Raphaël Enthoven. La paix des graves

« Pacifiste » est l’épithète laudatrice donnée à l’irresponsable qui vous invite à baisser les bras quand l’ennemi est à vos portes. Le pacifisme est un art de se coucher déguisé en vertu supérieure. C’est une façon de rendre les armes tout en expliquant la vie à ceux qui se battent.

Ainsi, depuis le 7 octobre et la plus hallucinante agression terroriste de l’Histoire, l’opinion publique fourmille de belles âmes qui, avant même la riposte israélienne (sa démesure et ses pertes civiles), alors que les otages étaient encore à l’arrière des pickups et que les 1 200 cadavres étaient toujours chauds, appelaient déjà au « cessez-le-feu ».

Leur but n’était pas d’être entendues, mais d’endosser le rôle flatteur des pacifistes qui surmontent la mêlée et, tandis qu’une organisation terroriste venait à peine de commettre le carnage du siècle, s’élèvent au-dessus du moment présent pour penser le problème dans sa globalité… Le pacifisme, c’est une désertion déguisée en leçon de choses. C’est une lâcheté maquillée en prise de hauteur.

En 1938, les ancêtres de ces pacifistes au petit pied, Édouard Daladier et Neville Chamberlain, offraient les Sudètes à Hitler lors de la conférence de Munich, dans l’espoir d’apaiser le bellicisme du tyran. Et tout comme ceux qui vous accusent d’« islamophobie » ou de « suprémacisme sioniste » chaque fois qu’on rappelle les atrocités sans équivalent du Hamas, les pacifistes d’alors prêtaient volontiers des sentiments germanophobes aux rares intellectuels qui comme Raymond Aron, plaidaient vainement dans les années 1930 pour le réarmement de la France.

Le pacifisme est l’illusion persistante, malgré le danger, que la guerre est toujours la pire des solutions. Fort d’un tel principe, le pacifiste vous regarde de haut tout en courbant l’échine à mesure que croît le péril.

Aujourd’hui, les «munichois» de 2023 voudraient offrir au Hamas un «cessez-le-feu» réparateur, qui lui permette de se refaire et lui donne l’occasion de recommencer. Les pacifistes du moment voudraient faire du Hamas un interlocuteur dans le cadre de «discussions de paix». Ils voudraient qu’Israël discute avec une organisation qui enlève des enfants, éventre des femmes enceintes, et dont la charte prévoit sa destruction. Le pacifisme n’est pas un refus de la guerre, c’est un déni de la guerre, qui culmine dans l’illusion qu’on se donne soi-même son ennemi et qu’en somme, l’animosité qu’on inspire n’est qu’un malentendu soluble dans un meilleur comportement.

Convaincu d’être convaincant, le pacifiste est tout prêt, pour apaiser sa colère, à épouser les raisons de l’ennemi, à céder la Crimée, à fermer à l’Ukraine les portes de l’Europe ou de l’Otan à dénier à Israël le droit de se défendre en reprenant à son compte, et au
chiffre près, la propagande du Hamas. Seulement voilà. Face au Hamas, être aimable ne sert à rien. Avec une organisation terroriste dont la raison d’être est de vous annihiler, la discussion tourne court. Comme dit le philosophe et héros de la Résistance Julien Freund : « Du moment que nous ne voulons pas d’ennemis, nous n’en n’aurons pas, raisonnez-vous. Or c’est l’ennemi qui vous désigne. Et s’il veut que vous soyez son ennemi, vous pouvez lui faire les plus belles protestations d’amitié. Du moment qu’il veut que vous soyez son ennemi, vous l’êtes. »

Raphaël Enthoven

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1 Comment

  1. La mauvaise place des « pacifistes » souvent de gauche qui voudraient qu’un état en légitime défense se plie à ce qui est une doctrine.Israel n’a aucunement l’intention de céder aux injonctions des pacifistes et de se laisser écraser par une organisation terroriste.Soyez rassuré Mr Enthoven.

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  1. dommage – Michel Béja

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