Tribune Juive

Yves Mamou. Comment les Palestiniens ont kidnappé la Shoah

Par un astucieux tour de passe-passe, les islamistes palestiniens se font passer pour des victimes ontologiques : ils seraient les nouveaux juifs du Moyen Orient. Corollaire de cette galéjade : les Israéliens seraient devenus des nazis.

Le 22 octobre, un manifestant parisien qui brandissait une pancarte « sionisme égale nazisme » a été placé en garde à vue pour « incitation à la haine ». Le 29 octobre Guillaume Meurice, humoriste salarié de Radio France, a déclaré sur France Inter que Benjamin Netanyahou était « une sorte de nazi, sans prépuce ». Le 31 octobre, sur X (ex-Twitter), le médaillé olympique en athlétisme Mahiedine Mekhissi, a posté : »Hitler c’est un enfant de chœur à côté de Netanyahou ». Il a ajouté à son message des mots tels que « Nazisrael », « IsraeliNewNazism », ou « sionistes ». 

Aux États Unis, les campus sont bourrés d’étudiants qui croient que Gaza est « une prison à ciel ouvert » (autrement dit, un camp de concentration), et qui signent des manifestes affirmant qu’Israel pratique l’apartheid. 

Au lendemain du pogrom qui a vu des centaines de miliciens du Hamas amputer, éviscérer, décapiter, bruler vif des femmes, des bébés et des vieillards uniquement parce qu’ils étaient juifs, une vague hostile déferle sur l’Europe et les États Unis. Cette vague n’est pas hostile à l’islam ou à la Palestine. Elle est hostile aux juifs. Cette vague antijuive réaffirme ce qui se dit depuis de nombreuses années déjà, que les juifs d’Israel, ne sont pas des victimes, n’ont jamais été des victimes, ils sont les nouveaux nazis du Moyen Orient.

Juif=nazi

 Cette effroyable inversion (Palestinien=juif persécuté par les juifs) est le résultat d’une stratégie palestinienne qui a ciblé la culpabilité européenne envers la Shoah, et a entrepris de la retourner en agressivité contre les juifs et Israel.  

À partir des années 1980, un discours palestinien innovant s’est mis en place qui a pris la forme suivante : les Juifs ont été victimes hier d’un horrible crime raciste ; mais aujourd’hui, ils portent l’uniforme du bourreau et se comportent vis-à-vis du peuple palestinien comme les nazis se sont comportés avec les Juifs. 

Cette présentation du sionisme comme un « racisme » a été le tournant d’une stratégie de délégitimation dont nous voyons les effets en Europe et aux États Unis, vingt ans plus tard : des foules manifestent leur soutien à une organisation terroriste et des étudiants considèrent que les Israéliens se comportent comme les Africains du sud blancs à l’époque de l’apartheid. Cette stratégie de délégitimation qui visait une Europe très culpabilisée par la Shoah a démarré lentement. 

Mais à partir de la fin des années 1990, le mouvement s’accélère. 

 « Les Palestiniens se sont vu infliger les mêmes douleurs que celles qui ont été infligées aux juifs pendant deux mille cinq cents ans », écrira en 1998 le journaliste palestino-américano-jordanien Rami Khouri. 

Le mimétisme victimaire devient offensif

 Le problème n’est pas que les Palestiniens divaguent ; le problème est que le monde entier accompagne leurs divagations.

Ce renversement idéologique qui a vu une population fabriquée de toutes pièces, les Palestiniens, se faire passer pour les juifs du Moyen Orient a payé. Le 15 mai 2007, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a téléphoné au président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, pour exprimer son « soutien » au peuple palestinien en ce jour de commémoration de la « Nakba ». En agissant ainsi, le président de l’ONU a exprimé officiellement ses regrets que les Arabes n’aient pas détruit l’État hébreu que l’ONU avait lui-même institué en 1948. En 2016, John Kerry, secrétaire d’État du président Barack Obama, a déclaré qu’en 2018, « quand les Israéliens fêteront le 70e anniversaire de la naissance de leur État, les Palestiniens fêteront le 70e anniversaire de ce qu’ils appellent la Nakba ». En mai 2017, le mouvement terroriste Hamas a remercié le chef du parti travailliste britannique, Jeremy Corbyn, pour sa solidarité à l’occasion de la commémoration du 69e anniversaire de la Nakba, ce jour de deuil que représente la naissance de l’État d’Israël. 

L’Organisation des Nations unies a émis une centaine de résolutions en faveur des réfugiés palestiniens, mais aucune n’a jamais été émise en faveur du million de Juifs expulsés des pays arabes. Même en Israël, des Juifs de gauche et d’extrême gauche ont repris à leur compte le discours victimaire des Palestiniens, accusant leur pays de se comporter comme des nazis vis-à-vis des Palestiniens. En juillet 2007, la Knesset a débattu une proposition du ministre de l’Éducation, Yuli Tamir, de faire de la Nakba une date commémorative dans l’enseignement de l’histoire pour la minorité arabe d’Israël. 

Les grands médias internationaux ont joué un rôle clé dans l’institutionnalisation du narratif victimaire palestinien. Décrire Gaza comme un « camp de concentration à ciel ouvert » a accrédité l’opération de substitution du juif par le Palestinien. Ce tournant victimaire des Palestiniens a un double avantage : il fait oublier au monde que les réfugiés sont la conséquence d’une guerre d’extermination déclenchée par les pays arabes contre l’État d’Israël. Il fonde en outre leur droit à la violence.

Le problème est que ce mensonge – les Palestiniens sont les juifs du Proche Orient, alors qu’ils en sont plutôt le nazis – déchire aujourd’hui les pays occidentaux. Une moitié de la population européenne accuse les juifs de se comporter en nazis pendant que l’autre moitié tente mollement de protester. Ce climat est susceptible de reformater les axes diplomatiques, les législations et les définitions les plus sincères de ce que sont le racisme et l’antisémitisme. 

En d’autres termes, les juifs ont du souci à se faire. 

© Yves Mamou

Quitter la version mobile