Michèle Chabelski. “Le Procès Goldman”, de Cédric Kahn

   Le procès Goldman

    De Cédric Kahn

Avec Arieh Worthalter

   Dans le rôle titre

Et Arthur Harari dans le rôle de Maitre  Georges Kiejman

   Deux critiques pour un seul film

  La forme et le fond

   L’art et la politique 

  Sur le plan cinématographique   ce film est irréprochable, et les acteurs exceptionnels.

Un prétoire. 

Un accusé. 

Un avocat général.

Les avocats de la défense. 

Les témoins.

 Filmé à l’os par trois caméras, Arieh Worthalter exécute une prestation éblouissante dans le rôle de Pierre Goldman dont il fait un personnage  presque sympathique, intellectuellement brillant, manipulateur, doté d’une dialectique puissante, acharné à défendre ce qui lui reste de vertu, à savoir la propreté de ses mains sur lesquelles ne coule pas une goutte de sang. 

À défendre sa vertu ET sa tête.

Convainquant les jurés qui le déclarent innocent du meurtre des deux pharmaciennes dont il était accusé. 

  Par la voix de Georges Kiejman bien évidemment.

  Cet opus, proche du théâtre filmé par son unité de lieu, et les plans serrés des personnages, parvient par le talent de Cedric Kahn à nous tenir en haleine sans un instant d’ennui.

Pour les baby-boomers qui ont vécu cette époque, ce n’est pas une surprise, puisqu’on se souvient des minutes de ce procès et de son verdict.

Ce procès , qui se tient en 1976, est le second à cause d’un vice de forme reproché au premier.

   Goldman est déjà incarcéré pour trois chefs d’accusation de braquages crapuleux, qu’il reconnaît sans un battement de cils.

Mais le meurtre des pharmaciennes, NON!

 Maître Kiejman, qui assure sa défense, peine à obtenir le silence de son client qui répond avec morgue et esprit aux remarques et aux questions de l’avocat général.

Arieh Worthalter, rasé, coiffé, vêtu d’un sobre costume bleu marine, est loin d’effrayer le spectateur. 

Il est presque sympathique dans son acharnement à défendre sa pureté, malgré son parcours de rebelle d’extrême-gauche, reconnu par des célébrités comme Regis Debray ou Simone Signoret comme un idéaliste aux idées  politiques généreuses.

Sauf que..

Sauf que ceux qui ont suivi le procès à l’époque se souviennent d’un voyou dangereux , acoquiné  à des gauchistes français et sud-américains, parasite, vivant d’expedients, puis de turpitudes apparentées au grand banditisme, jusqu’à cette accusation de double meurtre qu’il a toujours nié pour sauver sa tête.

Formellement reconnu par un policier, il s’est défendu par une attaque en règle contre l’antisémitisme  d’une police qui aurait voulu sa peau parce qu’il était juif et qu’il l’avait revendiqué dans son livre Souvenirs obscurs d’un Juif polonais né en France.

  Défense imaginée par Georges Kiejman, qui se rappelait  opportunément qu’il était également juif polonais.

Ce film hémiplégique se fait la part belle en présentant un Goldman propre, rasé, aux cheveux courts, maniant le verbe avec génie, se mettant en scène dans un prétoire médusé, déterminé à sauver sa tête à une époque qui pratiquait encore la peine de mort,loin de l’image de gangster qui aurait  bien évidemment nui à la rédemption du personnage ..

 Goldman fut idolâtré par une gauche bien -pensante qui voyait en lui un Saint développant une idéologie humaniste, alors qu’il n’était qu’une petite frappe marginale sans foi ni loi, ne possédant  que la violence pour idéal et la transgression pour projet social.

Il fut tué par deux nervis trois ans après sa libération, sans que personne ne cherche vraiment à connaître le nom des assassins.

  Alors, oui, on regarde ce film avec intérêt, mais il faut garder present à l’esprit que Goldman était avant tout un voyou qui avait confondu le bien et le mal dans une idéologie de violence rebelle gauchiste.

© Michèle Chabelski

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3 Comments

  1. Bien vu, je me souviens de l’affaire puisque j’habitais à l’époque pas loin de cette pharmacie du blb Richard-Lenoir. Je reste troublé par cette affaire, le procès mais aussi le lvre écrit par Goldman …

  2. On vient de me recommander ce film. J’irai le voir dimanche.
    Qui m’en a parlé a cru bon d’ajouter qu’à la fin du film il est
    demeuré persuadé que le mis en cause était…coupable.

  3. *Lashon Harah c’est de dire du mal d’une personne que ce soit en sa présence ou en son absence. Dire du bien n’est pas de la médisance. Mais nos sages ont dit de ne pas dire du bien sur quelqu’un à une personne qui ne l’aime pas parce que cette personne risque de vouloir répondre et dire du mal.

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