
Jamais le signe « juif » n’a été aussi dévalué, méprisé, vilipendé.
En Grande-Bretagne, la ministre de l’Intérieur, Suella Braverman a été démissionnée pour avoir qualifié les manifestations propalestiniennes de « marches de la haine » ; en France, un président a refusé de se rendre à une manifestation contre l’antisémitisme, craignant ce faisant de stigmatiser les musulmans ; la gauche européenne de son côté estime la population gazaouie souffre plus que les otages israéliens détenus dans les geôles souterraines du Hamas…
Bref, les progressistes ne veulent plus que les juifs incarnent un quelconque côté de la douleur. Et quand ils meurent sous la torture, le viol, la décapitation, l’éventration, l’éviscération l’immolation par le feu… il s’agit d’un épisode provisoire. Inessentiel.
Un paradoxe mérite cependant d’être signalé : les progressistes s’acharnent à dévaloriser – voire à criminaliser – le signe « juif », mais ce sont eux aussi qui brandissent haut et fort l’accusation d’ »antisémitisme » lorsqu’ils souhaitent abattre un adversaire. Le milliardaire Elon Musk, propriétaire de X (ex Twitter), fait l’objet d’une campagne massive d’accusations d’antisémitisme. Il a été accusé, vendredi 17 novembre, par la Maison-Blanche d’avoir fait une « promotion abjecte de la haine antisémite et raciste ». Pour cette même raison, l’Union européenne a annoncé la suspension de ses annonces sur X et 250 multinationales comme Disney, Apple, IBM… ont également coupé leurs budgets publicitaires sur X.
Le jour où X a vacillé
A la base de cette excommunication moderne, il y a l’affaire du « tweet antisémite » d’Elon Musk. Le 15 novembre, un internaute sans doute pas très bienveillant, a posté sur X une capture d’écran de la chaîne MSNBC qui dénonçait en 2022, une hausse des propos racistes (300%) et antisémites (+60 %) sur Twitter depuis qu’Elon Musk en avait pris le contrôle. Les statistiques provenaient du New York Times et de l’Anti-Defamation League (ADL), une association de lutte contre l’antisémitisme, proche du Parti Démocrate.
Le bouillant Elon Musk a alors perdu son sang-froid et s’en est pris à l’Anti Deafamation League : « Ils devraient vraiment laisser tomber le “A” et opter pour la Ligue de la diffamation. Beaucoup plus précis ».
Le lendemain, l’affaire a réellement capoté. Le 16 novembre, peu avant 17 heures, Musk a approuvé un tweet étrange (« Vous dites la vérité », s’est-il exclamé) qui affirmait que « »les communautés juives prônaient une haine dialectique contre les Blancs, la même que celle qu’ils aimeraient que les gens cessent d’utiliser contre eux ». Ce « Vous dites la vérité » de Musk lui sera servi et resservi comme la preuve ultime et irréfragable de son antisémitisme. Les attaques de Musk contre l’ADL, accusée d’ »attaquer l’Occident » et de promouvoir le « racisme anti Blanc » alors que « la majorité de l’Occident soutient le peuple juif et Israël » n’ont pas arrangé les choses.
Enervement
Il y a dans ces remarques acerbes, on le voit, beaucoup de tension et d’énervement. Ces échanges reflètent pour partie le débat qui oppose aux Etats-Unis les progressistes aux conservateurs. En Europe comme aux Etats-Unis, les organisations juives se sont globalement rangées du côté des progressistes. En France, par exemple, ces organisations juives ont labellisé la lutte antiraciste au nom de la Shoah : autrement dit, elles n’ont pas protesté quand le pouvoir socialiste mitterrandien a amalgamé les migrants qui arrivaient d’Afrique du Nord aux juifs fuyant les persécutions nazies. Et aujourd’hui encore, les migrants sont assimilés à des « réfugiés » sans que personne ne dise rien (alors qu’ils n’ont jamais été des « réfugiés » fuyant des persécutions).
Aux Etats-Unis, l’ADL est très liée au parti Démocrate – bien que Jonathan Greenblatt, son président, s’en défende – et ils répugnent à critiquer l’antisémitisme des organisations noires comme Black Lives Matter (BLM). D’où l’accusation de Musk contre l’Anti Defamation League – considérée comme une ONG juive – de labelliser la haine anti-Blancs. Musk a par ailleurs une raison particulière de haïr l’ADL : cette ONG a dès 2020 commencé à suggérer qu’il était antisémite et a fait fuir nombre d’annonceurs.
Compte tenu de la haute teneur en soufre des propos échangés sur Twitter, les 15 et 16 novembre, les médias progressistes n’ont pas eu trop de peine à coller sur le front d’Elon Musk, l’accusation infamante de « raciste » et surtout d’antisémite . Comme l’a remarqué Holman Jenkins, éditorialiste du « Wall Street Journal », ces journalistes ont forcé la dose. Le « New York Times », aussitôt après que Musk se soit écrié « Vous dites la vérité », a fait référence à des « communautés juives » (sans autre précision) pour certifier qu’il s’agissait d’un propos antisémite. Dans un autre compte rendu du NYT, l’expression « communautés juives » est devenue « peuple juif ». À la fin de la semaine, sans qu’aucune nouvelle information n’ait été ajoutée, le « Washington Post » a affirmé, avec beaucoup d’aplomb, que M. Musk avait donné son »approbation aux commentaires faisant allusion à la théorie du grand remplacement – une théorie du complot adoptée par les manifestants néonazis de Charlottesville en 2017″.
Que dire ?
Il serait vraiment rapide d’affirmer qu’Elon Musk est antisémite sur la seule base d’échanges lapidaire du 16 novembre ou sur le fait que la modération sur X laisse à désirer. En revanche, que la Maison-Blanche, l’Union européenne et les grands médias de gauche se mobilisent pour stigmatiser le patron de X peut surprendre. Cette gauche progressiste qui détourne pudiquement les yeux du viol de masse perpétré par le Hamas et qui refuse de comprendre que « Free Palestine » signifie « mort aux juifs », se préoccuperait soudain qu’Elon Musk ait des penchants « antisémites » ?
Il est probable, en réalité, qu’Elon Musk est devenu une cible pour les progressistes qui règnent au gouvernement, dans les médias et dans le secteur économique. Et il n’est pas impensable que les mêmes aient décidé de couler X (ex-Twitter) en le privant de recettes publicitaires. Il ne faut pas oublier que Twitter a longtemps été un outil majeur du progressisme et de l’étouffement du débat public aux Etats-Unis. En rachetant Twitter, Elon Musk a mis au jour un système de bâillonnement de la liberté d’expression qui passait par une grande obéissance de la direction de Twitter aux requêtes du FBI, une embauche d’agents du FBI au plus haut niveau du réseau social et une censure politique qui a grandement contribué à l’élection de Joe Biden.
Rien n’interdit de penser que l’heure des comptes a sonné pour Elon Musk.
Le patron de Tesla fait-il l’objet d’une campagne de dénigrement orchestrée et concertée destinée à ruiner X ? La chose est difficile à prouver, mais les apparences sont là. Surtout qu’au même moment, Michael Shellenberger, Alex Gutentag et Matt Taibbi, journalistes qui ont aidé Elon Musk à révéler l’emprise du FBI sur Twitter, ont publié des documents secrets sur ce qu’ils ont appelé un »complexe industriel de la censure » aux États-Unis. Dans leur article, ils révèlent le rôle d’un organisme dont la vocation était de rester secrète, la Cyber Threat Intelligence League (CTIL), un centre de lutte contre les « cybermenaces intérieures ». Ce CTIL est un « partenariat public-privé » entre des sous-traitants de l’armée et du renseignement américains et britanniques, des responsables gouvernementaux et des employés de plateformes de médias sociaux, qui, entre 2018 et 2020, ont mis en place un cadre de censure que le département de la Sécurité intérieure des États-Unis a utilisé pour contrôler les récits autour de la politique de pandémie de COVID-19 par exemple.
En réalité, pour ne pas se mettre en défaut par rapport à la constitution américaine qui défend la liberté d’expression, l’Etat démocrate aurait délégué à un organisme semi-privé le soin de mettre de l’ordre dans le monde des idées et dans le débat public.
Shellenberger, Gutentag et Taibbi nous apprennent aussi que la directrice du CTIL, une ancienne chercheuse britannique en matière de Défense nommée Sara-Jayne Terp, a développé une stratégie anti-désinformation appelée Adversarial Misinformation and Influence Tactics and Techniques (Tactiques et techniques pour désinformer et influencer l’ennemi). Ces « tactiques et techniques » consistent à calomnier des individus jugés dangereux pour mieux les faire taire. Et quoi de mieux que d’accuser à satiété un individu d’antisémitisme pour discréditer à la fois sa parole et ses produits ?
Cette Sara-Jayne Terp appelle à « former les influenceurs pour diffuser des messages qui discréditent les gens jugés menaçants et tentent également d’amener les banques à interrompre les services financiers aux individus qui organisent des rassemblements ou des événements ». Elon Musk qui a emprunté en grande partie les 44 milliards de dollars qui ont été nécessaires au rachat de Twitter, pourrait donc être en grande difficulté financière prochainement.
Rien ne permet d’affirmer qu’Elon Musk a été victime d‘une opération de la CTIL, mais rien ne permet de l’infirmer non plus. Une chose est sure : certains sont bien décidés à lui faire lâcher Twitter, qui joue un rôle crucial dans la liberté d’expression dans le monde.
Elon Musk a même parlé de « chantage » lors d’une interview menée par Andrew Ross Sorkin du New York Times . »Si quelqu’un essaie de me faire chanter avec de la publicité, me faire chanter avec de l’argent, allez vous faire foutre. Allez vous faire foutre. Est-ce clair ? J’espère que c’est le cas ». (@disclosetv, 29 novembre 2023).
https://x.com/disclosetv/status/1730007250515701897?s=20
Une chose est sure, être accusé d’antisémitisme quand on n’est pas antisémite, et menacé d’être ruiné pour cela, peut rendre fou !
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