Pourquoi j’étais et reste contre l’accord de cessez-le-feu négocié par le Qatar, pour Israël et le Hamas? Par Judith Bat-Or

La vérité qu’il est vital de ne pas oublier

Alors que l’État hébreu depuis sa création et sa reconnaissance par l’assemblée générale des Nations unies (il n’est pas inutile, malheureusement, de le rappeler), œuvre au développement de ses ressources humaines, technologiques et culturelles, les puissances arabes qui l’entourent sont fixées sur un objectif: la « solution finale » de la question israélienne, et pourquoi pas de la juive – car ne l’oublions pas de nombreux (in)dignitaires et criminels nazis ont fui vers ces mêmes pays, et formé leurs armées, voire leurs esprits. La solution finale de la question israélienne étant, ils ne s’en cachent pas, la destruction du pays, et l’élimination de sa population juive – tous des colons, tous des soldats – « de la rivière à la mer ».

Or, pour ma part, je crains que, si le 7 octobre s’inscrit dans cette optique, ce ne le soit pas seulement par le pogrom de ce jour-là. 

Depuis 2019, Israël se débat dans une crise politique quasi inextricable, cinq élections législatives ont eu lieu en quatre ans. Pendant ce temps, ses ennemis ont préparé un coup de maître, perfectionnant leur stratégie et fourbissant leurs armes. Concentré sur lui-même, et convaincu de sa puissance, Israël n’a rien vu venir.

Au lendemain du 7 octobre, le pays tout entier, de gauche à droite et de la base au sommet de l’État, proclame qu’on ne l’y prendrait plus. « Tous unis nous vaincrons » est le slogan que depuis ministres et généraux scandent à la fin de leurs discours. Nos dirigeants se sont aussi unanimement déclarés contre la « conceptsia », qui a guidé la politique israélienne à Gaza depuis le début du siècle.

La « conceptsia » ?

L’hypothèse selon laquelle en aidant à améliorer la qualité de la vie de nos voisins gazaouis, il nous serait possible de mettre fin au conflit. C’est ainsi qu’Israël a permis l’afflux à Gaza de milliards de dollars, lui a procuré de l’eau et de l’électricité, et a autorisé l’entrée sur son territoire national de travailleurs gazaouis, dont on sait aujourd’hui qu’ils ont transmis au Hamas des informations capitales, et qu’ils ont même pour certains participé aux pillages, voire aux massacres du 7 octobre.

Après ce sursaut de conscience et cette vague autocritique, nos dirigeants ont repris leurs postures habituelles. Déclarations de puissance, soutenues par des manœuvres militaires impressionnantes, menaces envers les ennemis… Rien de nouveau sous le soleil d’Israël. Tellement rien qu’on peut aisément imaginer que le Hamas n’en est aucunement surpris.

Et s’il avait, au contraire, compté sur ces réactions ? S’il les avait même escomptées ?

Les crimes odieux perpétrés contre des femmes et des enfants, le samedi 7 octobre, n’étaient nullement des dérapages d’individus isolés, ils faisaient partie du plan. Pourquoi les chefs du Hamas auraient-ils ordonné de telles abominations, connaissant la puissance de feu de l’État hébreu ? Pour le provoquer justement, même au prix de dizaines de milliers de morts gazaouis. Car ne l’oublions pas, seule compte la solution finale.

La prise d’otages, elle aussi, était commanditée. Dans un objectif précis que les commanditaires savaient à leur portée.

Car le Hamas connaît parfaitement son ennemi. Il savait qu’en Israël, hormis quelques irréductibles, personne ne croit plus en son Premier ministre. Il savait la population divisée, polarisée. Il savait les Israéliens rebelles et politisés. Mobilisés. Il savait qu’ils feraient pression sur leur gouvernement pour le retour des otages. À tout prix. Le plus vite possible. « Maintenant » ! Et une fois encore, il ne s’était pas trompé.

Le prix qu’Israël paiera, du moins dans un premier temps, pour le retour de seulement cinquante de ses otages est la libération de trois cents terroristes, qui seront relâchés à Jérusalem Est – autant dire devant ma porte – et un cessez-le-feu de quatre jours, auxquels pourront s’ajouter d’autres.

Je n’entre pas dans les détails de cet accord dangereux, mais si l’on pense que cela, cet accord, ce cessez-le-feu, était aussi prévu, ne peut-on pas, ne doit-on pas, envisager qu’il s’agit là seulement du premier acte d’un plan bien plus élaboré ? Que le Hezbollah, les Houthis et pourquoi pas l’Iran, après s’être amusés pendant le premier acte à feindre de ne pas vouloir se mêler au conflit, vont entrer dans la danse quand on les attendra le moins ? Que demain, après-demain, la suite viendra encore une fois nous surprendre au petit jour ? Dans nos maisons ? Dans nos lits ? Pourquoi pas à Jérusalem ? Que depuis le 7 octobre nous n’avons fait que jouer le jeu de nos ennemis ? Agi comme ils le souhaitaient ?

Mais Qui suis-je, moi l’Invisible, pour donner des leçons de guerre aux généraux d’armée ?

© Judith Bat-Or

Journal d’une Invisible -51-

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