L’idée d’un « partage » juste de la terre entre Juifs et Arabes pour régler le conflit israélo palestinien fait un retour en force. Un “État palestinien” ? Mais quelle erreur !!
Le “partage” de la terre est considéré par toutes les chancelleries occidentales comme la pierre angulaire de la paix au Proche Orient. Et depuis un siècle, diplomates et chefs d’Etat se sont échinés à tracer des lignes de “partage” entre Juifs et Arabes. Pourtant, de cette idée simple et de bon sens, il n’est jamais sorti autre chose que la guerre et la rancœur.
Les premières tentatives de “partage” ont eu lieu sous le Mandat britannique. La Grande Bretagne chargée de réaliser la promesse Balfour de créer un foyer national juif en Palestine s’est heurté à l’hostilité arabe immédiatement. Réflexe immédiat, la Grande Bretagne a entrepris de restreindre l’immigration juive.
– 1929. Le premier plan de partage est celui de Horatio St. John Philby, haut fonctionnaire britannique qui imagine la Palestine comme une entité arabe ou les Juifs, minoritaires, auraient leurs droits préservés. David Ben Gourion a expliqué à Philby que les Juifs n’étaient pas venus en Palestine pour se retrouver en position de minoritaires.
– 1930. Le gouvernement britannique met en place la Commission Shaw qui propose le statu quo, à commencer par le gel de l’immigration juive. La même année, un autre rapport dit Rapport Simpson affirme que l’immigration juive et les achats de terre par les organisations sionistes sont préjudiciables aux intérêts arabes. L’immigration juive en Palestine est donc ralentie.
– 1933. Le rapport French étudie les questions foncières entre juifs et arabes et préconise de restreindre l’immigration juive en Palestine en raison du chômage provoqué chez les Arabes par les achats de terres sionistes. Les riches propriétaires arabes et/ou turcs vendaient leurs terres et licenciaient leurs ouvriers agricoles arabes.
– En 1936, Nuri Said, ministre des Affaires étrangères irakien, propose une fédération de Palestine, qui irait de la Transjordanie à l’Irak. Quelques cantons – à l’immigration soigneusement limitée – seront dédiés aux Juifs. Une fuite orchestrée dans la presse fait capoter le projet.
– En 1937, la commission Peel propose le partage de la Palestine mandataire en trois entités séparées. Les lieux saints sont autonomisés (sur demande du Vatican) et deux zones sont créées en fonction des densités de populations, l’une pour les Arabes, l’autre pour les Juifs. L’État juif proposé par la commission Peel fait 5 000 kilomètres carrés et ne comprend pas les quartiers juifs de Jérusalem (70 000 Juifs sur les 400 000 vivant en Palestine). Les Juifs acceptent le partage mais les Arabes le refusent.
– Le 23 décembre 1937, une nouvelle commission britannique, appelée Hyamson-Newcombe, a été mise en place, qui en janvier 1938, propose une partition. Le mufti rejette l’idée de partition et propose d’interdire toute immigration juive.
– En 1938, la Commission Woodhead a proposé une partition dans laquelle le projet d’État juif a été réduit par rapport au plan Peel. Les Arabes refusent toute idée de partition.
– 1939. La Conférence Saint James s’ouvre à Londres entre février et mars 1939. Mais le refus des Arabes de discuter de la “partition” et même de s’asseoir aux côtés des représentants de l’Agence juive a fait échouer la conférence, qui a été ajournée sans résultat.
– Le 2 juillet 1943, le cabinet de guerre examine une dizaine de mémorandums sur la Palestine. Certains proposent de transporter le foyer national juif en Cyrénaïque et d’autres proposent de donner la plus grande partie de la Palestine à l’État juif. Aucune stratégie ne sort de cet examen.
– 1945. Le premier ministre Bevin propose une union fédérale entre la Transjordanie et la Palestine sous la souveraineté d’Abdallah. Rejet des sionistes.
– 1946. Le Plan Morrison Grady propose un nouveau partage avec des frontières juives qui passent par Jérusalem et le Néguev, mais les Arabes ne veulent pas de partage.
– 1947. Le Plan Bevin du nom du ministre britannique des affaires étrangères succède au plan Morrisson – Grady. Ce plan-là aussi est rejeté.Lasse de ses échecs successifs, la Grande-Bretagne s’en remet à l’ONU pour le futur du la Palestine.
L’Assemblée Générale de l’ONU votera le 29 novembre 1947 la résolution n°181 qui partage la Palestine en deux États, un pour les Arabes, l’autre pour les Juifs. Les Arabes refusent le partage et déclarent la guerre.
– 1948. Guerre d’indépendance d’Israël, défaite des pays arabes, exil de 700 000 Arabes de Palestine.
Les pays arabes refusent la paix et le partage et il en sort deux autres guerres en 1967 et 1973.
Comprenant qu’ils ne vaincraient pas militairement, les Arabes signent la paix avec Israël mais transfèrent le refus de partage aux Palestiniens. Ce sont eux qu’il faut convaincre de vivre en paix à côté des Juifs.
– 1978. Accords de Camp David et signature d’un traité de paix entre l’Egypte et Israël. Echec d’un accord qui règlerait définitivement le « problème palestinien » et les droits de propriété sur Gaza et la Cisjordanie.
– 1982. L’initiative Reagan tente d’associer la Jordanie au règlement du conflit avec les Palestiniens. Echec.
– 2000. Plan Clinton. Tout est partagé en deux – au caillou près- entre les Israéliens et les Palestiniens. Echec. Déclenchement de la seconde Intifada.
– 2003. Accord de paix de Genève dit Plan Beilin – Rabbo. Cet Accord de Genève consacre les 13 clauses de son Article 6 à Jérusalem qui deviendrait la capitale des deux États. Echec
– 2005. Les Israéliens se retirent de Gaza. Pour les Palestiniens, la preuve est faite que le partage est inutile, il suffit d’attendre pour obtenir tout le territoire.
– 27 novembre 2007 – Déclaration d’Annapolis. Lancement d’une conférence réunissant l’OLP, Israël, et les Etats Unis en vue d’un plan de partage. Sans résultat.
– 2008. Plan Olmert. Refus de signer de Mahmoud Abbas qui estime qu’il obtiendra mieux de Barack Obama.
– 2014. Échec du plan de partage proposé par John Kerry et Barack Obama.
Le bilan de ce siècle de partages avortés est que les Arabes ont constamment refusé le partage et que les juifs ont constamment refusé d’être un protectorat soumis à un quelconque régime arabe. La conclusion est simple : l’idée de partage de la terre ne fait pas partie de la culture islamique. Le monde musulman juge insupportable d’avoir à traiter d’égal à égal avec les Juifs tandis que les Juifs, et là aussi c’est une constante, ont refusé de se retrouver en position de minorité dans une société arabes qui ne prévoit pas d’égalité pour les religions minoritaires.
La seule explication de ce refus obstiné du partage par les Musulmans est religieuse. Pour les musulmans, les Juifs ont certes été le peuple élu par Dieu, et le Coran mentionne explicitement le don de la terre de Canaan aux Hébreux. Mais ce don a eu lieu une fois. La destruction de l’Etat hébreu par les Romains en l’an 50 a représenté une punition divine. Allah en a décidé ainsi. Pour les Musulmans, les Juifs mais aussi les Chrétiens ont trahi la parole d’Allah, par conséquent, aucun musulman ne saurait traiter d’égal à égal avec eux.
Parler de partage, instaurer une égalité entre Juifs et Arabes ne saurait mener qu’à la guerre. Allah ne saurait avoir fait don de la terre de Canaan deux fois aux Hébreux. Car cela signifie qu’il pourrait y avoir, vivant côte à côte, deux peuples élus. Pour les musulmans, une telle idée est insupportable. La réapparition d’Israël en 1947 ne saurait avoir été l’œuvre d’Allah ; elle ne peut avoir été que l’œuvre du diable, le Sheitan.
Cela ne signifie pas que la paix est impossible. Cela signifie seulement qu’elle ne passe pas par le partage.
© Yves Mamou
Version anglaise
Sharing Palestine between Jews and Arabs? An idea from the Devil!
The idea of a just “division” or “sharing” of the land between Jews and Arabs has, for several decades, been considered the cornerstone of peace in the Middle East. In vain as everybody has noticed. Anyway, with a strong optimism the Biden administration put back on the table the idea of “sharing” the land between Israel and the Palestinians as the “only valid solution for a just and lasting peace” in the Middle East.
Secretary of State Anthony Blinken also advocated in favor of “sharing” at a press conference held on 25 May in Jerusalem. And the boycott of the Jewish inhabitants of Judea and Samaria (the famous “occupied territories”) by the American Ben&Jerry ice cream maker is said to be an attempt to preserve the “two-state solution”.
The idea that peace must be a logical consequence of sharing is a century old. For a century, diplomats and heads of state have multiplied the efforts to draw borders and separations to bring peace between Jews and Arabs. The only thing they have produced is war and resentment.
The first attempts at “partition” took place under the British Mandate (1918-1947). Britain, charged with fulfilling the Balfour promise to create a Jewish national home in Palestine, encountered a strong local Arab hostility. The British rule of division that prevailed at the time was that it was less risky to reduce Jewish immigration to Palestine. Some dates:
– 1929. The first partition plan was that of Horatio St. John Philby, a senior British official who imagined an Arab entity where the Jews, as a minority, would have their rights preserved. David Ben-Gurion explained to Philby that the Jews had not come to Palestine to find themselves in a minority position.
– 1930. The British government set up the Shaw Commission to try to understand the causes of the conflict between Jews and Arabs. The Shaw Commission’s report proposes the status quo: a freeze on Jewish immigration. Another report called The Simpson Report stated that Jewish immigration and land purchases by Zionist organizations are detrimental to Arab interests. Jewish immigration to Palestine was thus slowed down.
– 1933. Another British report, the French report examined land issues between Jews and Arabs and advocated a restricted Jewish immigration to Palestine because of the unemployment caused among Arabs by Zionist land purchases. Wealthy Arab and/or Turkish landowners sold their land to the sionists buyers and laid off their Arab farm workers.
– In 1936, Nuri Said, Iraqi Foreign Minister, proposed a federation of Palestine, which would go from Transjordan to Iraq. Some cantons – with carefully limited immigration – will be dedicated to the Jews. An orchestrated leak in the press derailed the project.
From 1937 onwards, the Jewish immigration having intensified, Great Britain opted then for a division of the land between Jews and Arabs. But with very few success.
– In 1937, the Peel Commission proposed the division of Mandatory Palestine into three separate entities. The holy places are empowered (at the request of the Vatican) and two zones are created according to population densities, one for Arabs, the other for Jews. The Jewish state proposed by the Peel Commission is 5,000 square kilometres and does not include the Jewish quarters of Jerusalem (70,000 Jews out of the 400,000 living in Palestine). The Jews accepted the partition, but the Arabs refused.
– On 23 December 1937, a new British commission, called Hyamson-Newcombe, was formed, which gave its conclusions at the beginning of January 1938. The observation is without appeal: the Mufti refuses the idea of sharing and any additional Jewish immigration while the Zionist leadership manifests its refusal of any other solution than sharing.
– In 1938, the Woodhead Commission proposed a partition in which the Jewish state was reduced compared to the Peel Plan. Despite an extension of the borders proposed to the Arabs, the latter reject the idea of sharing. – 1939. The Saint James Conference opened in London between February and March 1939. But the refusal of the Arabs to discuss a “sharing” and even to sit next to the representatives of the Jewish Agency derailed the conference, which was adjourned without result.
– On July 2, 1943, the war cabinet examines a dozen memoranda on Palestine. Some propose to transport the Jewish national home to Cyrenaica and others propose to give most of Palestine to the Jewish state. There is no strategy that emerges from this review.
– 1945. Prime Minister Bevin proposes a federal union between Transjordan and Palestine under the sovereignty of Abdullah. Rejection of the Zionists.
– 1946. The Morrison Grady Plan proposes a new division with Jewish borders that pass-through Jerusalem and the Negev, but the Arabs refuse any sharing.
– 1947. The Bevin Plan, named after the British Foreign Secretary, succeeds the Morrisson – Grady Plan. That, too, was rejected. Tired of its successive failures, Britain is relying on the UN for the future of Palestine. On 29 November 1947, the UN General Assembly passed Resolution No. 181, which divided Palestine into two states, one for the Arabs and the other for the Jews. Again, the Arabs refused to share and déclared the war. 1948 is the year of Israel’s war of independence. Five arab armies were defeated and 700,000 Arabs from Palestine choose to exile.
The Arabs’ refusal to partition produced two more wars in 1967 and 1973.
Understanding that they would not win militarily, the Arabs signed peace with Israel but transferred the refusal of partition to the Palestinians. They are the ones who must be convinced to live in peace alongside the Jews.
– 1978. Camp David Accords and signing of a peace treaty between Egypt and Israel. Failure of an agreement that would definitively settle the “Palestinian problem” and the property rights over Gaza and the West Bank.
– 1982. Reagan Initiative attempts to involve Jordan in resolving the conflict with the Palestinians. Unsuccessful.
– 2000. Clinton Plan. Everything is divided in two – to the nearest pebble – between the Israelis and the Palestinians. Failure. Outbreak of the second Intifada.
– 2003 Geneva peace agreement known as the Beilin – Rabbo Plan. The Geneva Agreement devotes all 13 clauses of its Article 6 to Jerusalem, which would become the capital of the two states. Failure.
– 2005. Israelis withdraw from Gaza. For the Palestinians, the proof is in the pudding that partition is useless, it is enough to wait to obtain all the territory.
November 27, 2007 – Annapolis Declaration. Launch of a conference between the PLO, Israel, and the United States for a partition plan. No result.
– 2008 Olmert plan. Mahmoud Abbas refuses to sign, believing that he will get more from Barack Obama.
– 2014. Failure of the partition plan proposed by John Kerry and Barack Obama.
After almost a century of sharing tentative, the conclusion is simple: the idea of sharing the land is not part of the Islamic culture. The Muslim world finds it unbearable to have to deal with the Jews as equals, while the Jews, and this is also a constant, have refused to find themselves in a minority position in an Arab society that does not provide for equality for minority religions.
The only explanation for this stubborn refusal to share by Muslims is religious. For Muslims, the Jews were indeed God’s chosen people, and the Koran explicitly mentions the gift of the land of Canaan to the Hebrews. But this gift was given once. The destruction of the Hebrew state by the Romans in 50 was a divine punishment. It was Allah’s decision. For Muslims, not only the Jews but also the Christians have betrayed the word of Allah, therefore, no Muslim can deal with them as equals.
Talking about sharing, establishing equality between Jews and Arabs can only lead to war because there cannot be two chosen peoples. There is only one and Allah cannot give the land of Canaan to the Hebrews twice. For Muslims, the reappearance of Israel in 1947 is not the work of Allah, it is the masterpiece of the devil, the Sheitan, it cannot be otherwise. That’s why the simple idea of “sharing” is so repulsive for any real Muslim.
This does not mean that peace is impossible. It only means that it cannot be achieved through partition.
© Yves Mamou
Macron et son compere melenchon pourraient faire un effort : le 93, le 94 , le 95 , venissieux , marseille ou nice nord sont des califats franco musulmans prets a recevoir ces chers petits gazaouis dans la tourmente ! C est vrai que le gouvernement français n est deja plus le patron pour toutes ces regions exterieures au pays , peut etre que le recteur de la grand mosquee peut decider lui …..
Merci Y. Mamou pour cet article qui remet très bien les choses en perspective ; je me permettrais toutefois d’ajouter un élément qui me semble fondamental et qui est le point de départ, c’est à dire la conférence de San Rémo en mai 1920 au cours de laquelle la SDN (ex ONU) donne mandat aux Britanniques pour établir un état juif en Palestine ottomane vieille de 450 ans, soit sur la totalité de ce territoire ; il en ressort la création de la TransJordanie arabe (sous protectorat anglais) sur 75 % du territoire de la Palestine ottomane et pas d’état juif suite au 1er refus arabe ; à partir de là, la Palestine sous mandat ne représente plus que 25 ¨% de la Palestine ottomane, et c’est sur ces 25 % que tous les refus arabes vont se succéder depuis un siècle.
En 1951, La Transjordanie a annexé la Cisjordanie et est devenue la Jordanie et personne n’a protesté : ou était le « peuple palestinien « ? La Jordanie c’est 4 fois la superficie d’Israël et sa population même sa reine est de la même origine que les palestiniens une confédération jordano-palestinienne serait possible s’ils voulaient vraiment la paix