Comment peut-on raconter les horreurs qu’ont vécues ces enfants de tout âge, sans donner les détails qui pourrait mettre en danger les otages qui sont toujours en captivité dans les mains du Hamas ?
C’est l’exercice auquel se sont prêtées tour à tour Dr Yael Mozer Glassberg, chef de pédiatrie au département de greffe du foie en Israël et le Dr Efrat Harlev, responsable de l’hôpital pédiatrique Schneider ou a été mis en place une unité spéciale limitée d’accès pour accueillir et soigner ces femmes et ces enfants qui ont vécu l’enfer.
Le visage sombre ou la voix parfois tremblante, c’est peut-être l’indice le plus troublant lorsqu’on entend ces femmes qui « en ont vu d’autres » mais qui pourtant, ne peuvent cacher leur trouble lorsqu’elles racontent quelques petits détails qui ne sont en réalité rien de tel sinon l’œuvre sordide de la guerre psychologique que ces enfants ont subi auprès de leurs geôliers.
Comment rendre confiance à une petite fille a qui l’on a répété que personne ne la cherchait, que son pays n’existait plus et quelle ne retrouverait jamais sa famille ?
Dire que ces enfants sont plus ou moins stables médicalement parlant n’est pas la vérité.
Dire qu’ils ont perdu en moyenne 10 à 15% du total de leur poids ne permet pas de réaliser que la nourriture n’était pas donnée régulièrement et qu’ils ne pouvaient savoir quand et si il y aurait un autre repas.
Les deux médecins ont été troublées par le récit d’une grande sœur qui ne mangeait que quand elle savait que sa petite sœur de 8 ans était repue, du manque total d’hygiène, précisant qu’il y a quelques « chanceux » qui ont pu se laver deux ou trois fois dans un bac d’eau froide alors que d’autres n’ont pas eu « ce luxe » durant leurs presque deux mois de captivité… Des poux si nombreux que les plaies qu’ils ont laissées ont recouvert tout le corps des enfants, des disputes entre les otages concernant le partage de la nourriture…
On écoute en repensant aux témoignages d’Elie Wiesel …
« Une des craintes du personnel soignant avant le retour des otages était comment redonner l’accès graduellement à la nourriture afin d’éviter des problèmes alimentaires liés à la malnutrition tel que le syndrome de réalimentation. » confie le Dr Glassberg . Elle aussi a été surprise de constater que la malnutrition a été telle qu’a l’inverse de leur craintes, les otages ont eu du mal à manger.
Les membres des familles captives Aloni et et Avigdori ont aussi témoigné aujourd’hui que même s’ils ne pouvaient pas divulguer les endroits où étaient cachés les otages, que ce soit dans des tunnels ou sur terre, « ils n’ont pas eu accès a la lumière du jour ».
« Les enfants sont en colère, ils se sentaient sales » raconte le Dr Harlev et precise qu’on leur a dénié les droits les plus élémentaires comme de se rendre aux toilettes ». Ils avaient tous eu affreusement peur, en captivité ils n’avaient pas le droit de parler fort, de rire ou de pleurer, ni même pour certains, de se tenir debout. »
Si bien que même à leur retour, ils continuaient de chuchoter …
Non, dire que ces enfants sont revenus « en bonne condition médicale » est en mensonge, « l’ombre d’eux mêmes « est la définition qui a été employée et qui semble plus juste, « ils ont été abusés psychologiquement » conclut le Dr Glassberg.
En réalité on avait besoin d’eux comme monnaie d’échange alors on a juste fait attention de ne pas les laisser mourir.
© Anne Amoyal Da Costa
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