Une grande déception et une vive inquiétude : tels sont les sentiments qui me taraudent depuis qu’Israël a riposté aux massacres, de type génocidaire, perpétrés par les hyènes enragées du Hamas le 7 octobre dernier.
Le manque d’ambition stratégique de la part du cabinet de guerre dirigé par Benjamin Netanyahou et Benny Gantz est hélas patent.
Disons-le tout de go : ce qui est magistralement réalisé au niveau tactique en ce moment à Gaza par nos héroïques soldats aurait dû déjà être accompli lors des guerres avortées (en 2008-2009 puis 2014) lorsqu’ Israël riposta aux bombardements incessants du Hamas dirigés contre sa population civile.
En fait, si les différents services de sécurité et états-majors successifs de Tsahal n’avaient été composés d’officiers supérieurs incompétents et couards et si les politiciens de tous bords n’avaient pas été inféodés à l’Amérique, les généraux et les divers gouvernements israéliens auraient déjà cherché, lors de ces guerres passées, à obtenir une victoire totale contre le Hamas. Cette victoire n’aurait pu être atteinte qu’en adhérant à la définition de la guerre qui selon Clausewitz est « un acte de violence destiné à contraindre l’adversaire à exécuter notre volonté ». ( De la guerre)
Raymond Aron dégagea de cette définition deux éléments constitutifs : la violence et la volonté ; or ni l’une ni l’autre n’existèrent lors de ces opérations militaires citées supra.
Nous avons malheureusement vu le 7 octobre dernier le résultat catastrophique de ces années de pusillanimité effarante.
Ces massacres abominables auxquels nous avons assisté lors de ce Chabbat noir, ce crime contre l’humanité de nouveau perpétré contre le peuple juif, ces familles entières brûlées vives, ces bébés torturés et démembrés, ces femmes et fillettes violées, leurs mutilations sexuelles et les chiffres incroyable de 1200 morts et plus de 5000 blessés me laissèrent penser que la réaction de mon pays serait cataclysmique pour nos ennemis et qu’Israël allait enfin lancer ses F35 et ses missiles sol-sol contre le vrai cerveau de toute cette barbarie sans nom : la République Islamique d’Iran (afin de détruire son régime, son armée, ses Pasdarans et surtout son programme nucléaire).
J’espérais évidemment assister à l’élimination physique des chefs du Hamas dans les heures qui allaient suivre.
J’espérais aussi voir le financier du Hamas, le Qatar – qui abrite certains des plus hauts responsables de l’armée terroriste islamique – se faire frapper. Après tout, en 1985, après l’assassinat à Chypre de 3 israéliens par la Force 17 de l’OLP (Organisation de Libération de la Palestine), l’armée israélienne n’avait-elle pas lancé des représailles qui consistèrent en la destruction – à plus de 2000 kilomètres de ses bases ! – du quartier général de l’organisation terroriste de Yasser Arafat qui se situait près de Tunis?
Ce qu’Israël sut et surtout voulut faire en 1985 en riposte à l’assassinat de 3 Israéliens n’était donc pas réalisable en 2023 après la mort de 1200 israéliens et le kidnapping de 240 d’entre eux ?! Combien de fois l’état-major de Tsahal s’était-il vanté, ces dernières années, d’avoir réussi des simulations de guerre sur « fronts multiples » (Iran, Liban, Gaza) ? La dernière eut lieu pourtant en juin dernier !
Tout ça pour ça ?! En frappant aussi les États terroristes iranien et qatari, Israël aurait même paradoxalement eu un avantage dans l’opinion publique qui aurait constaté que le combat était aussi d’État à État.
Au lieu de cela, le chef du Mossad est allé « à Canossa » en se rendant publiquement au Qatar pour quémander l’aide de ses ennemis ! Les responsables politiques de gauche ainsi que ceux du Likoud, les chefs des services de renseignement et ceux de l’armée ont fait basculer, par leur manque de courage, de volonté et de stratégie, Israël au bord du précipice et nous avons déjà un pied dans le vide. Que D.ieu ait pitié de nous !
© Frédéric Sroussi, depuis Israël