
Début janvier, le très médiatique écrivain Alain Finkielkraut a donné une interview dans le quotidien Le Figaro afin d’assurer la promotion de son nouveau livre.
Évidemment, des questions concernant Israël ont été abordées et Alain Finkielkraut n’a pas manqué de faire montre d’arrogance, d’intolérance et d’ignorance concernant le conflit israélo-arabe.
M. Finkielkraut fait partie de ces « hommes intelligents » dont Bergson a dit qu’il n’en sont pas pour autant « compétents en toute chose » malgré leur « habilité à parler » et leur « promptitude à critiquer ».
Je n’accepte donc pas qu’il puisse donner des leçons de morale et de géopolitique concernant Israël, tranquillement installé dans son appartement parisien, alors que les roquettes et les missiles pleuvent sur la population civile de l’État hébreu et que son armée est en guerre pour assurer la survie du pays.
Les conseilleurs n’étant jamais les payeurs, Alain Finkielkraut a donc encore osé préconiser « un compromis territorial entre Israéliens et Palestiniens » en souhaitant un nouveau retrait d’Israël de la Judée-Samarie (« Cisjordanie »).
Bigre ! Malgré le cataclysme du 7 octobre, l’académicien continue de prôner des concessions territoriales. Talleyrand aurait dit: « Ils n’ont rien appris, ni rien oublié »; rien appris des conséquences du massacre de type génocidaire perpétré le 7 octobre, ni rien oublié du petit bréviaire des pacifistes israéliens qui ont mené l’État hébreu à cette catastrophe (avec l’aide d’Ariel Sharon, il faut le dire !).
En bon sophiste, Alain Finkielkraut a donc déclaré qu' »après le pogrom du 7 octobre , la séparation (« entre les deux peuples » sic )s’impose plus que jamais. Elle est en même temps d’autant moins plausible qu’Israël a été (mal ) récompensé de son retrait du Sud Liban par le Hezbollah et de son retrait de Gaza par le Hamas ». Ce genre de paradoxe vaseux (la concession territoriale s’impose d’autant plus qu’elle est impossible) me rappelle les propos d’un Derrida déclarant que l’impardonnable « est la seule chose à pardonner » ou ceux d’un Lévinas pour qui il existe une « relation sans relation » ( Alain Finkielkraut a été à bonne école).
Il est intéressant de noter que pour l’essayiste, les concessions territoriales demandées sont étrangement toujours unilatérales car c’est à chaque fois le petit État juif qui perd des territoires quand les Arabes – qui possèdent déjà 21 États – s’approprient et colonisent notre patrimoine biblique comme à Jéricho ou à Hébron…
En plus d’être un idéologue (« la réalité est celle-ci, mais il ne faut pas la prendre en compte »), Alain Finkielkraut est une personne ignorante des réalités du terrain (concernant la sociologie et la géopolitique de la région). Il faudrait lui expliquer que les presque trois millions d’Arabes présents en Judée-Samarie (« Cisjordani ») sont très majoritairement pro-Hamas ! En effet, un sondage datant de décembre dernier a montré que 72 % d’entre eux expriment « un soutien inconditionnel au Hamas » (i24News. 13 décembre 2023) !
Personnellement j’habite à quelques minutes d’une ville de Judée-Samarie qui était aux mains des hyènes enragées du Hamas (et qui est passée sous le contrôle des terroristes du Fatah de Mahmoud Abbas) et j’avoue que je ne suis pas très enchanté à l’idée de voir déferler des dizaines de milliers d’Arabes dans les rues de ma cité pour réitérer un 7 octobre. Mais c’est certainement parce que je suis un extrémiste de droite que je pense cela…
Il existe donc un besoin essentiel pour Israël de contrôler ces territoires – historiquement juifs – afin d’assurer la sécurité de millions de citoyens de l’État hébreu.
Il ne faut surtout pas oublier d’aborder la question de l’eau lorsque l’on parle de « concessions territoriales » et de « séparation entre les deux peuples » (l’eau est une question certainement trop triviale pour l’académicien).
En effet, comme l’a expliqué l’économiste et chercheur Jacques Bendelac (dans un ouvrage intitulé Israël: l’eau à la croisée des chemins) , il existe deux sous-aquifères essentiels « qui sont communs à Israël et à la Cisjordanie (sic)« . Alors, comment ferons-nous quand les terroristes de Judée-Samarie contrôleront une partie de nos réserves d’eau (en cas d’un suicidaire et impensable retrait d’Israël de cette région) ?
Pour finir, (même si les griefs exprimés ici ne sont pas exhaustifs), je reproche surtout à M. Finkielkraut d’avoir jeté en pâture aux lecteurs du Figaro le chef du gouvernement israélien et surtout deux de ses ministres qualifiés de « fondamentalistes obtus » dont la « radicalité » lui fait « peur » et « honte ». Il rejoint ainsi la cohorte des intellectuels français juifs – tels Jacques Attali (vainqueur haut la main de la palme de l’abjection en osant renvoyer dos à dos B. Netanyahou et le Hamas) ou encore M. Georges Bensoussan – dans leur haine viscérale envers la droite israélienne et en particulier sa branche sioniste-religieuse. Cette détestation relève d’une obsession suspecte que seule la psychanalyse pourrait expliquer (peut-être faudrait-il chercher du côté de la névrose du « juif inauthentique » au sens sartrien du terme).
Soulignons que, lors de cette interview calamiteuse, l’académicien n’a pas utilisé un seul qualificatif négatif pour définir le Hamas mais a préféré garder ses insultes méphitiques à l’endroit des ministres en exercice d’un pays qui lutte pour sa survie. En fait, c’est moi qui ai honte de vous, M. Finkielkraut !
M. Ben-Gvir (puisqu’il est une des personnes visées par l’académicien) assistait – il y a encore quelques jours en tant que ministre de la sécurité intérieure – aux funérailles d’une jeune fille, une garde-frontière de 19 ans du nom de Shaï Germai, morte héroïquement dans une opération anti-terroriste menée contre des membres du Hamas présents en… Judée-Samarie.
Pendant ce temps-là Monsieur Finkielkraut était en tournée promotionnelle pour vendre son bouquin…
© Frédéric Sroussi