L’extraordinaire avancée vers la paix israélo-arabe qu’ont constitué les Accords d’Abraham avaient, d’une certaine manière, relégué dans l’ombre le différend entre l’État juif et les Palestiniens. La tragédie de l’horrible pogrom du 7 octobre 2023 a replacé cette problématique sur le devant de la scène. C’est pourquoi, pour une bonne compréhension du sujet, il est bon de se poser la question : mais d’où viennent donc les Palestiniens ?
Mohammed Abdel Rahman Abdel Raouf Arafat Al Qudua Al Husseini, alias Yasser Arafat, s’évertuait, en son temps, à prétendre que les Palestiniens descendent des Jébuséens, voire des Cananéens. Ce fils d’un riche effendi égyptien, négociant en blé et fromages, Abdel Raouf Arafat, était né au Caire, en août 1929. Et si sa mère, issue de la famille Abou Saoud, de Jérusalem, était bien d’origine palestinienne, le chef de l’OLP, était, tout compte fait, un Égyptien de naissance (1). Le mythe d’un Arafat né à Jérusalem a la vie dure. Ainsi, dans Le Monde des 7-8 novembre 2004, on peut lire, sous la plume de Dominique Le Guilledoux : « Pour les Palestiniens de Gaza, il n’y a aucun doute : Yasser Arafat doit être enterré à Jérusalem, sa ville natale ». L’ambiguïté a été entretenue par les autorités françaises à la mort d’Arafat le 11 novembre 2004. Se basant sur un livret de famille présenté par la veuve du Raïs, Souha Arafat, la mairie de Clamart (Hauts-de-Seine), a délivré un acte de décès mentionnant une naissance d’Arafat à Jérusalem. L’État hébreu avait alors protesté avec vigueur. En mai 2005, apostrophé à ce sujet par Claude Goasguen, député de Paris, le ministre de la Justice, Dominique Perben, avait refusé de mettre en cause l’acte de décès d’Arafat (2). Parmi les dirigeants Palestiniens qui, comme Arafat, se plaisaient à inventer littéralement une origine des Palestiniens, Shahid Alam qui affirmait : « Nous avons des racines cananéennes plus anciennes qu’Isaïe, Ezéchiel, David et Moïse ». (3). Et pour Haider Abdel Shafi, chef de la délégation palestinienne aux pourparlers de paix, la cause était entendue : « Les Palestiniens sont le peuple autochtone de la Palestine. Ils sont les descendants des tribus sémites qui sont venues et qui ont habité le territoire palestinien pendant des milliers et des milliers d’années, certainement longtemps avant qu’Abraham mette le pied sur ce territoire » (4). La vérité, on va le voir, est tout autre.
Une chose est sûre : sous le pouvoir chrétien puis sous l’empire ottoman, les Juifs ont été empêchés de rejoindre la terre de leurs ancêtres. Les Chrétiens ont fortement favorisé la venue de leurs coreligionnaires en limitant drastiquement celle des Juifs et, en 1878, une loi ottomane concède des terres au colons musulmans, les muhadjir en leur accordant douze ans d’exemption de taxes et de service militaire. Des terres furent ainsi données dans le Carmel et en Galilée, dans la plaine du Sharon et à Césarée à des Musulmans venus de Bosnie, d’Herzégovine, à des Géorgiens, des Marocains, des Turkmènes, des Tcherkesses, des Égyptiens et des Algériens (5). Ils s’ajoutèrent aux tribus bédouines d’implantation plus ancienne. Il aura fallu le dynamisme des pionniers juifs, fermiers et défricheurs, pour voir, dans le sillage de la prospérité et du bien-être introduit par les sionistes, des familles arabes venir des pays voisins : Syrie, Égypte, Liban, Irak…à la recherche d’emplois. Une étude montre que, par exemple, pour la ville de Rishon-Le-Tzion, chaque famille juive a attiré dans son sillage dix familles arabes venues d’ailleurs (6).
L’historien israélien Arieh Avneri note que de 1922 à 1947, la population arabe est en forte croissance dans les régions où les Juifs sont majoritaires. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : +290% à Haïfa, +158% à Jaffa, +131% à Jérusalem. Alors que dans les régions où les Juifs sont moins présents, cette croissance n’est en moyenne que de 50% (7). En 1943, l’historien Ernst Frankenstein écrivait qu’au moins 25% des Arabes vivant en Palestine en 1882 étaient des nouveaux venus (8). Dès 1922, l’Encyclopedia Brittanica rapportait que la diversité d’origine des populations palestiniennes non-juives était telle qu’on parlait quelque cinquante langues différentes dans le pays ».
Si l’on peut considérer que la formule de Theodor Herzl : « Une terre sans peuple pour un peuple sans terre » n’était pas conforme à une certaine réalité, force est de constater que la présence des Palestiniens sur ce territoire est relativement récente.
Shimon Peres expliquait ; « Les Palestiniens disent : ‘C’est ici notre terre’. Nous leur rétorquons : ‘Certes, mais depuis quand ?’. Et nous ajoutons : ‘Vous revendiquez, titres de propriété en mains, une présence de quatre cents années. Soit, mais de notre côté, nous pouvons arguer, avec des titres de propriété tout aussi honorables, d’une présence de quatre mille ans » (9).
C’est incontestable : compte tenu de l’implantation relativement récente en Palestine, de la plus grande partie des Arabes et en considérant que le retour à Sion est inscrit dans la liturgie juive depuis plus de deux mille ans au cours desquels, les Juifs ont psalmodié sans relâche avec foi et détermination : « L’an prochain à Jérusalem », le droit des Juifs de vivre en terre d’Israël dans l’État qu’ils ont bâti à la force du poignet, est au moins aussi légitime que celui des Arabes palestiniens à disposer d’un État indépendant. Et ce n’est pas par la barbarie du Hamas que ces derniers y parviendront. Il faut espérer que la raison finira par l’emporter.
© Jean-Pierre Allali
Notes
- 1. Voir, notamment, à ce sujet la biographie du personnage par Marco Koskas : « Arafat ou le Palestinien imaginaire ». Éditions JC Lattès, 1994.
- 2. Actualité Juive n°888 du 5 mai 2005.
- 3. in Alan Dershowitz : « Le droit d’Israël. Pour une défense équitable ». Éditions Eska ; 2004.
- 4. In Alan Dershowitz. Ouvrage cité.
- 5. L. Oliphant: « Haifa or life in modern Palestine. (18872-1885) ». Londres, 1885, Jérusalem, 1976.
- 6. In Alan Dershowitz. Ouvrage cité.
- 7. In Emmanuel Navon : « Sionisme et vérité. Plaidoyer pour l’État juif ». Revue Outre-Terre n°9. Novembre 2004.
- 8. In Emmanuel Navon. Ouvrage cité.
- 9. Shimon Peres et Jean-Pierre Allali : « Un temps pour la guerre, un temps pour la paix ». Éditions Robert Laffont, 2003.
Il suffit de lire les noms de famille de beaucoup de ces ” palestiniens ” pour decouvrir des racines plus lointaines .
Comme l a dit avec raison Mansour Abbas , nos deux nationalismes se sont heurtés sur cette terre ( sionisme et nationalisme arabe ) mais ” nous avons perdu ”
Cet homme a raison , les nationalistes arabes ont perdu 2 fois :
1 fois car Les sionistes se sont maintenus malgré les attaques et les guerres
1 autre fois car les islamistes les ont supplantés et reclament desormais ouvertement la destruction d Israel
Donc , l etat ” palestinien ” est un mythe enterré definitivement .