Raphaël Nisand. Un verdict exemplaire

Un jugement ne fait pas le printemps.
Mais il faut reconnaitre que la décision rendue par la Chambre des comparutions immédiates du Tribunal correctionnel de Strasbourg le 17 novembre doit être saluée pour ce qu’elle est, une nouvelle volonté de fermeté de la justice.

Peu après le 7 octobre les murs de Strasbourg , certains commerces du quartier de Hautepierre, des palissades de chantiers, des trams de la CTS, des arrêts de bus Landsberg et Port du Rhin au sud de la ville avaient été progressivement couverts de tags et d’inscriptions haineuses telles que « JUIFS USA = CROIX GAMMÉE , MORT AUX JUIFS, GAZA V » etc.  

Ces inscriptions étaient très nombreuses et avaient provoqué les plaintes de nombreux commerçants et de la CTS.

Les faits tombaient sous le coup de trois incriminations : apologie de terrorisme, incitation à la haine raciale et dégradations mobilières à caractère racial. 

La police avait rondement mené les investigations. L’individu a pu être identifié grâce aux caméras de vidéo-protection, il a été placé en garde à vue, ce qui est déjà une mesure privative de liberté assez rare dans ce type de procédure.

Pendant sa garde à vue, une perquisition a permis de le confondre, des objets ayant servi aux tags étant saisis.

A l’issue de sa garde à vue le procureur décidait de le faire déférer devant ses services et de le faire passer en comparution immédiate.

A l’audience, le retraité né à Amman en 1961, naturalisé français, faisait état d’une profonde indignation à cause « des massacres à Gaza », disait que la télévision l’avait rendu fou et parlait des infractions commises comme des « petites bêtises ». 

Ses dénégations et minimisations n’ont pas convaincu le Tribunal, pas plus que le Parquet ou les Parties civiles.

S’agissant des Parties civiles il est à noter que la LICRA et SOS RACISME étaient présentes à l’audience et ont pris la parole dans le cadre de leur lutte contre l’antisémitisme.

Sans que l’on puisse faire de procès d’intention par abstention, on peut tout de même noter l’absence remarquée à ce procès du MRAP et LA LIGUE DES DROITS DE L’HOMME.

L’auteur des dégradations agissait seul. Le Tribunal a estimé que  ces agissements avaient été graves et prononçait une peine inhabituelle de 18 mois de prison ferme avec mandat de dépôt, ce qui veut dire qu’il a été placé en détention à l’issue de l’audience.

Il peut évidemment faire appel, mais cette décision montre déjà que de tels faits sont pris au sérieux par les pouvoirs publics et peuvent entraîner des sanctions exemplaires.

Cela montre aussi à l’opinion que l’explosion des infractions antisémites depuis le 7 octobre est une réalité tangible et que la France a décidé d’y répondre comme il se doit.

Il reste à espérer que cette sévérité et cette volonté de juguler la crise antisémite soient entendues et fassent office de prévention pour ceux qui tentent de souffler sur les braises.

© Raphaël Nisand

Chroniqueur sur Radio Judaïca

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