Le test du 7 Octobre 2023. Par Georges-Elia Sarfati*

Le réseau des Frères musulmans, et leurs prolongements dans toutes les fractions de l’internationale antijuive, dopant toutes les émanations d’une déconstruction nihiliste (post-colonialisme, wokisme, inclusivisme, critique intersectionnelle, etc.) doivent se réjouir des effets de leur long travail de sape, depuis l’éclosion, partout dans le monde occidental, des fruits de l’attaque terroriste du Hamas contre la population civile du Sud d’Israël. 

La date du 7 Octobre 2023 fut un révélateur, au sens chimique du terme, de l’ensemble des fractures sociétales

A n’en pas douter, la date du 7 Octobre 2023 fut un révélateur, au sens chimique du terme, de l’ensemble des fractures sociétales, cosmétiquement déniées par les demies-mesures, les renoncements et les cécités d’une civilisation à la dérive. 

À l’échelle des institutions internationales tout d’abord : s’il était besoin d’une énième mise à l’épreuve de son peu de crédit, l’Organisation des Nations Unies a tôt fait de reconduire le discours de la langue de bois, dans un énième geste de mise en minorité morale d’Israël, conduisant la délégation de ce pays à arborer l’étoile jaune, dans un élan de protestation jusqu’à nouvel ordre.  Il n’y a rien à attendre d’un espace diplomatique, dominé par une majorité automatiquement hostile, et qui vient de nommer à la tête du Forum social des Droits de l’Homme, un représentant de l’Iran. Le ridicule ne tue pas, puisque c’est aujourd’hui une théocratie policière qui donnera la mesure du respect de la dignité humaine, partout dans le monde. Si Alfred Jarry vivait à notre époque, il n’eut pas manqué d’ajouter cet épisode à sa pièce Ubu Roi, qui demeure un paradigme de la dérision et du cynisme politique. Corrélativement, l’Union Européenne, n’a pas non plus manqué de faire chorus, en adoptant une position des plus confuses, renvoyant pour ainsi dire dos à dos les agissements de l’islamo-sadisme et la réaction militaire de l’Etat d’Israël, de nouveau engagé dans une guerre de survie. Tellement engluée dans son idéologie aberrante du vivre-ensemble, au moment où il faudrait décréter l’état d’urgence, l’UE continue de se vautrer dans la démagogie, et chaque déplacement au Proche Orient de l’un de ses représentants, témoigne de ce que son voyage a surtout la valeur d’une démarche de politique intérieure, puisqu’il lui faut désormais veiller à empêcher une guerre civile dans son propre pays.

La fragilité de ce que Husserl appelait « l’humanité européenne » apparaît au grand jour

Le retentissement planétaire des exactions commises par le Hamas le 7 Octobre 2023 fait donc apparaître au grand jour – dans une clarté désormais quotidienne- la fragilité de ce que Husserl appelait « l’humanité européenne ». Je ne considérerai ici que le seul exemple de la France, dont je suis citoyen, puisque sa situation historique exemplaire – de patrie des Droits de l’Homme et de modèle fondateur d’un universalisme concret- est justement non moins exemplaire de cet état de crise, calculé de haute main, et finalement déclenché :

Le champ académique doit être nommé le premier, puisque dans la mouvance de sa politisation à partir de 1968, les universités, mais également les centres de recherche – notamment en lettres et sciences sociales- sont devenues les incubateurs de l’obsession antisioniste. Et davantage encore, les véritables laboratoires du nouvel antisémitisme : Sur ce chapitre, la mentalité de ce que l’écrivain Ph. Sollers, appelait « l’axe Vichy-Moscou » n’a jamais cessé de sévir : tout cet investissement critique, d’abord inspiré par la mémoire historique de la France (notamment l’Occupation, puis la guerre d’Algérie), projetée sur les lignes de force d’une histoire incomparable (l’histoire du sionisme et du refus arabe d’Israël) s’est peu à peu muée en revendication islamo-gauchiste, invariablement étayée sur une posture aussi revancharde que victimaire. Le refoulement en même temps que la célébration des exactions du Hamas confirme ce dévoiement constant ;

Le champ médiatique, celui des grands médias du service public, n’a pas peu contribué à étayer ce terreau, en infusant dans la mémoire collective les mensonges et les omissions tactiques du faux et haineux narratif palestinien. Nous savons depuis longtemps que ce choix culturel fut la contrepartie de la crise pétrolière consécutive à la Guerre de Kippur. Les nations européennes ont du ratifier avec les Etats pétroliers un pacte aux termes duquel leur survie énergétique devait se payer de l’abandon et du dénigrement organisé et constant de l’Etat d’Israël, ce qui allait nécessairement de pair avec le ternissement de la cause sioniste, mais sans doute aussi, à terme, avec la dégradation de l’acquis des Lumières. L’interprétation relativiste de l’abomination du 7 Octobre confirme cette tradition d’imbécilité ;

Le champ des réseaux sociaux, secteur privilégié de l’expression individuelle et privée, ont exprimé, là encore, le caractère très prononcé des lignes de force qui partagent le pays. Les contenus en circulation aussi libre qu’erratiques mettent aux prises des paroles déliées de toute censure. En l’espèce, l’expression de la connivence meurtrière le dispute à des esquisses de contre-discours, qui demeurent largement minoritaires. Dans la France d’après le 7 Octobre, il est dangereux de souligner que le Hamas n’est pas mouvement de résistance. Cette lâche valorisation de la haine et de la terreur voisine dans l’impunité de ces espaces privilégiés de l’anonymat avec la déréalisation et l’indignité : négationnisme, apologie du terrorisme, fantasmes sadiens. Ce déchaînement de signes ensauvagés concrétisent les ferments d’une guerre civile dont les signes se devinent à travers d’autres signes ;

Le champ de l’imaginaire social, constant reflet de la double pression qu’exerce sur ses contenus la politique et l’information, s’est trouvé grevé de ses ressorts critiques, puisque l’histoire voulue par les gouvernements successifs a déterminé le déracinement identitaire du pays, en laissant libre cours à une vulgate anti-israélienne, qui tient lieu de connaissance historique à plusieurs générations d’incultes, désormais embrigadés par les franges les plus obscures d’une immigration, non seulement incontrôlée, mais plus grave encore d’une immigration inconditionnelle, c’est-à-dire d’un processus d’accueil de groupes exogènes ne répondant à aucune condition préalable justifiant leur venue. Le refus de voir que l’idéologie du Hamas est véhiculée par la grande majorité des « pro-palestiniens » indique que sur notre sol peuvent de nouveau se produire des exactions comme celles du 7 Octobre ; 

Le champ parlementaire, également reflet électoral des rapports de force du pays, a aussi laissé éclater des divisions plus profondes que les divergences relatives aux choix de société, puisque par ses prises de position, une mouvance en particulier, celle de la France Insoumise, a montré au monde que n’avait jamais cessé d’exister dans notre pays, une gauche antisémite, digne héritière d’Edouard Drumont, l’auteur de La France juive – en son temps député socialiste d’Alger-, mais aussi héritière de nombre de représentants de la gauche d’entre-deux guerre, qui se fourvoyèrent dans la collaboration. Les déclarations des figures de proue de La France insoumise…aux valeurs fondatrices de la République Française confirme leur haine ou leur indifférence coupable à l’égard des assassinés et des otages du 7 Octobre ;

Le champ de l’exécutif en tant qu’instance institutionnelle distinctive de l’état d’efficience du pouvoir – par l’idée qu’il se fait de ses attributions mais aussi par les moyens qu’il se donne (ou non) d’assurer la paix sociale- a lui aussi montré à quelles limites objectives il se heurtait : sur le chapitre des décisions pratiques à prendre en face des atteintes à l’ordre public, et des expressions non dissimulées d’appel à la subversion des principes de la République, l’exécutif se montre hésitant, preuve qu’il a été mécaniquement amené à se dissocier de son autorité régalienne. La difficulté étatique à contenir ce danger démontre la vitalité, sur le sol de France, de l’idéologie qui a conduit aux tueries antisémites du 7 Octobre ;

La saturation du champ socio-politique et socio-culturel national par un ensemble de facteurs de délitement issus des principaux pôles de l’édifice national, témoigne de l’efficacité de la guerre psychologique qui a été menée au nom du vivre-ensemble à la mémoire du signifiant juif, érigeant à la place de l’universalisme hébraïque et grec la culture du simplisme, le culte renouvelé du préjugé et de la violence.                                                                                                       

© Georges-Elia Sarfati*

*Georges-Elia Sarfati est philosophe, linguiste, psychanalyste, co-fondateur du Réseau d’étude des discours institutionnels et politiques, directeur de l’Ecole française d’analyse et de thérapie existentielles (www.efrate.org), fondateur de l’Université Populaire de Jérusalem.

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