C’était samedi 7 octobre 2023. Tout le monde se souviendra, à l’instar du 11 septembre 2001 et du 13 novembre 2015, ce qu’il était en train de faire lors de la diffusion des images de mises à mort de masse et de prises d’otages en Israel. Des femmes qu’on tire par les cheveux, sur lesquelles les militants du Hamas ont craché, des jeunes festivaliers abattus comme des chiens, des kibboutzim incendiés avec leurs habitants, des enfants maltraités, des scènes de pogroms, des scènes rappelant les einsatzgruppen.
Heureusement mes grands-parents ne sont plus de ce monde depuis longtemps, ils n’ont pas eu à subir des images qui auraient fait écho à leur propre histoire de Juifs d’Europe de l’Est.
En une semaine, la sidération a fait en partie place à l’angoisse et à la colère. A l’heure où les yeux sont rivés sur Gaza et sur Israël et plus largement sur le Moyen Orient, il est toujours bon de se pencher sur les différentes réactions et commentaires observés dans les médias, au sein des partis politiques, mais aussi parmi nos connaissances et nos amis.
Je m’attendais à des réactions de condamnation unanimes, fermes, la déflagration étant si intense. Or, il y a bien eu, la plupart du temps, une vague de soutien, des phrases incisives, précises avec les mots-clefs nécessaires en ces circonstances exceptionnelles : barbarie, terrorisme, terrorisme islamisme, attaques de civils, massacres, assassinats…
Mais il y a eu aussi des réactions de déni chez certains politiques d’extrême gauche, en poste ou non, avec de graves difficultés presque physiques à employer le mot « terrorisme », comme s’il était tabou, par manœuvre électoraliste (contre-productive certes), par obsession du modèle dominants/ dominés ou autre reliquat trotskyste, je laisse aux politologues le soin de cette analyse…
Il y a également un silence assourdissant auquel je ne m’attendais pas. Je ne parle pas des actrices, des chanteurs, des footballeurs, je parle d’instances comme les ONG (1) , les associations des droits de l’homme, les représentants des autres religions: Qui est venu manifester sa solidarité lundi dernier au Trocadéro ? On n’avait pas besoin de se retrouver autour d’un drapeau, si là est la raison qui les a freinés, mais de se retrouver contre le terrorisme dans un élan de solidarité humaine.
Les Juifs sont des victimes comme les autres. Le terrorisme contre les Juifs paraît-il lointain, plus légitime, plus acceptable ? Faut-il avoir besoin de montrer des bébés décapités ou des corps calcinés ?
Des nombreuses réactions que je qualifie d’atténuations, de relativisations ont été constatées. « Pensez à la vie des palestiniens qui n’ont aucun avenir dans cette enclave », « Rappelez-vous de l’histoire, du contexte, les frontières de 48, les frontières de 67… », « Le gouvernement de Netanyahou d’extrême droite… »
Soyons clairs : on ne contextualise pas la barbarie, on ne l’excuse pas, on ne l’explique pas, on ne l’édulcore pas, on ne la minimise pas, on ne la soutient pas. On n’indexe pas l’égorgement d’enfants à la politique du gouvernement israélien même si on s’y oppose formellement. Un acte de barbarie est un acte de barbarie. On évoquera la géopolitique après, quand les larmes auront séché après ce moment d’inhumanité.
Dans les discours de certains « atténuants », se devine la crainte d’avoir de l’empathie avec le peuple israélien, ce qui empêcherait dans leurs esprits l’empathie envers le peuple gazaoui qui souffre et qui n’est pas le Hamas.
D’une manière générale, l’avenir des Palestiniens, pendant et après la réponse d’Israël, inquiète le monde entier. Le monde entier, c’est vrai, sauf le Hamas qui n’a cure de sa population. Au risque de le marteler, cette organisation terroriste islamiste n’est pas une armée régulière, elle est totalitaire, glaçante, soutenue par l’Iran, je vous invite à lire sa Charte (en particulier l’article 6) avec un projet génocidaire d’extermination des Juifs et pas un projet d’avenir pour la population palestinienne, ce but est totalement avoué et ceci depuis des années, il suffisait d’écouter. Ainsi ils n’ont pas une centaine d’otages enlevés en Israël il y a une semaine, mais bien plus de 2 millions, avec les civils gazaouis.
D’ailleurs, si vous observez les rassemblements pour soutenir le Hamas, pas uniquement dans les pays arabes, en Angleterre et aux USA, où la liberté d’excrétion a remplacé la liberté d’expression, les manifestants, toujours plus nombreux, semblent plus volontiers scander « les Juifs mourront » que « Vive la Palestine », Anne Rosencher l’a évoqué sur France Inter (2).
Les visuels et les rhétoriques observés sont inquiétants : affiches évoquant la solution finale, croix gammées, images de parapentes (allusion aux terroristes ayant pénétré sur le sol israélien pour y perpétrer des massacres) … Il ne s’agit plus là d’importation d’un conflit territorial mais bien d’antisémitisme. Nous devons rester vigilants et ne jamais tolérer les « Mort aux juifs ».
Un nouvel attentat vient tout juste d’avoir lieu en France, un enseignant est mort poignardé. Toutes mes pensées et condoléances à sa famille et au corps enseignant. Le ministre de l’Intérieur a fait le lien dès hier soir avec la guerre entre Israël et le Hamas. Ce combat n’est donc pas lointain, c’est « le combat de la civilisation contre la barbarie », selon l’expression d’Elie Wiesel.
© Flora Fischer
Notes
- https://laregledujeu.org/2023/10/09/39654/hamas-le-silence-des-ong-trahison-de-luniversel/
- https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/anne-rosencher-en-toute-subjectivite/anne-rosencher-en-toute-subjectivite-du-jeudi-12-octobre-2023
- https://boutique.lepoint.fr/la-haine-des-juifs-2032
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