“Notre mission était de tuer. Pas de faire des prisonniers. Juste tuer. Tuer tous ceux qu’on voyait. Et après rentrer. Ils nous ont dit : ‘Tous les habitants sont des soldats, tuez tous ceux que vous voyez’. Notre zone d’action était Kfar Aza’.
Sur mon tapis de course, j’écoute l’enregistrement de l’interrogatoire d’Omar Abou Rousha, de la force Nukhba – en arabe : élite ! – du Hamas. D’une voix posée, il décrit sa matinée du 7 octobre, ses actions. Égal, son ton ne trahit aucune émotion. Rien n’existe plus autour de moi. Je suis plongée dans un monde où règne le mal absolu. Je marche vite. Plus vite. De plus en plus vite.
“On est venus en Jeep, guidé par un instructeur, à moto. Arrivés à Kfar Aza, on est descendus des voitures. L’instructeur a ouvert la clôture, en la faisant sauter avec des explosifs. On est allés à la première maison. On l’a inspectée. Il n’y avait personne. Hamza (un autre terroriste) y a mis le feu. Alors, quelqu’un est sorti du jardin avec un tuyau, Abou Ahmed et Hamza l’ont vu. Ils ont tiré et l’ont tué. Ensuite, on est allés vers la deuxième maison, on a tiré sur les fenêtres, cassé les vitres, inspecté la maison. Il n’y avait personne. On a mis le feu. Dans la troisième maison, il y avait une femme. Hamza l’a tuée. Il lui a tiré dessus, on n’est pas rentrés dans cette maison-là. On est entrés dans une maison à côté. On est entrés par la fenêtre. On a inspecté la maison et on a entendu les voix de petits enfants depuis la chambre forte. On a tiré sur la chambre forte jusqu’à ce que les voix s’arrêtent”.
Son récit en arabe. La traduction. Son récit en arabe. La traduction. Soudain, j’entends parler arabe. Pas dans mes écouteurs. Derrière moi. Je sursaute. Me retourne. Ce sont deux hommes qui approchent, en discutant, riant. Ils n’ont pas l’air d’avoir remarqué mon regard hostile. Heureusement. J’ai honte. Je baisse la tête. Du coin de l’œil, je les vois grimper sur des tapis de marche, juste à côté de moi. Je n’écoute plus la radio. Tout au débat furieux entre moi et moi-même. Remontrances, excuses, dérobades, relativisations se succèdent, se chevauchent.
“C’était quoi ce regard ?
- On n’a plus le droit de regarder ?
- Tu me la fais pas, à moi.
- Ben quoi, j’ai eu peur, c’est tout. Et ça vient pas de nulle part…
- N’empêche…
- N’empêche qu’ils s’amusent bien…
- Toi aussi, ça t’arrive, faut bien…
- État d’apartheid, j’t’en ficherais !…
- Ne change pas de sujet”.
Le débat s’apaise lentement. La mémoire me revient. Je me souviens par exemple que des Israéliens arabes, Bédouins et Druzes ont été tués aussi le 7 octobre par le Hamas. Que des urgentistes, chirurgiens, secouristes, policiers arabes israéliens ont sauvé de nombreuses vies juives depuis le début de la guerre. Que des journalistes, étudiants arabes israéliens se sont mobilisés pour défendre face au monde la position d’Israël. Que des hôteliers, aubergistes ou simples citoyens arabes israéliens ont proposé d’héberger leurs frères juifs réfugiés des zones de guerre au Sud et au Nord d’Israël et que nombre d’entre eux choqués, traumatisés, ont pleuré et pleurent avec nous.
Pas tous. Malheureusement. Mais pour mon bien, en cet instant, je choisis de les oublier.
© Judith Bat-Or
j’ai vu et entendu les terroristes arrêtés par la police ou Tsahal, ces terroristes étaient bien traités par la police ou Tshal interrogés en arabe et ils répondaient sur leurs agissements du 7 octobre sans aucun embarras comme si c’était normal d’entrer chez les israeliens pour les assassiner mais nous n’avons pas eu les détails des massacres et je vais dire D.ieu soit loué.