Rémi Ferrand. Pour que personne ne dise : « Mais Kfir, vous êtes juif ? »

Par cette vieille femme, achevée sous les crosses

Par celui qui chancelle, et cette figure de gosse

Qui tend très haut les mains, un soir à Varsovie,

Expulsé d’un ghetto, à 10 ans et demi.

Par celui qui gémit sur sa couche de sang

Torturé dans les caves de Bagneux ou Cachan.

Par celui qui s’enfuit serrant fort sa kippa

Devant la meute qui court et qui déjà aboie.

Par celui qui supplie, au grand soir du pogrom

Et dont on se demande seulement « Si c’est un homme »

Par celui qui implore le ciel dessus sa croix

Et qui appelle son père au jour du Golgotha.

Par ceux-là qui périrent, et qui déjà s’abattent 

Par les rares qui vainquirent, comme David sur Goliath

Par la si jeune Anne, si loin de son journal,

Qui titube et qui boîte d’Auschwitz à Buchenwald. 

Par le peuple qu’on désigne toujours comme l’ennemi,

Et pour le nom duquel on t’a ôté la vie

Par les chants qui montaient, chaque soir au Kibboutz

Par ta mère qui t’aimait, et qui veillait ta couche.

Pour tout ça et le reste, pour la honte et l’opprobre, 

Par les tueurs en liesse, au jour du 7 octobre,

Par tous ceux qui ici parlent de résistance,

Et qui déjà t’oublient et imposent le silence.

Par delà tes souffrances, la nuit et le brouillard,

Je voudrais te tenir et te bercer ce soir,

Te regarder dormir, te veiller attentif

Pour que personne ne dise : « Mais Kfir, vous êtes juif ? »

© Rémi Ferrand

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6 Comments

  1. Anne ma soeur Anne, le pianiste de Varsovie, un enfant qui léve les bras devant un soldat nazi, Ilan torturé pendant des jours, la liste n’en finit pas, ce matin en Israel à Jerusalem, des morts encore assassinés par des terroristes.

  2. Est-ce voulu ? Les vers de cette belle et tragique poésie s’accordent parfaitement avec la musique d’une également belle – et triste – chanson de Georges Brassens (il n’y a pas d’amour heureux).

  3. Je reviens sur mon précédent commentaire … En fait, la musique qui s’accorde le mieux avec cette belle et tragique poésie est bien celle d’une chanson de Brassens mais son titre est : La prière. Cette poésie devrait être mise en musique.

  4. Je prie pour que la famille Bibas soit en vie. A chaque fois que je vois Kfir et Ariel en photos, je pleure. Depuis le 7 octobre, je suis régulièrement ce qui se passe en Israel. Tellement de tristesse face à toutes ces horreurs.Ce qui me choque le plus c’est l’indifférence du monde entier. Le 7 octobre a été vite oublié.

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