Ainsi, outre que nous aurons vérifié qu’il ne faut pas toucher aux idoles, lesquelles ont toujours une armée de bigots pour vous attaquer, Charles Rojzman avait raison sur un autre point : son « Israël test » est un liquide tristement révélateur, comme en attestent ces quelques extraits glaçants :
« Vous et vos amis »
« Laissez Israël et les juifs en dehors de nos problèmes français, vous nous gonflez ! C’est contre-productif ! Parlez-en à votre mère (juive…) !
La team pour qui il est impensable de ne pas être sioniste
Ça y est : voilà Le lobbying anti- Zineb El Rhazoui auprès des Français juifs.
Vous devriez laisser Zineb Al Rhazoui tranquille. Une bonne fois pour toutes. Vous et vos amis.
Vous avez le culot d’exiger de l’une de ses citoyennes les plus engagées et menacées ce qu’elle pense de VOTRE PAYS ?
La République compte moins que leur « propre communauté »…
Arrêtez de m’emmerder avec vos jérémiades. Je sens poindre l’accusation d’antisémitisme qui semble vous servir d’argument définitif. »
Le Point Godwin se retrouve tragiquement dépassé par le « test Israël »
La séquence qui vient de se dérouler dépasse en définitive la personne de Charles Rojzman.
En effet, ce qui est apparu, c’est un mal plus profond. Au-delà de l’incohérence explicitée précédemment (interdiction de questionner les gens qui prétendent combattre un totalitarisme religieux se caractérisant notamment par l’interdiction de questionner), ce qui est apparu, c’est cette pseudo-Gauche auto-proclamée « camp du bien » qui a décidément du mal avec la démocratie. Cette fâcheuse manie d’une pseudo-gauche prompte à s’acoquiner avec les pratiques anti-démocratiques est la vraie leçon de la séquence écoulée.
C’est hélas indéniablement une plaie récurrente de l’Histoire. Un mal très profond, qui concerne le débat politique dans son entièreté.
Enfin, à titre de réflexion, ces mots d’Istvan Bibo[2] : « Ce n’est pas l’ensemble des hitlériens qui a permis à l’hitlérisme d’accéder au pouvoir, mais plutôt la paralysie des antihitlériens, la multitude de fausses situations et d’impasses qui ont fait que l’hitlérisme devienne la cause et le symbole de tous les Allemands. […] La question est de savoir quelle est l’origine, le point de départ de l’évolution pathologique de toute la vie communautaire allemande. »
-Sarah Cattan
-Marie-Myriam Ibn Arabi
-Haja Rasolonjatovo
-Charles Rojzman
[1] Peuple d’Israël, lève-toi ! Nabil Ayouch. Huffington Post. 22/7/2014.
[2] Les raisons et l’histoire de l’hystérie allemande, 1942. In Misère des petites Etats d’Europe de l’Est, Istvan Bibo. Albin Michel. 1993.