J’avais besoin d’un break ! De sortir de cette angoisse que me procurait ce conflit, interminable et surtout insupportable, entre Israël et le Hamas. J’en profite pour aller voir l’exposition de mon peintre préféré Amedeo Modigliani (1).
Il me fascine depuis des années. On ne cesse de dire que c’est un “artiste maudit” (2) dont la légende n’a cessé de coller à sa peau depuis sa mort prématurée en 1920, à 35 ans.
A juste titre d’ailleurs. Car il faut dire que sa vie n’a jamais été un long fleuve tranquille. Né à Livourne, le 12 juillet 1884,dans une famille juive, il contracte la tubersulose, ce qui ne l’empêche pas de développer précisément une vocation pour l’art avec le soutien de sa mère.
A 13 ans, prenant des cours de dessin, il réalise ses premiers portraits. Mais la misère comme la maladie ne le quitteront plus. A Paris, en 1906, il vivote. Il vend quelques tableaux.
Mais il a beaucoup d’amis, comme Soutine , Kisling ou Utrillo. Ce n’est pas suffisant. Il noie son désespoir dans l’alcool, abuse de l’opium, se réfugie dans les bras des prostituées. Il a de terribles accès de colère qui engendrent de violentes rixes, qui le mènent parfois au commissariat. Bref, c’est un état qui le mène souvent au commissariat, et qui aggrave sa maladie.
Mais voilà, en 1914, le miracle surgit : il rencontre le galeriste Paul Guillaume, un grand collectionneur d’art africain, qui le prend en sympathie. Ce dernier le prend en main. En 1917, il inaugure sa première et dernière exposition à la galerie Berthe Weill. Sa passion, ce sont les portraits. Tous consacrés à la représentation de la figure humaine, toujours ovale, comme un œuf. Et les nus. Avec ses amis, il habite à Montparnasse. Il fréquente les plus grands : Max Jacob, Picasso, Derain. Il vit une passion orageuse avec Béatrice Hasting, journaliste et romancière.
En 1918, pendant la guerre, il rencontre Jeanne Hébuterne, une artiste modèle de 20 ans dont il tombe amoureux, et avec qui il aura une fille qui naîtra à la fin de cette même année.
Et deux ans plus tard c’est le succès en Angleterre. Mais le 24 janvier 1920, alors que la reconnaissance internationale se précise, son aventure incroyable s’arrête. Emporté par une méningite tuberculeuse à 35 ans, Modigliani emmène dans son sillage sa compagne qui, enceinte de huit mois, se défenestre.
Le temps de la bohème s’arrête définitivement.
Plus d’un siècle après la rencontre en 1914 de Modigliani et Paul Guillaume, l’exposition du “Musée de l’Orangerie” se propose de revenir sur l’un des moments emblématiques de la vie d’Amedeo Modigliani, celui où Paul Guillaume devient son marchand. Elle s’attachera à explorer la manière dont les liens entre les deux personnages ont pu éclairer la carrière de l’artiste.
Combien valent ses tableaux aujourd’hui ? Tout récemment, en octobre 2023, une vente aux enchères, chez “Sotheby’s” à Hong Kong, un “Portrait de Paulette Jourdain” (1919) d’Amedeo Modigliani a été vendu à 28,5 millions d’euros.
© Alain Chouffan
Notes
(1) Musée de l’Orangerie. Jusqu’au 15 janvier 2024.
(2) Sandrine Rosenberg. Revue Beaux Arts.
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