Liliane Messika. Plan américain peut-être réalisable dans l’éther, mais pas sur Terre

10 décembre 2023

« L’Autorité palestinienne peut-elle être « revitalisée » ? Le renard peut-il garder le poulailler ? » a demandé, le 5 décembre 2023, Bassam Tawil, un journaliste arabe musulman basé au Moyen-Orient.

La « revitalisation de l’AP » est une expression employée par Joe Biden, par sa vice-présidente et par son secrétaire d’État Antony Blinken comme condition au remplacement du Hamas par l’Autorité palestinienne, dans la bande de Gaza, à la fin des hostilités.

Bassam Tawil trouve risible l’hypothèse d’une dénazification de l’Autorité palestinienne 

Il cite les sondages d’opinion, selon lesquels, « même en Cisjordanie, sous l’autorité palestinienne prétendument modérée qui paie des gens pour assassiner des Juifs, les Palestiniens éliraient une fois de plus un régime terroriste. Le secret le mieux gardé du Moyen-Orient est que les Palestiniens, plus encore qu’ils ne veulent un État – qu’on leur a proposé à plusieurs reprises et qu’ils ont rejeté sans même une contre-proposition – veulent anéantir Israël. La charte du Hamas est centrée sur ce point et l’Autorité palestinienne promeut le même objectif .[1]« 

En soutien à cette affirmation, on peut citer le ministre de l’Éducation de l’Autorité palestinienne. Dans une école, le « Jour du keffieh » (24 novembre 2021), il a montré aux élèves une affiche représentant une carte de la Palestine, se superposant exactement à l’État d’Israël. Il a expliqué aux enfants : « C’est la Palestine – toute la terre est à nous, de la mer [Méditerranée] au fleuve [Jourdain].[2]« 

La télévision palestinienne le répète tous les jours. Le 7 octobre 2023, jour du pogrom lancé par le Hamas, Talal Dweikat, porte-parole de l’OLP, le parti du Président Mahmoud Abbas, déclarait : « Aucun Palestinien ne condamnera le massacre du 7 octobre en Israël, le Hamas et le Fatah lutteront ensemble jusqu’à ce qu’Israël disparaisse.[3]« 

Dix jours plus tard, Mahmoud Al-Habbash, juge suprême de la Charia et conseiller du président de Abbas, enfonçait le clou sur sa page Facebook : « Une fois qu’Israël aura cessé d’exister, il n’y aura plus de violence ni d’effusion de sang. S’il n’y avait pas cette occupation (c’est-à-dire l’existence d’Israël), il n’y aurait pas de tensions, de violence et de peur d’un côté ou de l’autre… ce que nous faisons, c’est de l’autodéfense. Nous sommes en confrontation ouverte avec Israël sur chaque centimètre de la terre palestinienne (c’est-à-dire l’ensemble d’Israël).[4]« 

Dans le même esprit de paix et de tolérance, le 23 novembre, un autre officiel déclarait : « Nous avons sacrifié des centaines de milliers de martyrs, de blessés et de prisonniers sur ce chemin qui est orné de toutes sortes de déterminations et d’adhésion à la terre palestinienne depuis plus de 75 ans. Cette occupation, Israël, prendra fin, quel que soit le temps que cela prendra.[5]« 

Favoritisme et népotisme sont les deux mamelles de la Palestine

« Selon les données de la Banque mondiale, le favoritisme et le népotisme sont considérés comme la forme de corruption la plus fréquente dans le secteur public de l’AP. Les conflits d’intérêts, l’utilisation personnelle non autorisée des ressources et la corruption à grande échelle (comme le vol d’argent et de biens publics) sont d’autres formes de corruption qui se produiraient dans le secteur public. Un grand nombre des fonctionnaires qui gèrent l’AP sont les mêmes que ceux qui ont contribué à sa création en 1994 et qui sont responsables de sa corruption endémique. Cette corruption est l’une des principales raisons pour lesquelles le Hamas a remporté les élections législatives de l’Autorité palestinienne en 2006, alors que le mouvement islamiste se présentait sous la bannière du ‘changement et de la réforme' », explique Tawil. « L’hypothèse selon laquelle, trois décennies plus tard, l’Autorité palestinienne va entreprendre des réformes sérieuses est un mirage ».  

Le langage est structuré comme un inconscient

Même les Américains qui ont appris l’arabe ne parlent que la langue. Or pour comprendre les revendications de Mahmoud Abbas, comme celles des dirigeants du Hamas, il faut savoir que :

  1. Si mentir est un vilain défaut  dans la conscience occidentale, les dirigeants qui le font savent que leur opinion publique le leur rappellera en temps utile.     
    À l’inverse, Mahomet préconise la Takyia, le mensonge au service de l’islam, qui est une gentille qualité.
  2. Toute terre où un musulman a mis les pieds devient un waqf, une terre musulmane à tout jamais. Il est halal, voire obligatoire, de la conquérir ou la reconquérir.
    Tout ce qui est au sud de Poitiers est donc un waqf, que les musulmans sont légitimes à le réclamer, quand ils le souhaiteront. 
    Cela signifie que si un « réfugié palestinien » est, au sens du droit international, quelqu’un qui a vécu en Israël entre 1946 et 1948, aux yeux d’Allah, c’est quelqu’un qui y a mis un pied à n’importe quelle date, ou qui l’y mettra un jour.
  3. Enfin les kouffar en général et les Juifs en particulier sont des Untermensch, des sous-hommes par rapport aux « vrais croyants ». Lorsque les sous-hommes ont le dessus sur des disciples de Mahomet, c’est le monde à l’envers, qu’il faut remettre à l’endroit de toute urgence et sans adresser la parole aux inférieurs. 
    C’est ce qui a dicté la réponse de la Ligue arabe à la proposition d’Israël, en 1967, de rendre tous les territoires conquis pendant la guerre des six jours en échange de la paix : « Non à la paix avec Israël, non à la négociation avec Israël, non à la reconnaissance d’Israël[6]« .

Le mièvre et le tordu

On ne peut imaginer que l’administration Biden ignore ces trois points qui sont de notoriété publique dans toutes les chancelleries.

Alors à quoi sert de courir à un échec  inéluctable ? À ne point partir au point d’un conflit ouvert avec l’aile gauche de ses Démocrates. De Rashida Tlaib à Ilan Omar, en passant par Pramila Jayapal, le « squad »  (l’escadron) a un pouvoir de nuisance largement supérieur à son influence réelle. Ses membres martèlent quotidiennement des imprécations antisionistes, que les médias américains, imbibés de culture woke et donc majoritairement antisionistes, se font un devoir de répéter et d’amplifier.

En reconnaissant ce qui crève les yeux des observateurs, à savoir que l’Autorité palestinienne telle qu’elle est, elle ne plait à personne et qu’elle a, a minima, besoin d’être « revitalisée », Biden admet que, depuis trois ans, il s’entend comme larrons en foire avec des dirigeants palestiniens ineptes, dénués de la moindre crédibilité auprès de leur propre peuple. La corruption endémique qui mine l’AP a pour corollaire l’impopularité du leader, qui fête bientôt le 19èmeanniversaire de son mandat de 4 ans. 

De plus, l’attaque d’Israël le 7 octobre et l’échange de 3 prisonniers palestinien contre un Israélien fait grimper le soutien au Hamas en Cisjordanie, région où le Fatah, parti rival au pouvoir dans l’Autorité palestinienne, est méprisé et perçu comme un collaborateur d’Israël.[7]

Certains coiffeurs affichent : « Vous avez 20 ans ? Nous vous offrons une réduction de 20% ».  Abbas a 19 ans de règne, il lui reste 19% de supporters[8].

Les prochaines élections sont dans un an : Biden est sensible aux chiffres, comme Jospin, puis Hollande l’ont été en France. Quand il y a dix fois plus de musulmans que de juifs, les pogroms paraissent moins salissants.

© Liliane Messika



Notes

[1] www.gatestoneinstitute.org/20204/revitalized-palestinian-authority

[2] www.israelhayom.com/2021/11/28/watchdog-palestinian-education-ministry-wipes-israel-off-its-maps/

[3] https://youtu.be/RAycweuVDNc

[4] https://palwatch.org/page/34658

[5] https://palwatch.org/page/34774

[6] www.monde-diplomatique.fr/1981/11/A/36456

[7] www.wsj.com/world/middle-east/hamas-sees-surge-of-support-as-palestinian-prisoners-are-released-c1b3e927

[8] www.miftah.org/Display.cfm?DocId=26660&CategoryId=17


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