Gilles Bellaïche. La solution à 2 états ou une mythologie moderne

J’adore tous ces gens qui ici ou là, ne jurent que par la solution à 2 états pour régler le problème israélo/arabo-palestinien, à commencer par les présidents américain et français, sans oublier l’ONU ou l’UE.

Même sur des plateaux TV plutôt favorables à Israël, on voit la majorité des intervenants (journalistes et/ou chroniqueurs) ne parler que de cette « solution à 2 états », comme si c’était le graal absolu ou la solution miracle à la guerre actuelle.

Alors analysons dans le détail la logique qui lierait le drame du 7 octobre à cette solution.

Les accords d’Oslo signés en 1993 prévoyaient la mise en place progressive d’un état arabe palestinien en Cisjordanie/Judée-Samarie et Gaza ; l’Autorité palestinienne (AP) en charge devait donc progressivement mettre en place un état équipé de tous ses attributs, incluant une police armée mais à l’exception d’une armée, les israéliens leur assurant durant cette période transitoire cette fonction régalienne à la manière d’un protectorat. Les occidentaux et l’ONU voyaient dans un tel processus la gageüre de la mise en place progressive d’une Palestine libre et démocratique, vivant en paix avec ses voisins, notamment Israël, et œuvrant pour un développement économique et social favorable à tous ses habitants. Là était le pari des occidentaux, pari accepté par Israël, malgré l’opposition vigoureuse de sa droite parlementaire, d’héritage jabotinskien qui pressentait déjà un grand danger.

Qu’en est-il 30 ans plus tard ?

Qu’en est-il de cet état rêvé par les occidentaux et l’ONU, en matière de démocratie, de développement, de crédibilité politique, de pacification… ?

Il faut là, séparer la Cisjordanie/Judée-Samarie de Gaza, qui ont connu des aventures partiellement disjointes.

En Cisjordanie/Judée-Samarie l’AP avait la complète liberté de construire un proto-état dans les zones A qu’elle contrôlait totalement ; elle en avait les moyens, la responsabilité et les prérogatives ; elle a donc bien établi une représentation législative et un parlement, dont la dernière élection date de 2006, soit près de 18 ans (quand même !) ; dans le même temps, elle n’a connu que 2 présidents en 30 ans, avec la dernière élection en 2005, soit il y a près de 20 ans (re quand même !) ; elle a bien mis en place une administration et une police (toutes deux fortement corrompues), mais pas de presse libre ; elle connaît une criminalité très élevée, une justice aux mains de dirigeants ultra corrompus, et pour couronner le tout, a façonné l’éducation de sa jeunesse dans la haine des Juifs et d’Israël, avec des programmes scolaires haineux, incitant les jeunes à continuer à se battre pour faire disparaître à terme l’état juif ; la seule note positive de ce développement résidant dans un niveau économique et social (favorisé et régulé par Israël grâce aux milliers de travailleurs entrant quotidiennement en Israël) à peu près acceptable. Ce développement s’est accompagné de l’existence en son sein d’un foyer permanent de terrorisme plus ou moins régulé selon la détermination qu’y mettait le pouvoir israélien en place pour y faire face.

Quant à Gaza, elle s’est progressivement islamisée, et après le retrait total et unilatéral d’Israël en 2005, a connu une dérive politique, institutionnelle, économique, sociale continue, la conduisant à la situation actuelle, où un mouvement islamique terroriste qui a pris le pouvoir par les urnes puis par les armes, détient tous les pouvoirs, toutes les prérogatives, et toutes les ressources ; autrement dit une dictature islamique et un peuple gazaoui sans liberté et sans moyens, vivant très difficilement malgré la manne extérieure déversée régulièrement par le Qatar et l’UE, et en grande partie accaparée par ses dirigeants (Hamas).

Voilà le brillant bilan de l’Autorité palestinienne au bout de 30 ans. Envolé le rêve ou plutôt l’utopie occidentale et onusienne. Et tout cela avec Israël comme souffre-douleur !

On peut tout d’abord féliciter l’Occident et l’ONU pour une telle réussite !!

Et maintenant, on vient nous dire que c’est la création d’un nouvel état arabe palestinien qui résoudrait comme par enchantement tous ces problèmes.

Je rêve !!

Mais que manquait-il à la Cisjordanie/Judée-Samarie sous contrôle total de l’AP pour en faire un état à part entière puisqu’elle en avait toutes les prérogatives et toutes les possibilités ? Rien, rien si ce n’est une armée et une monnaie ; et pourtant elle a complètement échoué dans la mise en place de cette démocratie paisible tant espérée par l’Occident. Ceux qui préconisent encore la création d’un nouvel état pensent-ils qu’il suffirait d’adjoindre à l’Autorité Palestinienne, même renouvelée, une armée et une monnaie pour qu’elle devienne comme par enchantement une démocratie paisible ?

Quant à Gaza, à présent contaminée par un islamisme virulent, la perspective est encore plus sombre.

La question émergeant immédiatement est : « Pourquoi un tel échec ? »

Est-ce la situation environnante et le contexte relationnel avec Israël (prétexte des implantations perpétuellement avancé) qui a conduit à un tel échec, ou autre chose ?

Alors défocalisons un peu pour mieux comprendre.

Y a-t-il un seul pays arabo-musulman répondant aux critères qui caractérisent un pays démocratique et paisible ?

La réponse est, malgré la parenthèse tunisienne de Bourguiba, non ; pas un seul pays arabe démocratique à la mode occidentale ; il y a bien les monarchies pétrolières qui sont à peu près paisibles grâce aux énormes ressources financières distribuées (monarchies qui sont d’ailleurs dans les accords d’Abraham), mais pas vraiment de démocraties.

Et on s’aperçoit que le constat est quasiment identique si on défocalise encore plus à l’ensemble des pays musulmans, qu’ils soient africains, moyen-orientaux, ou même asiatiques.

Pourquoi ?

Et bien parce que la notion occidentale (donc judéo-chrétienne et non pas universelle comme on veut nous le faire croire) de démocratie n’est pas compatible avec la culture islamique, qui est avant tout une culture de soumission, soumission d’abord à un Dieu (pourquoi pas), mais surtout soumission à sa condition de naissance, soumission à son statut social, soumission à plus puissant que soi, ce qui engendre autoritarisme, corruption et mécontentements, et ce avec l’acceptation de la notion d’inégalité : inégalité formelle entre hommes et femmes, inégalité entre musulmans et mécréants, inégalité entre arabes et non arabes,… et tout cela agrémenté de la conviction de devoir mener le djihad partout dans le monde, c’est-à-dire la conquête et la soumission des terres non encore islamiques.

Beau programme qui démontre que Islam coranique et démocratie (à l’occidentale) sont parfaitement antinomiques.

D’un point de vue géopolitique, qui peut encore imaginer un tel état en Judée-Samarie avec des positions situées à moins de 20 km des pistes de l’aéroport international de Tel Aviv Ben Gourion, ou à 30 km du poumon économique d’Israël qu’est la zone de Tel Aviv et toute sa périphérie (zones alors à portée de n’importe quel engin rudimentaire de bombardement) ?

Les fous !!

Un état arabe palestinien indépendant en Judée-Samarie conduirait à un copier-coller de ce qu’est devenue Gaza livrée à elle-même, c’est-à-dire un état terroriste bombardant continuellement Israël en son cœur et mettant ainsi en grand danger son existence. Les israéliens l’ont très bien compris et déjà avant le 7 octobre étaient dans leur grande majorité (de droite comme de gauche) opposé à un tel état arabe imbriqué dans leurs terres ; ils le sont encore plus aujourd’hui, à l’exception de quelques pré-dhimmis que compte encore l’extrême gauche israélienne décadente.

Les laboratoires cisjordanien et gazaoui de ces 30 dernières années ont démontré à tous, sauf aux idiots utiles occidentaux, qu’il n’y a aucun avenir pour un nouvel état arabe musulman imbriqué géographiquement dans Israël, et que les seules frontières à peu près acceptables sont le Jourdain à l’est et le désert du Sinaï au sud.

Et Israël doit patienter et souffrir en attendant que l’Occident comprenne enfin qu’il ne peut y avoir d’autre état palestinien en dehors de la Jordanie. Et à ce stade, il faut bien reconnaître que le seul dirigeant de haut niveau à l’avoir bien compris, clairement déclaré et mis en œuvre, est D. TRUMP et son gendre J. KUCHNER qui sont les artisans des « Accords d’Abraham », seule ébauche d’une véritable solution définitive.

Tous ceux, y compris en Israël, qui continuent à parler de solution à 2 états entretiennent un mythe, une chimère et par voie de conséquence légitimisent les violences arabes palestiniennes et sont donc les véritables commanditaires de ces violences ; l’histoire les jugera ainsi.

Quand les occidentaux et certains de leurs relais israéliens cesseront définitivement de réciter leur mantra obsolète, les arabes palestiniens finiront avec le temps par comprendre et admettre (comme l’ont déjà compris et admis un certain nombre de pays arabes « modérés ») que leur combat est vain et sans issue ; alors seulement là, on pourra commencer à chercher une véritable solution géopolitique à ce conflit civilisationnel, mais pas avant.

© Gilles Bellaïche

ISRAEL IS FOREVER/Morechet Jacques KUPFER – Toulouse

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4 Comments

  1. Merci Gilles et bravo pour ce nouvel article, qui reprend l’historique et le déroulement des causes et des effets.
    Tout est dit, d’une façon claire et concise.

  2. Bravo pour ce resumé , mais comme disait Begin , ce qui compte ce ne sont pas les paroles des goyim mais les actes des juifs .
    Or que sont ces actes ?
    En 1967 , Moshé Dayan cedant tout au Wakf , et depuis lors les differents gouvernements , en oscillant entre la verité et l illusion , tous ont fait du  » en meme temps » !
    Mr Bellaiche a parfaitement compris que la societe islamique est incompatible avec la liberté individuelle si chere a nos coeurs occidentaux , il faut donc trouver chez eux des chefs puissants et cruels qui sauront installer une administration a la mode de chez eux , c est a dire brutale et coercitive , tout en verrouillant Judée et Samarie militairement car l etroitesse de cet espace ( de la mer au Jourdain) interdit definitivement d 3n laisser a autrui le controle securitaire : donc oui a un systeme d autonomie compatible avec nos interets et NON a un  » etat palestinien  » , c est pourtant simple a dire et a expliquer .

  3. Confédération jordano-palestinienne semble la plus plausible avec une superficie près de 4 fois celle d’Israel et une population jordanienne a plus de 60% constituée de la même ethnie «palestinienne «  dont la Reine.
    Encore faudrait-il faire l’effort de comprendre la situation à la lumière des faits historiques !

  4. Ce texte n’ est pas faux.
    Pourtant un détail m’ ennuie. Dans la phrase :  » La réponse est, malgré la parenthèse tunisienne de Bourguiba, non ; pas un seul pays arabe démocratique à la mode occidentale  » n’ aurait-il pas été possible de citer le Maroc, monarchie constitutionnelle ?

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