L’incapacité des Occidentaux à comprendre le djihad palestinien les empêche de penser l’antisémitisme
L’opinion médiatique occidentale ne sait plus comment empêcher Israël de se défendre. Lisez bien « l’opinion médiatique » et non « l’opinion publique ». Les gens normaux, ceux qui ne s’expriment pas dans les médias ni sur les réseaux sociaux, ceux-là estiment qu’en dépeçant, éviscérant, décapitant, brûlant vif des Juifs de tous âges et de toutes conditions, les tortionnaires Hamas doivent être qualifiés de « terroristes », (57%), voire même de « criminels contre l’humanité », (35%), selon un sondage IFOP. Réalisé trois semaines apres le début de la guerre, ce sondage montre que seulement 8% des Français interrogés considèrent leurs agissements comme des actes de « résistance ». « Par ailleurs, 72% estiment que des actes comme ceux du Hamas pourraient se produire en France ». Malheureusement, le questionnaire ne sonde pas les Français sur les méthodes de lutte qu’il conviendrait de mettre en place.
Thomas Friedman, l’influent chroniqueur du New York Times, est l’incarnation de cette opinion médiatique qui déplore qu’Israel se défende. Dans l’un de ses derniers articles, Friedman se souvient avec émotion de Manmohan Singh, premier ministre indien en 2008. Qu’a donc fait de si remarquable ce premier ministre indien ? Il était aux commandes quand un commando islamiste pakistanais, soutenu par les services secrets pakistanais, s’est déployé à Mumbai à la fin novembre 2008, tuant 160 personnes en une seule journée. « Quelle a été la réponse militaire de Singh à ce 11 septembre indien ? », demande Friedman ? « Il n’a rien fait. Singh n’a jamais exercé de représailles militaires contre la nation pakistanaise ou les camps du Lashkar (le mouvement terroriste) au Pakistan. C’était un acte de retenue remarquable ».
Friedman est en réalité fasciné par une posture morale qui n’en est pas une. Le premier ministre indien n’a pas cultivé une position de « victime » narcissique en vue d’en tirer un douteux bénéfice médiatique. Il a simplement choisi « de ne pas riposter militairement et de passer des moyens diplomatiques, secrets et autres qui étaient la bonne réponse en cette occasion », est obligé d’expliquer Friedman.
Pour Thomas Friedman, « la sympathie médiatique » est le moteur de l’histoire. Pour une fois que les médias compatissaient avec les Juifs après la tuerie du 7 octobre, dit-il en substance, voilà que cette brute de Netanyahou gâche la fête.
Friedman sait que les médias aiment à nazifier les Israéliens. Pour ne citer qu’un exemple récent, le soi-disant humoriste de France Inter, Guillaume Meurice, s’est moqué de Benjamin Netanyahou en le traitant de « nazi sans prépuce ». Si Juif =nazi, alors, Hamas = résistance. En s’inscrivant dans cette logique, Thomas Friedman déplore que « la contre-attaque israélienne ait éclipsé la terreur du Hamas ». CQFD : quand un Juif est attaqué, il ne doit pas se défendre au risque d’être traité de nazi.
Friedman ne questionne jamais les choix idéologiques des grands médias et des grandes agences de presse. Il ne cherche pas à savoir pourquoi ceux-ci ne se sont pas étendus sur les épouvantables tortures que le Hamas a infligé à 1400 juifs, le 7 octobre. Il ne se demande pas non plus pourquoi les mêmes médias ont battu tambours et embouché trompettes dès qu’il leur a semblé possible d’imputer à Israel le bombardement imaginaire de l’hôpital al Ihla à Gaza, une fable sans fondement de 500 morts imaginaires.
L’idée d’une riposte d’Israël dégoûte si fort les médias occidentaux que le journal canadien Le Devoirdénonce la « soif infinie de vengeance » des Israéliens et Manon Aubry de LFI affirme qu’Israël a le droit de se défendre, pas de se venger ». Le Monde parle lui du « vertige de la vengeance ». On remarquera que dans ce bref échantillon de réactions, il n’est pas question de politique, ni d’islamisme, mais de « morale » et de bonne image de soi.
Malaise de la pensée en Occident
Que se passe-t-il dans la psyché occidentale pour que la solidarité avec un peuple israélien brutalement et gratuitement meurtri n’ait rien d’évident ? Que se passe-t-il pour que la commisération générale aille aux tortionnaires du Hamas et aux Palestiniens de Gaza qui ont distribué bonbons et gâteaux pour fêter le meurtre de masse des juifs ?
Entendons-nous : il est normal d’avoir des points de vue différents sur le conflit israélo arabe et sur les manières de le résoudre. Mais il est étrange qu’au moment où le Hamas envoie au monde entier les signes de sa jouissance à exterminer des juifs, la commisération des élites médiatiques et politiques afflue sur les « pauvres palestiniens ». A la trappe, les 200 otages israéliens emprisonnés par le Hamas.
Pour Yasha Mounk, politologue américain chargé de cours à Harvard, la confusion mentale qui règne en Occident s’explique par le « nouveau contexte idéologique, les nouvelles idées sur la race, le genre et l’orientation sexuelle, une nouvelle gamme d’idée sur le racisme structurel et l’intersectionnalité des luttes ». Dans un livre récent, « Le piège identitaire », (« Identity Trap », non traduit), Mounk estime que la crise actuelle de la pensée est une crise de la gauche. En diffusant partout, à partir des universités et des médias, l’idée que les sociétés occidentales sont structurellement injustes, racistes et inégalitaires, les penseurs de gauche ont figé toute réflexion sur qui opprime réellement qui. En accusant les Blancs de racisme structurel vis à vis des noirs et des personnes de couleur, la gauche a dressé des barricades politiques et morales rigides : les blancs sont de méchants oppresseurs et les noirs d’éternelles victimes.
Ce réaménagement conceptuel a naturellement enrayé la réflexion sur le conflit israélo-palestinien affirme Yasha Mounk. Dans cette nouvelle organisation du monde, c’est la couleur de la peau qui détermine qui est la victime et qui est le bourreau. Les Juifs sont donc rangés du côté des Blancs (racistes) et les islamistes génocidaires du Hamas deviennent des gentils basanés victimes de la colonisation. Le djihad n’existe pas et la haine des islamistes envers les Juifs non plus. Les atrocités commises par le Hamas – un groupe humain de couleur – ont donc fait immédiatement surgir un contre feu sur l’ »inhumanité de la colonisation » – blanche naturellement.
Les Juifs orientaux qui forment aujourd’hui la majorité de la population israélienne et qui ont été chassés par les arabes de tous les pays d’Afrique et du Moyen Orient ou ils vivaient (Maghreb, Libye, Irak, Yémen…), sont eux aussi classés dans la colonne des « blancs », tant pis s’ils ont la même couleur de peau que les Palestiniens . Les basanés juifs sont des « colons » et les basanés arabes sont des victimes racisées.
Insensibilisation
Le résultat de cette métamorphose conceptuelle induite par la théorie du genre, l’antiracisme et l’intersectionnalité des luttes est une insensibilisation des esprits. Voir des musulmans manifester en faveur du Hamas à Paris n’horrifie personne. S’associer à une marche en soutien aux familles juives assassinées et torturées par des islamistes ne vient à l’esprit d’aucun non-juif. Voir à la télévision des pogromistes du Daghestan partir à la chasse aux Juifs sidère, fascine, sans que cela incite à protester. Cette insensibilisation des esprits transforme la tuerie en spectacle, mais dans ce spectacle seuls les Juifs meurent réellement.
Mélanie Philips, essayiste britannique, affirme que l’insensibilisation des esprits en Occident est aussi la conséquence de décennies de « soutien à la cause palestinienne« . « Ce soutien est le récit par défaut des classes ‘progressistes’ dans tout l’Occident », écrit-elle. Dans ce soutien il y a la culpabilité « anticoloniale mais aussi l’antisémitisme » et surtout des décennies d’erreurs de diagnostic politique et diplomatique.
Parler de « solution à deux États » comme l’assène quotidiennement la diplomatie occidentale relève d’un acte incantatoire et sans rapport avec la réalité, affirme Mélanie Philips. Le conflit israélo-palestinien ne porte pas et n’a jamais porté sur le « partage de la terre comme l’Occident aime à se le faire croire. Il s’agit d’un conflit djihadiste, vieux d’un siècle, qui a pour but d’exécuter un génocide pour bouter les Juifs hors d’une patrie ancestrale à laquelle ils sont les seuls à avoir droit légalement, moralement et historiquement », écrit Mélanie Philips.
Le djihad islamiste mené par les Palestiniens et le refus occidental de voir et nommer ce djihad aboutit à des absurdités. Ainsi, les Israéliens se voient sommer par les médias et les diplomates occidentaux de faire la guerre à Gaza sans faire de victimes. Le concept de « pauvre palestinien », fût-il tortionnaire et génocidaire, doit être préservé. Mais ce qui passe à la trappe dans ce système c’est l’antisémitisme islamiste. Combien de temps ce mensonge institutionnel qui lie islam et occident durera-t-il ? Bien malin qui peut le dire. Mais en attendant, ce sont les Juifs qui payent le prix.
© Yves Mamou
Bel article, j’aimerais juste faire une petite correction orthographique :
« Ainsi, les Israéliens se voient sommés (et non sommer) par les médias et les diplomates occidentaux de faire la guerre à Gaza sans faire de victimes. »