Le 18 octobre 2023, le Président américain expliquait doctement que le Hamas ne représentait pas le peuple palestinien et qu’il utilisait celui-ci comme bouclier humain[1].
Cinq jours plus tard, notre Première ministre française lui emboîtait le pas « sans ambiguïté[2]« .
Ne surtout pas croire ce que l’on voit
Que le Hamas utilise les femmes et les enfants comme boucliers humains n’est pas une nouveauté. Sa stratégie est de les mettre en danger, parce que leurs cadavres constituent son meilleur argument vis-à-des idiots utiles occidentaux : c’est connu depuis avant l’ère de Mathusalem Abbas.
Mais cela n’empêche pas lesdits civils d’être sensibles à ce qu’on leur enseigne depuis la maternelle[3] grâce aux manuels scolaires financés par l’Union européenne : Allah exige qu’on tue tous les Juifs et ceux qui s’en occupent reçoivent un aller simple direct pour le paradis[4].
D’innombrables témoignages contraires à l’angélisme occidental étaient déjà disponibles depuis le 7 octobre : « Une foule de Palestiniens ordinaires s’est spontanément jointe à ce qui est devenu le pogrom le plus meurtrier contre les Juifs depuis l’Holocauste…Alors que les terroristes du Hamas portaient des uniformes et des armes de type militaire, les habitants de Gaza qui les ont suivis dans l’État juif étaient en civil… Des jeunes gens armés de couteaux, des pères en surpoids et au moins un vieillard en béquilles figurent parmi ceux qui ont profité du déchaînement du Hamas pour créer une deuxième vague de carnage qui a rivalisé avec la barbarie des terroristes professionnels.[5]«
Mais nous sommes habitués, en France, à ne voir de coupables que blancs et chrétiens (ou Juifs, même noirs). Dernier exemple, quand après une semaine de silence obstiné, les prénoms des « jeunes Français » qui ont tué Thomas à Crépol ont fini par être dévoilés. Mieux vaut tard que jamais, mais la parole eût évité les fantasmes nés du silence.
Pour ce qui concerne les civils gazaouis, il eût été difficile de fantasmer plus grave que la réalité. Quand la France a classé l’esclavage parmi les crimes contre l’humanité, elle s’est circonscrite à la traite transatlantique[6], bien que les esclavagistes arabes et africains aient été beaucoup plus graves en termes de victimes. La même cécité partielle volontaire semble à l’œuvre pour exempter la population gazaouie de sa complicité avec le Hamas.
Avec l’info mondialisée, l’aveuglement national est plus difficile
Le 26 novembre 2023, le Financial Times a publié une interview du Premier ministre-ministre des Affaires étrangères qatari. Les ondes du pavé que Mohammed Ben Abdel Rahman al-Thani a jeté dans la mare méditerranéenne finiront bien par se propager jusqu’à nos rives. « Pour étendre la trêve », a-t-il déclaré, « le Hamas doit retrouver des dizaines d’otages détenus par d’autres groupes islamistes et par des civils palestiniens[7]. »
Le ministre au carré est bien placé pour savoir ce qui se passe à Gaza, puisque son pays, soutien financier du Hamas, négocie avec son poulain la libération des otages israéliens.
Si l’aveu d’une multiplicité de complices dégage quelque peu la responsabilité de son pays, Sheikh Mohammed n’en reste pas moins optimiste : « le Jihad islamique palestinien, une autre faction militante de Gaza, se coordonne avec le Hamas pour la libération des otages ». On remarque en quels termes délicats le Qatari décrit le Jihad islamique… Quant aux civils gazaouis, qui sont probablement des militants hors faction, quelle influence a-t-il sur eux ?
Les victimes n’interdisent pas les complices
Outre le sondage dont nous avons déjà parlé dans ces colonnes[8], qui chiffre à 75% le soutien des civils gazaouis au Hamas, leur attitude lors du pogrome du 7 octobre et leur complicité dans le recel des otages laissent peu d’espoir pour un futur État palestinien paisible et démocratique.
Les 25% qui ne soutiennent pas le gouvernement Hamastique font sûrement partie de ceux qu’il utilise comme boucliers humains. Cela ne suffit pas pour justifier ce que Cheikh Mohammed voit comme un impératif : « que les Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie occupée aient un ‘horizon politique’ pour un État viable qui leur soit propre, pour pouvoir choisir leurs propres dirigeants et pour qu’un seul gouvernement administre les deux territoires ».
Rien ne les a empêchés, en 2005, de choisir Mahmoud Abbas pour un mandat de 4 ans dont il a déjà tiré 4 prolongations tacites. En 2006 à Gaza, leur choix du Hamas n’a pas empêché celui-ci de rompre, l’année suivante, tous les liens avec son supérieur hiérarchique, l’Autorité palestinienne, en tuant tous ses affidés.
De quelle manche le Sheikh Mohammed espère-t-il sortir « un seul gouvernement » pour « administrer les deux territoires » ?
Quelle est la différence entre un Sheikh et une voyante extra-lucide ?
La perspicacité du Sheikh est aussi battue en brèche, quand il affirme que « l’objectif déclaré d’Israël de détruire le Hamas et de l’éradiquer de Gaza n’est pas réaliste ». Si cela ne se produit pas, ce ne sera pas faute de capacité de l’armée israélienne, mais parce que la communication du Hamas aura payé et que les idiots utiles, fussent-ils président ou premier ministre, auront obtenu gain de cause.
Sheikh Mohammed n’a jamais déclaré trouver irréalistes les innombrables déclarations iraniennes classant l’éradication d’Israël en tête des objectifs de la République islamique d’Iran.
La différence entre le Sheikh et une voyante extra-lucide, c’est que Madame Irma ne se prend pas pour un Sheikh…
© Liliane Messika
Notes
[1] VIDÉO : https://youtu.be/Lvfkqiocz9I
[2] www.bfmtv.com/politique/gouvernement/elisabeth-borne-affirme-que-le-hamas-n-est-pas-le-peuple-palestinien_AV-202310230594.html
[3] www.assemblee-nationale.fr/dyn/16/textes/l16b1744_proposition-resolution.pdf
[4] Voir aussi l’article 7 de la Charte du Hamas : www.senat.fr/rap/r08-630/r08-630-annexe2.pdf
[5] www.freebeacon.com/national-security/just-as-cruel-as-the-terrorists-many-ordinary-palestinians-joined-in-hamass-atrocities-against-israel
[6] www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000000405369/
[7] www.ft.com/content/2f684109-ec6f-4db2-9304-ef620b2e46d2
[8] www.causeur.fr/hamas-abbas-autorite-palestinienne-ne-pas-changer-une-communication-qui-gagne-270239
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