Depuis Israël, Michel Jefroykin lit la Presse pour nous: « Le dernier des Juifs », un film sur la terrible « alyah interne » en France

Réalisé par Noé Debré, avec Michael Zindel et Agnès Jaoui, il sortira dans les salles françaises le 24 janvier prochain

Plusieurs avant-premières du film « Le dernier des Juifs » auront lieu ce mois-ci au Musée d’art et d’histoire du judaïsme de Paris.

Bellisha a 27 ans et mène une vie de petit retraité : il va au café, fait le marché, flâne dans la cité… Il vit chez sa mère Giselle, qui sort très peu et à qui il fait croire qu’il est solidement intégré dans la vie active. Le vent tourne quand Giselle s’aperçoit qu’ils sont les derniers Juifs de leur cité. Elle se convainc qu’il faut qu’ils partent eux aussi. Bellisha n’en a pas très envie, mais fait croire à sa mère, pour la rassurer, qu’il prépare leur départ.

Il narre ainsi le terrible phénomène de « l’alyah interne » en France. Devenu nécessaire en raison de l’antisémitisme des cités, il voit certains Juifs français déménager pour fuir l’insécurité.

La France compte la plus importante communauté juive d’Europe, avec un demi-million de personnes. La moitié vit en région parisienne, où les chercheurs constatent depuis des années une « forte mobilité géographique d’une partie de cette population », globalement de l’Est vers l’Ouest parisien, expliquait en 2016 à l’AFP Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l’Ifop. Ce mouvement s’ajoute aux chiffres de l’alyah, l’émigration juive vers Israël, sans compter les installations dans d’autres pays, comme la Grande-Bretagne, les États-Unis ou le Canada, à un niveau comparable à celui de l’alyah.

En Île-de-France, « sur une quinzaine d’années, des effectifs de populations ou de familles juives se sont effondrés dans toute une série de communes de Seine-Saint-Denis », relevait le politologue en 2016. « À Aulnay-sous-Bois, le nombre de familles de confession juive est ainsi passé de 600 à 100, au Blanc-Mesnil de 300 à 100, à Clichy-sous-bois de 400 à 80 et à La Courneuve de 300 à 80 », recensait-il alors dans son ouvrage « L’an prochain à Jérusalem », se basant sur des données communautaires. Les chiffres auraient encore baissé depuis.

Le phénomène commence lors de la seconde Intifada, en 2000. Le conflit israélo-palestinien s’exporte alors dans la métropole, avec « une multiplication exponentielle des actes et menaces antisémites, qui rendent la vie quotidienne très difficile dans un certain nombre de quartiers ».

© Michel Jefroykin

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