Début mai 1948, le grand écrivain François Mauriac fit paraître dans Le Figaro un court et beau texte intitulé « Le Destin juif ».
L’actualité de l’époque était alors toute centrée sur la future renaissance de l’État hébreu.
Les Britanniques, qui avaient accepté de mettre fin à leur mandat sur la Terre sainte le 15 mai, envoyèrent quand même « d’importants renforts » avec évidemment pour but de mater les combattants juifs qui devaient se défendre contre des infiltrations armées syriennes.
C’est dans ce contexte que François Mauriac, témoin de cette nouvelle épreuve subie par le peuple juif, se désola du sort fait à ce peuple qui sortait à peine de l’indicible et paradigmatique horreur de l’extermination dont il fut la victime.
C’est en se souvenant d’une phrase de Proust commençant par : « Les êtres nous sont d’habitude si indifférents… » que François Mauriac écrivit cet article sur le destin juif dont je cite ici un extrait :
« […] Les êtres nous sont si indifférents , que les pires souffrances qu’ils ont endurées, le sort le plus affreux, même s’il s’est acharné sur des troupeaux d’enfants arrachés à leurs mères, entassés dans des wagons à bestiaux, poussés vers les chambres à gaz – oui, les êtres nous sont si indifférents que ceux qui survivent à ce massacre ont eu tort d’espérer de nous une sympathie compensatrice. Osons le reconnaître pour notre plus grande honte : l’antisémitisme est loin d’avoir disparu. Si telle est la conduite des individus à l’égard des Juifs, que dire de la politique des nations ! La politique a ses raisons que le cœur ne connaît pas ».
Ajoutant plus loin dans ce même article :
« Et pourtant ! Si un peuple errant depuis tant de siècles avait mérité de dresser sa tente, c’est bien ce peuple survivant à un massacre unique dans l’histoire de la férocité humain ».
Même si, paradoxalement, en écrivant ce texte, Mauriac prouva qu’il n’était pas si indifférent que cela au destin du peuple juif, il sut reconnaître avec courage que les malheurs incessants et paroxystiques des enfants d’Israël ne trouvaient jamais la sympathie requise de la part des autres nations.
Les réactions aux massacres de type génocidaire du 7 octobre 2023 en sont la preuve flagrante.
© Frédéric Sroussi
Juste pour mettre un peu de joie dans toute cette tristesse avec ce souvenir d’une époque bien plus heureuse, si TJ y consent. Certains s’en souviennent-ils ?
Shuki & Aviva est un duo constitué du chanteur Shuki Levy, né le 3 juin 1947 à Tel Aviv (Israël) et de la chanteuse Aviva Paz, née le 8 octobre 1943 en Israël.
https://www.youtube.com/watch?v=3ZyLQiKLNGY