Gilles-William Goldnadel réagit aux accusations qui visent le directeur de Sciences Po Mathias Vicherat et l’acteur Gérard Depardieu. Il dénonce le traitement médiatique de ces affaires qui bafoue selon lui la présomption d’innocence au détriment de la réputation des deux hommes.
J’écris cette chronique amère tant en tant qu’avocat qu’en tant qu’homme et citoyen. Et tout simplement comme être humain. De Gérard Depardieu l’acteur à Mathias Vicherat le directeur de Sciences Po, c’est non seulement la présomption d’innocence qu’on piétine mais la réputation qu’on assassine.
Qu’on soit clair, et il ne s’agit nullement d’une précaution écrite autant qu’hypocrite : les propos que j’ai entendus sortir de la bouche de l’acteur qui ne jouait pas m’ont dégoûté et déçu plus encore, venant d’un homme que j’estimais et dont j’estime encore le talent. Le clitoris des femmes sur selle de cheval, la sexualisation d’une petite fille ne me font pas rire mais grimacer. Ceci fermement posé, le crime de mauvais goût, pour détestable qu’il soit, n’est pas un crime pénal. Pas même un délit, dieu merci. Et voilà que le monde artistique, dont l’absence de courage n’a d’égale que sa bravade, jusque-là en dévotion, entre en ébullition. Des amies de trente ans, soudainement, se réveillent.
Voilà que la télévision publique a envisagé de mettre à l’index l’acteur immense qu’il demeure. Voilà enfin, comble de l’insupportable, notre ineffable ministre de la Culture qui prend la plume pour dénoncer à la Grande chancellerie de la Légion d’honneur les propos de l’artiste.
Mais au-delà de cette gênante autant que malséante séance d’humiliation, il y a, évidemment, cette atteinte morale et psychologique à la présomption d’innocence du dégradé en place publique, que mes confrères, chargés de le défendre pour des plaintes en cours pour viols, ont eu raison de stigmatiser.
La triste mésaventure survenue à Mathias Vicherat, directeur de Sciences Po Paris, à présent mis en retrait provisoirement, est de la même mauvaise farine humaine.
Voilà un homme placé en garde à vue en même temps que sa femme pour une méchante querelle de ménage. Il n’est l’objet d’aucune plainte et encore moins d’une mise en examen. Mais voilà que la nouvelle des plus banales se répand comme une traînée de poudre à scandale. Voilà que des élèves manifestent contre lui comme s’il était déjà condamné. Voilà que l’Unef, jamais en retard d’une méchante ineptie, réclame son éloignement. Le fait que ce soit aujourd’hui les plus jeunes qui se montrent le plus obtus est un signe de malheur aigu. Le fait qu’il atteigne l’un des représentants de la bienséance universitaire convenue, montre que nul mâle blanc, même le plus politiquement correct, ne peut espérer être épargné lorsque le Mal court.
On notera, en passant, la différence de traitement médiatique et social entre l’homme et la femme pris dans une querelle de couple jetée en pâture publique. Seule la responsabilité du premier est questionnée. On peut y voir une forme de sexisme anti-masculin, mais aussi et surtout le coût exorbitant de la notoriété.
Une nouvelle fois donc, je propose que dans ce type d’affaires le nom des mis en cause soit protégé jusqu’à leur éventuelle mise en examen qui exige, par définition, des indices de responsabilité. Ensuite, le droit à l’information du public pourra s’appliquer. Voilà qui pourra éviter nombre de tentatives de chantages ou de manipulations.
L’avocat qui signe cet article n’est en effet pas le plus mal placé pour écrire qu’il ne compte plus les dossiers dans lesquels ses clients sont tombés sur des mythomanes, des vengeresses ou des vénales. Comme sur des femmes victimes d’abus aussi terribles que caractérisés. Il aura donc appris la prudence, la complexité et la circonspection.
Il sait aussi qu’une innocence reconnue judiciairement sur le tard après une campagne de presse indomptable puis un parcours pénal interminable est synonyme de perte définitive de réputation, d’amour, d’emploi et même de respect de soi.
La réhabilitation médiatique n’existe pas. Le temps du tumulte, des a priori et de la méchanceté ne respecte pas la vie des gens.
© Gilles-William Goldnadel
Gilles-William Goldnadel est avocat et essayiste. Chaque semaine, il décrypte l’actualité pour FigaroVox.
Gilles-William Goldnadel a bien raison (comme toujours) : pour les néo-féministes et certains médias de gauche, la parole des mythomanes a plus de poids que la présomption d’innocence lorsqu’il s’agit de déshonorer et traîner publiquement dans la boue un homme (presque toujours blanc et toujours célèbre).
La loi aujourd’hui peut donc sans scrupule être bafouée, tout dépend de l’accusé. Elle peut aussi être dévoyée et, alors qu’elle est conçue pour le bien, elle peut servir le mal. C’est ainsi que les droits de l’homme peuvent devenir la défense du terrorisme contre les honnêtes gens qui la paieront de leur vie..
Le constat aussi invraisemblable, délirant que terrifiant c’est aujourd’hui, tout homme de préférence blanc et toujours célèbre, peut être condamné à la mort sociale par les néo-féministes pour avoir– ou pas, même quand ce n’est pas prouvé – émis en privé une blague graveleuse. Les mêmes redresseuses de torts ne sont par contre nullement indignées et restent coites s’agissant de femmes éventrées, violées quand les agresseurs sont musulmans.
Ceux qui s’avisent de défendre l’accusé au nom de la présomption d’innocence en principe toujours en vigueur ont droit au même traitement.
La folie tartuffesque a envahi notre pays. Elle détruit tous les fondements et les valeurs de notre société en la faisant régresser et revenir au temps de l’inquisition.