Appel au monde endormi
Ô monde endormi
Le monde a basculé depuis le 7 octobre
Et tu ne le sais pas
La haine a déversé le mal sur la terre
Israël est touché
Et tu es endormi
Les cœurs tremblent, les âmes saignent, la colère divine s’est abattue sur nous
En ce jour terrible de joie, Simha-Torah, la bouche de l’enfer s’est ouverte
Le mal a surgi, ressurgi, du fond des âges
Sous la forme du Hamas
Hamas
Violence, inhumanité, haine, barbarie
Le mal à l’état pur
Le Hamas a détruit, brûlé, gazé, violé, démembré, torturé, attaché, découpé
Des juifs
Des kibboutz entiers
Saccagés, pillés, dévastés
Shoah par balles pour les jeunes de la rave party à Reim
Ignominies à Béeri, Kfar Aza, Nir Oz et Nahal Oz
Pluies de roquettes en continue sur Sdérot, Nétivot, Ashdod, Ashkélon, Tel Aviv et Jérusalem
Attaques du Hezbolla depuis le Liban
Coup de tonnerre
Tonnerre de dieu, la face cachée, celle qu’on ne veut jamais voir
Celle du din et du sang
Celle des cris et des tremblements
Des bébés brûlés, des filles violées, des femmes enceintes éventrées
Pogroms- Shoah- ignominie
Les mots manquent pour dire ce mal qui revient, que notre mémoire reconnaît
Ça pue la mort partout, là où quelques secondes avant les chants retentissaient
Les oiseaux se sont tus
Les chiens tremblent
Dans l’air encore des particules de poussière
Dans l’herbe des membres déchiquetés
Les mots ne peuvent pas retranscrire le choc
L’horreur en plein Shabbat
En pleine synagogue, les hommes appelés
Le pays tout en entier en état d’alerte
Les sonneries
Le sang qui se glace
Et les otages
Les morts, les blessés, les assassinés
Les miraculés dans le sang des morts
Les morts qu’on ne peut pas identifier
Les victimes à qui il manque encore un membre
Et les otages
Voilà 15 jours
15 jours assourdissants
De mort, de mal, de guerre
D’angoisse et de peur
De peine et de douleurs
D’enterrements
Et les otages
15 jours déchirants
D’otages retenus à Gaza
Femmes, enfants, vieillards
Et le ciel seul sait ce qui peut se passer là-bas
L’esprit refuse d’imaginer
La langue se pétrifie
Le cerveau ne répond plus, paralysé
Les yeux se brouillent
Le cœur brûle
Comme du souffre
L’âme tremble
Et pourtant
Pourtant du fin fond du ventre
Des entrailles
Monte un cri
Ô mon dieu! Ce cri des entrailles! Comme j’aurais voulu qu’il reste littérature!
Comme j’aurais voulu ne pas le comprendre jusqu’au bout!
Avouer que je n’avais rien compris à ce que j’avais lu…
Que Paul Celan, Nelly Sachs, Élie Wiesel et Levinas se trompaient
Mais ce cri des entrailles!
Pourquoi aurais-je tant préféré qu’il reste abstrait, poésie, philosophie?
Que la pensée juive reste de la pensée et que l’histoire reste du passé …
Pourquoi aurais-je tant voulu ne jamais vraiment comprendre mon sujet de recherche
Pourquoi ai-je toujours redouté de comprendre un jour
Non plus comme un savoir, mais comme une intimité vécue
Mais j’avais oublié que je suis juive
Que je suis Israël
Et que je suis seule dans ce silence assourdissant
Le silence de celui qui sait et qui hurle
Le cri des entrailles
Le cri des mères israéliennes réveillées ce matin de Simha-Torah, assassinées dans les roses, déchiquetées dans le jasmin
Les cris des enfants attachés dans leur chambre de jeux et brûlés vifs
Les cris des chiens impuissants devant leurs maîtres attaqués et massacrés
Le cri des entrailles ouvertes et déversées sur la terre féconde d’Israël
Et le sang de mon peuple qui coule sur la terre, et la terre qui brûle
Par l’air, par la terre et par la mer,
Le Hamas a attaqué, pillé, violé, torturé et filmé
Des familles entières
Des rescapés de la Shoah
Des jeunes qui dansaient
Et des fillettes qui rêvaient
Et du fin fond du ventre qui se tord monte ce cri
Le cri des entrailles qui est cri de l’âme déchirée
Et l’âme juive
L’âme juive, attaquée, démembrée, décimée
Bouge encore
Hurle, chante, prie
Serre les dents à s’en démettre la mâchoire
L’Histoire se répète
Dieu n’a pas encore demandé assez à son peuple
Dieu n’a pas encore fini de nous pousser au fin fond du gouffre pour qu’encore et encore, nous en remontions
Renaître, vivre, survivre, avancer
Se mouvoir
Un seul peuple comme un seul homme comme un seul Dieu
De tous les coins du monde
Am Israel Hay
Dans ton sang Tu Vivras
Be Damayih Hayi
Ô mon Peuple d’amour
Mon Peuple de sang, d’âme et de terre
Mon Peuple chéri, fier et enfantin
Mon Peuple qui jamais ne grandit et jamais ne vieillit
Mon Peuple qui toujours sourit
Sous les bombes et sous les balles
Dans la boue et dans le sang
Dans la nuit et dans les cris
Mon Peuple sourit et chante
Mon Peuple prie et crie
Mon Peuple saigne et danse
Mon Peuple meurt et vit
Ami
Sans cesse
Ami
Am Israel Hay
Netsah Israel Lo Yechaker
Mon Peuple, je suffoque
Mes nuits deviennent des jours et mes jours des nuits
15 jours
15 jours en otage à Gaza
Mon Peuple Je suis avec Toi
Avec Toi au kibboutz
Avec Toi dans le sang
Avec Toi dans le feu
Avec Toi dans les cendres
Avec Toi à Gaza
Dans la tempête et dans le sang
Dans le déluge
Au pied du Sinaï
Avec Dieu et sans Dieu
Avec la Torah et dans le Veau d’or
A Kaplan et au Kotel
A Metoula et à Netivot
Mon Peuple si beau et si fort
Si droit et si faible
Si jeune et si vieux
Si grand et si bête
Mon Peuple, mon Dieu
Et tous les anges pleurent
Et tous les anges dansent
Et tous les anges regardent le massacre, impuissants
Seule Rahelle nous ramènera
Seule Rahelle nous sauvera
Par ses larmes et par sa foi
Par son amour infini et son obstination sans borne
Hanna, Yaelle, Dvora, Judith, Avigaelle, Batsheva, Sarah, Rivka, Rahelle ve Lea!!!
Levez-vous de vos tombeaux!
Mères d’Israël
Faites tremblez les cieux
Accusez le ciel
Brisez les décrets
Accourez pour nourrir vos enfants dans le noir et dans le froid
Sur les routes
Dans les champs et les montagnes
Dans les bases et les tentes
Par vous seules le pays marche encore
Pour vous seules nos enfants trouvent la force de se relever et de combattre
Ni pour Dieu ni pour les hommes
Seulement pour sauver leurs mères, leurs sœurs et leurs filles
Seulement pour protéger l’amour et la vie
Israël combat
Dieu combat
Les anges combattent
Pour la beauté et l’amour
Pour la beauté et la foi
Pour la beauté et la musique
Par l’amour et la bonté
Par la joie
Ils combattent la peur par la joie
Par la pensée du foyer
Par le souvenir de vos bras
La joie retentit dans les rues, dans les champs et dans le noir
Ce ne sont pas des chants de guerre
Ce sont des chants d’amour
Qui disent la beauté de la vie et la grandeur du réveil de l’âme endormie
L’âme du Peuple vibre et chante et danse sur les ruines
Du nord au sud, des villes et des collines
L’âme du peuple, endormie, se lève et accourt
Israël Israël Israël
Chema! Chama! Ti chma!
Nous vivrons!
Encore et Encore!
Longtemps, jusqu’après la fin du monde
Et Nous reviendrons et Nous reconstruirons
Encore et encore, jusqu’après la fin du monde
Parce que Nous sommes faits de vie
Parce que Nous sommes faits de lumière
Parce que Nous sommes humains
A l’image de Dieu
Par terre et dans les cieux
Plus grands que les anges et plus petits que les chiens
Humains face à l’inhumain
Humains dans la folie
Humains dans la noyade
Humains dans l’atrocité
Homme et Femme d’Israël
Faits de chair et de lumière
D’espoir et de vengeance
D’obstination
Si Tu ne vois pas le sang qui coule par terre,
Si Tu n’entends pas les cris des mères qu’on éventre,
Si Tu ne sens pas les chiens trembler d’avoir vu passer la mort sans rien pouvoir faire pour l’en empêcher
C’est que Tu as perdu ton cœur
C’est que Tu ne sais plus où est ton âme
C’est que ton corps est sec et tes mains sont vides
Suis les chiens! Regarde les oiseaux! Observe les poissons!
Tous fuient la mort et recherchent la vie
Tous se nourrissent et combattent leur ennemi
Tous bénissent et encensent l’œuvre de ses mains et louent sa gloire
Sa gloire qui brille dans les yeux des enfants
Sa gloire qui scintille dans les cheveux des jeunes filles
Sa gloire qui se reflète sur la mer, bleue, calme et infinie
Sa gloire qui miroite aux sommets des cimes enneigées
Sa gloire retenue en otage
Captive, déchiquetée
Sa gloire malmenée partout où l’on malmène l’homme
Sa gloire dont la gorge est tranchée en même temps que celles des filles, des mères et des enfants
Monde!
Réagis
Demain il sera trop tard
Les cendres seront sur ton lit
Monde!
Demain le sang sera sur tes mains
Parce que ce mal qui se travestit
Ce mal qui change des milliers de fois de noms à travers l’histoire
Ce mal toujours maudit
Ce mal n’a qu’un seul but:
Éradiquer la vie
Faire le plus de mal possible
Faire souffrir et se réjouir de ta souffrance
Monde!
L’amour infini
L’âme du monde
La force qui nous unit
Ce qui tient ce monde sous nos pieds
Cette énigme forte et belle
Qui nous permet de vivre
Aujourd’hui
Monde!
Cette lumière tremble et vacille
Parce qu’on ignore
Parce qu’on oublie
Parce qu’on détourne le regard
Parce qu’on se tait
Parce qu’on se ment
Parce qu’on se cache
Parce qu’on se saoule
Parce qu’on s’oublie
Et ce mal prend toute la place
Monde!
Je ne suis rien ni personne
Seulement femme, mère, fille
Juive, française, israélienne,
Humaine!
Je suis la vie
Comme toi, comme moi
Nous sommes la vie!
Monde!
Je t’appelle,
Aujourd’hui
© Gaelle Hanna Serero
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