Le quotidien… si dérisoire
Se décider à sortir de chez soi alors que tout est déphasé. Comme les cieux qui hésitent sur la saison à envoyer. Ni chaud, ni froid, ni Automne, ni Hiver. Fortes pluies, soleil puis un arc en ciel couleurs de l’espérance ? S’accrocher au moindre signe des cieux…
Attendre le bus tout en cherchant des yeux où peut se situer un mamad (un abri).
Sursauter au moindre son. Traverser le centre du village, parsemé de drapeaux, d’étendards qui te rendent fiers, de photos nominatives des otages, d’avis de décès, ce qui te crève le cœur et le gonfle de rage.
De nombreuses personnes âgées dans les Cafés. Quelques femmes jeunes aussi.
Tout est silence. Peu de circulation, pas de klaxons intempestifs, pas le moindre éclat entre automobilistes.
Penser: Vivement la fin de la guerre qu’on les ré-entende s’invectiver pour un feu rouge trop long.
Les oiseaux qui s’égosillent avant que le son d’une sirène leur cloue le bec.
Des collégiens si bruyants et hyperactifs d’habitude montent dans le bus sans se bousculer et sans même ce petit rire idiot d’adolescent.
Bruits de fond, la radio qui, chez chaque commerçant, diffuse les infos du front sans discontinuer et le ronronnement de drones qui rôdent au-dessus de la mer à la recherche d’une intrusion ennemie.
S’installer à la terrasse d’un Café, toujours en cherchant des yeux un mamad aux alentours.
Passer devant les vitrines des boutiques et ne rien y voir, moi pourtant la fashion victime.
Me dire qu’il me faut une paire de pantoufles pour l’hiver. Mais pourquoi une telle idée si dérisoire et anachronique puisque le temps s’est arrêté au 7 Octobre ?!
Finalement, acheter des pantoufles. L’heure n’est plus à l’élegance. Choisir celles, bottes de 7 lieues, qui me permettront de courir plus facilement vers le mamad de ma voisine.
Dérisoire quotidien… Am Israël Haï 🇮🇱🙏
© Céline Florea
La vie reprendra, il y aura du monde aux terrasses, les cafés rouvriront, les automobilistes s’engueuleront, les enfants se proméneront avec leurs parents, il fera beau.