12-15 novembre
Je fais de mon cœur une boule d’acier
et de ses larmes une corrosive contre les tueurs et leurs sympathisants. Mon cœur se bat contre les moudjahidin embusqués ; ses pleurs se cachent dans les tréfonds. Je fais de mon esprit une arme redoutable qui traverse les murs, les écrans, les obstacles et pèse sur les débats qui touchent l’opinion qui influencent les puissances.
Nos soldats sondent les tunnels sous le sol maudit de Gaza ; je me gronde de passer de longues heures sur les ondes à sonder les commentaires. Mais je ne peux pas m’empêcher de scruter la parole des uns et des autres, l’oreille sur la gâchette, prête à tirer sur les bêtises, remplir les lacunes, féliciter les éclats de lumière. Je suis mon intuition.
J’étouffe la petite fierté de penser que nos allahou-akhbars sont moins nombreux que leurs compères londoniens et moins violents que leurs complices américains. Paul Kessler, tué à Los Angeles pour avoir voulu défendre l’honneur d’Israël, avait grandi à Scranton, Pennsylvania, la « grande ville » de ma famille d’immigrés dispersés dans les bourgs environnants. Il était, comme ma cousine D., élève au Central High et au Scranton Hebrew Day.
Le mur des lamentations des journalistes
Vous l’avez entendu ? « Le problème est qu’Israël bloque l’accès à Gaza aux journalistes indépendants. On n’a que des images fournies par Tsahal ou Hamas. » Les deux, également fiables, pareillement propagandistes ?
Qui a vu un journaliste indépendant à Gaza depuis 2006 ?
Ouf ! « Là, c’est un reportage de Reuters. Forcément fiable ».
Nous le savons depuis des décennies : Les Reuters, AFP, AP, et autres agences réputées sont, en territoire sous contrôle palestinien, des fixers, des gars du coin, inféodés.
Déjà en 2000, la RAI—soupçonnée à tort d’avoir filmé le lynchage de deux réservistes à Ramallah–a assuré l’Autorité palestinienne de son respect scrupuleux des conditions imposées.
Vous vous souvenez du cameraman de France 2 qui a eu la chance de passer en ligne de mire de la [mise en] scène al Dura ? L’illustre Talal Abou Rahme, prototype de cette nouvelle génération qui a trouvé plus succulent, le 7 octobre infâme, de débarquer avec les moujahidin dans le sud d’Israël. Embedded. Libres de capter en toute impunité les atrocités commises par leurs compatriotes.
Tout en sachant, vous cherchez tout de même à les dédouaner. « Ils n’ont pas franchi la frontière, n’ont pas photographié les pires atrocités ».
Ah bon ? Comment le savoir ?
Le blood libel al Dura a servi à blanchir les atrocités commises contre les Juifs au début du siècle par les bombes inhumaines du jihad-intifada mis en œuvre par le Fatah de Yasser Arafat, qu’on voudrait aujourd’hui déguiser en peacemaker, preuve que la solution à deux États était à deux doigts de se réaliser. Malheureusement, les méchants Israéliens n’en ont pas voulu. Pour diverses raisons, l’une plus louche que l’autre. Les colons, les colonies, la gourmandise, l’égoïsme, le mensonge.
La haine de la vie par Juif interposé suinte
Vengeance. Il a dit « vengeance ». Ça ne se fait pas dans nos contrées éclairées. Se défendre, oui, mais proprement et sans casse.
Les réponses bâclées à la question juive se déclinent en une large gamme, allant d’un Verus Israel laïque tout en politesse maladroite jusqu’à la haine exterminatrice qu’on a connue le 7 octobre.
Vous dites, avec un brin d’arrogance, « Israël ne pourra pas éradiquer le Hamas. C’est une idée ». Quelle idée !!! L’idée d’exterminer les Juifs partout et jusqu’au dernier. Si l’on ne peut pas l’éradiquer…
Vous nous mettez en garde, « Attention ! Une nouvelle génération, un nouveau Hamas, pire encore, poussera sur le sol de cette destruction [voir le côté gauche de l’écran], ce massacre des innocents ». Pire ? Pire que le Mal absolu ?
Vous nous rappelez qu’il ne suffira pas de tuer les commandants et les combattants du Hamas, parce que son esprit vit au cœur de la population. Cette population innocente qu’il ne faudrait pas toucher, ces boucliers humains dont vous renforcez l’efficacité.
Parce que, autrement et en fait déjà, dites-vous, Israël perd la guerre de la communication. Ces images diffusées en boucle– la désolation immobilière, le paysage lunaire, les bébés éjectés de leurs couveuses et éparpillés comme des bonbons– vous desservent. On entend des appels de plus en plus insistants pour un cessez-le-feu. Même l’allié inconditionnel américain…
Une arabisante équilibriste a dit sans honte que le Hamas utilise les hôpitaux comme des bases militaires [vrai] et les Israéliens les bombardent [faux] ; ainsi, les deux violent le droit international. D’ailleurs, elle a un scoop : les conversations téléphoniques en arabe diffusées par les autorités israéliennes pour étayer leurs arguments sont des fakes. « Ce ne sont pas des voix palestiniennes qui parlent ».
La boîte noire
Des boîtes noires à nos pieds et sur nos têtes.
On peut discourir à longueur de journée sur l’opération en cours à Gaza tout en évitant de s’informer auprès des open sources israéliennes. Il ne s’agit pas de croire, même pas de vérifier. Tout simplement de raconter ce qu’on a vu à quelques clics de son studio, de sa rédaction.
Boîte noire également sur les rassemblements qui disputent nos rues. Les propalestiniens arborant keffieh et drapeau palestinien, criant « Israël assassin, Macron complice », quand ce n’est pas allahou akhbar et « du fleuve à la mer », n’ont rien à voir avec le Hamas.
L’antisémitisme rejeté par quelques 200 000 personnes défilant en France le 12 novembre n’a rien à voir avec Israël. Il s’agit du bien-être de citoyens français de confession juive. Peu importe. C’est le nombre qu’on compte.
La métaphore des tunnels
« C’est le réseau le plus dense et le plus étendu jamais installé par une organisation terroriste ». Dans la petite bande de Gaza, sous le nez des autorités israéliens, derrière un blocus impitoyable, avec un apport des milliards en cash qatari, à travers le mélodrame de séquences de tirs de roquette et de ripostes proportionnées, une machine de conquête a poussé par magie.
Nous n’en avons pas honte ?
300 000 enragés pro-Hamas dans les rues de Londres ce weekend. Plus d’un millier d’actes antisémites en France, déclenchés non pas par la réponse militaire israélienne mais par le massacre des Juifs, le parfum de sang et la saveur enivrante de la cruauté absolue. Les campus américains occupés par des complices du Hamas. Les institutions de cette grande démocratie infiltrées par les Frères musulmans. L’ONU dominée par des puissances jihadistes. La douce France incapable d’expulser un OQTF qui viole mortellement des nonagénaires dans ses hôpitaux. L’Iran qui avance tranquillement vers le nucléaire militaire, les proxies qui agissent librement aux quatre coins du monde, la Russie qui martyrise l’Ukraine, les Islamistes qui ont pignon sur rue, le contrat social effiloché, partout des infrastructures meurtrières qu’on laisse s’épanouir en se berçant de paisibles illusions
Vous n’avez pas honte ?
Faute de grammaire
Un plaidoyer pour une pause humanitaire auquel manque le complément d’objet direct de la libération sans condition de tous les captifs. Le sujet qui déplore la détresse des civils gazaouis sans exhorter la Croix Rouge à rendre visite immédiatement aux kidnappés. Le passif des prématurés morts sans l’actif des bébés otages, des bébés décapités, brûlés vifs et pire encore.
C’est le même antisémitisme
Coller le signe juif sur ce qui dérange, déroute, dégoûte, perturbe, fait peur, fait pitié …
Nous ne sommes pas les mêmes Juifs
N’est-ce pas cette fameuse opinion internationale qui évolue au rythme de l’opération de Tsahal, frappée à son insu par le mélange inédit de puissance militaire, de finesse d’esprit et de bonté du cœur ? Oui, on va emporter ce combat sur tous les fronts. Ça se passe devant nos yeux. En temps réel. Oui, il y a des honnêtes gens qui cherchent à comprendre, à s’informer, à informer le public. On voit ceux qui avancent et ceux qui s’enfoncent.
Laissons une porte de sortie pour les nouveaux éclairés.
Je n’arrive pas à dompter mon espoir. Sur la petite page de Gaza, un chapitre immense de cette très longue histoire s’écrit.
P.S.
[16.11 /vers 14h : Sur une chaîne française, des commentateurs ironisent sur le « maigre butin du raid » à l’hôpital al-Shifa. « Il va falloir faire mieux »! Au même moment, sur i24 news, on annonce que les soldats y ont trouvé un ordinateur portable avec des vidéos des otages.]
© Nidra Poller
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