Gabriel ATTAL : un nouveau Premier Ministre aux origines bigarrées

Des origines paternelles juives

Gabriel ATTAL est le fils de Yves, cinéaste et avocat brillant. Son grand-père Claude est le premier à s’être fait un nom : chef de service en pédiatrie, il est né dans la Médina de Tunis avant de quitter le pays et de s’installer à Paris. Juif tunisien, il avait épousé Jeanine WEIL, issue d’une famille juive elle aussi, mais alsacienne. Jeanine n’était pas n’importe qui, puisqu’elle était la cousine des héritières du groupe Galeries Lafayette. Les ATTAL étaient Français depuis 1937, date de la naturalisation du grand-père Elie, avocat de métier. Au-delà, l’ascendance est plus difficile à trouver : on trouve Haïm, né en 1858 à Tunis, puis Elias, négociant, Nissim, né vers 1780, lui aussi négociant et peut-être plus loin Caïd Eliau, homme d’affaires du premier ministre du Bey et enfin Soliman, né vers 1720.

On en sait plus sur les WEIL, nommés ARON jusqu’à la Révolution jusqu’au moment où tous les Juifs de France durent choisir un nom de famille qui fut désormais fixé. Ceux-ci avaient toujours eu un bon niveau social depuis au moins Simon (1809-1859), instituteur et professeur de langues, né à Mutzig et qui le premier, avait quitté sa région pour s’installer à Paris. Via la branche WEIL, les familles s’entremêlent, portant très souvent le même nom de famille comme dans toutes les généalogies juives : WEIL, LEVY, BLOCH, MEYER, LION, SCHWOB, WOOG, GEISMAR.

Toutes ces familles viennent de nombreux petits villages voisins localisés dans le Sundgau, tout au sud et non loin de la frontière avec l’Allemagne : Dürmenach, Hégenheim, Phalsbourg, Ribeauvillé, Wintzenheim, Rixheim, en s’éloignant également vers la Moselle, du côté de Metz. Parmi les professions, ce sont celles traditionnellement réservées aux Juifs : des marchands de bestiaux et de chevaux, des bouchers et aubergistes, plusieurs générations de rabbins et “prêteurs” ou “préposés”.

Des origines maternelles nobles

Marie de COURISS, la mère de Gabriel, est quant à elle de confession chrétienne orthodoxe. Elle possède des origines très variées du fait du haut niveau social de ses ancêtres, issus de la noblesse. Ses grands-parents paternels, Alexandre, musicien et précepteur et Maria Yourievna de MEYENDORFF, qui portait le titre de baronne, étaient ce que l’on a appelé les “Russes blancs” venus de Kiev, ces Russes qui n’avaient pas accepté la prise de pouvoir par les bolcheviks au début du XXe siècle. Ils s’étaient installés sur la Côte d’Azur, comme de nombreux autres après avoir quitté leur pays… une vague d’immigration qui fut la première, la seconde ayant eu lieu au même endroit au début du XXIe siècle !

Côté de COURISS, on ne remonte pas très loin, jusqu’à Ivan Iraklievitch de COURISS (1841-1898), maréchal de la noblesse du district d’Odessa. Par une branche maternelle, on arrive aux princes GALITZINE (la deuxième plus grande et plus noble maison princière de Russie), dont notamment Mikhaïl Mikhaïlovitch GALITZINE (1684-1764), gouverneur d’Astrakhan, grand ambassadeur en Perse et amiral-général de la flotte russe.

Le père de Marie, également prénommé Alexandre, avait quant à lui épousé Anne-Marie de LA FOREST-DIVONNE qui, comme son nom l’indique, avait des racines fortement implantées à Divonne-les-Bains, dans l’Ain où ils possédaient un château, non loin de la frontière avec la Suisse. Hormis les porteurs de son nom, ses aïeux avaient pour point commun d’être venus s’installer à Paris pendant plusieurs générations, venus de nombreuses régions de France. On trouve ainsi les BOURLON de SARTY de Châlons-en-Champagne dans la Marne, les de CROISMARE de Salins-les-Bains dans le Jura, les de MAILLÉ de LA TOUR-LANDRY de Vernantes dans le Maine-et-Loire, les BOUTHILLIER-CHAVIGNY de Seine-Maritime, ayant donné notamment un Député de la noblesse aux Etats-Généraux, lieutenant général des armées du roi, les BOURGEOIS de JESSAINT venus de Bar-sur-Aube dans l’Aube, les de JOUGLA de LAUZIÈRES de Montepllier dans l’Hérault, les DODUN de KÉROMAN de Lorient, les LA RIVOIRE de LA TOURETTE d’Ardèche, mais aussi les SHERIDAN de Dublin en Irlande ou les REDWOOD venus des jeunes Etats-Unis mais originaires de Londres, une famille unie aux HOTTINGUER originaires de Zürich, en Suisse.

Un personnage bien connu de l’histoire de La Réunion figure en bonne place parmi les ancêtres de Gabriel ATTAL : Augustin PANON (1664-1743), un toulonnais menuisier et charpentier parti tenter sa chance avec les premiers colons de l’île. En 1697 la Compagnie des Indes Orientales lui confie la concession de La Mare près de la Rivière des Pluies. Grâce à plusieurs dizaines d’esclaves qu’il fait travailler, ses plantations produisent du blé, du riz, du mil, des patates douces, un peu de canne à sucre, des fruits et légumes divers. En 1710, il possède un cheptel de plus de 250 animaux, il est désormais riche et notable. Toutes les généalogies réunionnaises ou presque le mentionnent. Son nom a été donné à un quartier de l’île devenu une commune à part entière, Bras-Panon.

De plusieurs de ces familles on peut se raccrocher à la haute-noblesse et aux rois de France, comme c’est souvent le cas avec des originaires similaires, le premier de la liste étant Louis IX, dit Saint Louis. Tous sont barons, marquis, seigneurs, chevalier, écuyer, etc, à noter quand même quelques origines plus modestes : un teinturier dans la Sarthe au XVIIe siècle, Julien BARREAU, un avocat (tout de même) à Sens, Paul DODUN, au début du XVIIe siècle.

© Frédéric Thébault / geneanet.org