Les États Unis ont rapatrié deux porte-avions en Méditerranée pour dissuader l’Iran et son acolyte le Hezbollah, d’ouvrir un second front contre Israël. Un geste d’amitié d’une immense portée. Mais Joe Biden est-il crédible quand il menace l’Iran de passer à l’acte ?
Les États Unis ont dépêché deux porte-avions en Méditerranée. Deux systèmes d’armes, porteurs d’une puissance de destruction telle qu’ils peuvent, à eux seuls, terrasser n’importe quelle armée de la région. En dépêchant ces deux porte-avions, les États Unis entendaient afficher leur solidarité avec Israel et informer l’Iran et le Hezbollah des risques qu’ils courraient s’ils ouvraient un autre front contre Israël. « « A tout pays, à toute organisation, à tous ceux qui envisagent de profiter de la situation, ne n’ai qu’un mot dire : ne le faites pas », a prévenu Biden. Ce « Don’t do that » – ne le faites pas – a été répété trois fois encore, le 18 octobre, soit une semaine plus tard, par Joe Biden dans un discours prononcé à Tel Aviv. Ni la première fois, ni la seconde fois, les pays et organisations visés, Iran ou Hezbollah, n’ont été nommés.
A priori, ce double avertissement et les deux porte-avions sont une authentique démonstration d’amitié. Israel peut réellement croire qu’il lui sera loisible d’envahir Gaza et d’éradiquer le Hamas en sans que le Hezbollah, les milices iraniennes en Syrie, en Irak ou au Yémen, sans parler même des Gardiens de la Révolution iraniens osent sortir de l’immobilisme terrorisé qui devrait aujourd’hui les frapper.
Mais est-ce si sûr ? Comme l’écrit le comité éditorial du Wall Street Journal : « La triste réalité de la présidence Biden est que sa dissuasion est en lambeaux ». Une dissuasion efficace dépend de la capacité d’un président américain (ou autre) à persuader ses adversaires qu’il est prêt à passer à l’acte. « Lorsque des avertissements sont émis mais ne sont jamais suivis d’effets, la crédibilité et la dissuasion des États-Unis s’érodent » écrit le Wall Street Journal. Et bien sûr tout le monde a encore en mémoire toutes les fois où la dissuasion américaine a failli : la fameuse « ligne rouge » de Barack Obama contre l’utilisation d’armes chimiques en Syrie ou le retrait chaotique d’Afghanistan. Penser aussi que de récentes opérations de communication comme les manœuvres militaires américano-israéliennes ou le rapatriement dans le Golfe de vieux avions de chasse A10 ont impressionné l’Iran et le Hezbollah et leur ont fait croire à la réalité d’un front militaire israélo-américain relève d’un bel optimisme.
La dissuasion américaine au Moyen Orient est en réalité inexistante tant les États Unis se sont laissé souffleter par l’Iran un nombre impressionnant de fois. Une étude du JINSA, un Think tank juif, américain, montre que l’administration Biden a laissé l’Iran violer la liberté de naviguer et attenter à la sécurité des navires de transport plus de 40 fois en deux ans dans le détroit d’Ormuz et le Golfe Persique… sans jamais réagir. Cette étude montre aussi que sur la même période, les forces militaires américains stationnées en Syrie ont encaissé – quasi sans réagir – 83 agressions militaires iraniennes sans que l’administration Biden donne ordre de réagir.
Soyons justes, les États Unis ont tout de même riposté quatre fois à ces 83 agressions. Et toujours localement, en Syrie. Dans pareil contexte, on ne voit pas bien aujourd’hui les raisons qui pousseraient les ayatollahs à craindre pour leurs champs pétrolifères ou leurs installations nucléaires s’ils demandaient au Hezbollah d’ouvrir un second front contre Israel.
L’affaissement de la dissuasion américaine au Moyen Orient est volontaire
L’affaissement de la dissuasion américaine au Moyen Orient est volontaire et s’origine dans les orientations stratégiques définies par l’ancien président américain, Barack Obama. Orientations stratégiques reprises telles quelles par Joe Biden. Après deux décennies (1990-2010) passées à lutter contre les insurrections au Moyen-Orient et en Asie centrale, Barack Obama a levé le pouce : STOP ! Le Moyen Orient ne mérite pas autant d’argent et d’efforts militaires a estimé Obama, d’autant qu’au même moment pointe une menace hégémonique chinoise dans la zone Pacifique.
Face au risque asiatique, le Moyen Orient allait passer désormais au second rang. Pour mieux se concentrer sur la Chine et l’Indo-Pacifique, l’administration Obama a donc entamé un retrait stratégique qui s’est traduit par une prise de distance avec les alliés traditionnels des États Unis (L’Arabie Saoudite et Israel) un déplacement des ressources navales vers l’Asie-Pacifique et surtout, surtout, une négociation éreintante avec les Iraniens pour les contraindre à modérer leur programme d’équipement nucléaire.
Le « nuclear deal » ou JCPOA que les États Unis ont conclu avec l’Iran en 2015, est construit tout entier sur l’idée (fausse bien sûr) que l’Iran est une puissance stabilisatrice au Proche Orient. La vision qu’Obama a développé en 2014, dans une interview donnée à Bloomberg, était que les dirigeants iraniens « sont des gens stratégiques » et rationnels qui « réagissent aux coûts et aux avantages » et aux « incitations ». Cette vision fonde encore la diplomatie américaine. S’il est évident que les dirigeants iraniens sont rationnels, le refus américain de comprendre que la rationalité iranienne est tout entière mise u service d’une stratégie de destruction de l’Etat d’Israël et de conquête et de domination du Moyen Orient est pour le moins surprenant.
Confiant dans l’idée que l’Iran n’aspirait qu’à la stabilité et qu’Israel et l’Arabie Saoudite étaient des boutefeus (stupidement) anti-iraniens, Barack Obama a permis à Téhéran de conserver « un programme d’armes nucléaires sans entrave d’ici 2031 ; d’obtenir une levée des sanctions économiques et financières ; de conserver ses pions en Irak, Syrie, Yémen et Liban ; et enfin le président américain a entrepris d’imposer cette politique aux alliés les plus proches de l’Amérique » écrivent les chercheurs Michael Doran et Tony Badran.
L’administration Biden était si satisfaite de sa stratégie que Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale au sein de l’administration Biden, a estimé, une semaine avant le 7 octobre, date de l’attaque meurtrière du Hamas en Israel, que jamais le Moyen Orient n’avait été une région « plus tranquille ».
En fait, comme l’a très bien résumé Frank McKenzie, général des Marines à la retraite et ex-patron du Commandement central des États-Unis de 2019 à 2022. « L’Iran surveille attentivement ce que nous faisons. Lorsque nous retirons nos forces et que nous associons cela à des messages politiques ineptes selon lesquels nous nous concentrons désormais uniquement sur l’Asie-Pacifique, nous ne donnons pas d’assurance à nos amis dans la région et nous donnons confiance à nos ennemis potentiels dans la région ».
Cette administration américaine qui rapatrie deux porte-avions en Méditerranée et menace l’Iran et le Hezbollah à mots couverts (« don’t do that ») a-t-elle réellement renoncé à penser que l’Iran est un pôle stabilisateur au Moyen Orient ? Les idéologues de gauche qui composent l’administration Biden ont-ils enfin compris à qui ils avaient affaire ? Croient-ils encore qu’un accord avec l’Iran demeure possible sur quelque sujet que ce soit ? Les réponses qu’Israel donnera à ces questions lui permettront de mesurer la réalité du soutien militaire que les Américains lui ont promis.
© Yves Mamou
Le maximum que nous puissions attendre c est une couverture anti missile supplementaire des systemes aegis ultra puissants de ces bateaux .
Mais lorsque le tour du hezbollah viendra ( car il viendra) les americains ne bougeront pas une oreille a nos coté sur le plan offensif .
Obama est objectivement un agent iranien, de nombreux specialistes dans le monde le savent , Biden a repris cette administration verolée ( certains dignitaires obamiens sont exclus de leurs fonctions et sous enquete actuellement ) pro iranienne et finalement ……anti arabe , ce qui explique la politique debile de Biden vis a vis de l Arabie saoudite , mais aussi probablement de l Egypte .
Israel se mefie donc de ces americains qui interceptent les missiles des Houthis en expliquant qu ils ne savent pas qui les a lancė .
Le monde libre a de quoi s inquieter car les iraniens sont des genies malefiques et surtout pas des idiots ni des niais et ils sont depuis longtemps presents au coeur de l appareil politique americain .