Au sortir de Tel Aviv, l’exposition Nova. Dans la pénombre d’un plateau immense, les décombres du festival Supernova, après les massacres du 7/10. Tableaux de vies absentes reconstitués.
Il y a une certaine pudeur, honte peut-être, à s’approcher du désastre, à en être spectateur.
Au sol, du sable et des feuilles mortes qu’on essaie de ne pas fouler comme par respect.
Des campements épars, quelques tentes ouvertes sur des occupants partis, des matelas, des sacs à dos, quelques chapeaux et doudous trainant à même le sol. Puis ces chaussures alignées sur une table, ces lunettes en vrac qui nous font immédiatement penser à celles vues en vitrines à Birkenau.
Ces vêtements, accrochés sur de longs portants qui attendent qu’on les réclame. Cela arrive quelques fois, certains rescapés, des familles de ceux morts ou otages.
De l’autre côté du plateau, loin de ces objets laissés dans l’urgence et la panique, des carcasses de voitures empilées. Elles sont là, juste devant nous, et on se surprend à chercher les traces de ces corps calcinés que nos yeux n’oublieront jamais.
Pour se faire mal et maîtriser, l’espace d’un moment, ce sentiment d’impuissance coupable. L’errance continue, on frôle le bar dont les images sanglantes vous reviennent.
Des portables géants diffusent les images de jeunes gens dansant, heureux, insouciants. Et leurs dernières conversations watsap. Leurs traces.
La tête nous tourne. On ne sait plus s’il faut s’autoriser à partir. On s’approche de la sortie, on revient sur ses pas. Ce mur mouvant des photos des victimes du massacre vous étourdit. Si jeunes.
© Georges Benayoun
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