Je vous prie de m’excuser, ce semestre je n’ai pas le cœur aux souvenirs, aux rires ou à la poésie.
Pogroms, rafles, le retour des einsatzgruppen et du souhait ardent du judenfrei.
Souvenez-vous, entre autres, la décapitation de Daniel Pearl en 2002 au Pakistan, c’était si loin, chez les barbares, cela ne pouvait arriver chez nous… et puis Samuel Paty. 2002, l’année aussi de l’attaque contre la synagogue de Djerba.
Souvenez-vous, entre autres, en 1982, de la Rue des Rosiers.
Souvenez-vous, entre autres, du massacre des athlètes israéliens au JO de 72, cela ne pourra arriver chez nous…
Souvenons-nous, en 2012, de l’école Otzar Hatorah.
Et puis tellement encore… Charlie, Bataclan…
Et puis, toujours, alors que les corps ne sont toujours pas tous identifiés, la cohorte haineuse et imbécile des « ouimaisistes » tentant pathétiquement de défendre l’indéfendable.
Et puis, encore, l’antisémitisme qui n’a plus peur de se dévoiler. Cet antisémitisme de la gauche du XIX° siècle (le mythe du Juif forcément riche, voir les « Carnets » de Proudhon ou « La Question Juive » de Marx) qui, heureusement, avait quasiment disparu, réapparaît aujourd’hui chez les sectaires médinistes munichois et clientélistes dont le gourou est encensé dans Rivarol et qui défilèrent en 2019 à l’appel des frères musulmans.
Ce n’est pas ma gauche. Je n’oublie pas non plus les frustrés d’extrême-droite qui ont tant de mal à se camoufler.
Les suppliciés du 7 octobre étaient à peine découverts que les actes antisémites redoublaient en France.
Je me souviens de 2014 où l’on entendit dans des rues Françaises « Mort aux Juifs ».
Je me souviens aussi des rires méprisants face au « Choc des Civilisations » ou des « Territoires Perdus de la République ».
Souvenez-vous, quand les Juifs sont les premières victimes…
Ce que racontait mon arrière-grand-mère qui avait fui Odessa : « Le vieux Shimon et les Zeltzer qui vivait dans l’appartement à côté de chez nous: le petit Isser, il avait un an et demi. D’abord, ils lui ont fracassé la tête contre le mur; après ils ont fait pareil à la maïdelèe , sa sœur de six ans, après l’avoir violée. Tout ça devant la maman qui attendait un bébé. Quand les petits, ils étaient morts, ils ont pendu la maman par les pieds et ils l’ont éventrée ». (Extrait de « Ita L. née Goldfeld » qui sera joué au prochain Festival d’Avignon à l’Oriflamme)
C’était en 1905.
Alors, oui, reculez vos montres d’un siècle.
© Eric Zanettacci
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Nous sommes à Paris, décembre 1942. La police française quitte à l’instant l’appartement d’Ita L., née Goldfeld. On lui a laissé une heure pour se préparer avant de les suivre. Une heure entre la vie et la mort. Elle va donc s’adresser à nous et raconter quelques fragments de sa vie avant de partir avec la police.
Une histoire vraie. Ita a existé. Sur un texte d’Éric Zanettacci, petit-fils de cette ex-Ukrainienne, qui a fui son pays à la fin de la première guerre mondiale pour rejoindre la France.
Si Jean-Luc Mélenchon est encensé par Rivarol, c’est justement parce qu’il est la figure de proue de la nouvelle extrême droite en France. Rien que de très logique. C’est la continuité de ce qui existait avant, en plus barbare et plus brutal.