L’Institut du Discours: Comment apprendre à reconnaître la manipulation

Yana Grinshpun

Quiconque avait lu jadis le « Petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens » de Robert-Vincent Joule et Jean-Léon Beauvois  et a lu à sa sortie « La Fabrique des discours propagandistes contemporains – Comment et pourquoi ça marche », de Yana Grinshpun, véritable boite à outils pour décoder toute innovation discursive, a désormais le réflexe de revenir systématiquement audit ouvrage pour se demander comment l’auteur classe les discours de nos amis LGBT, woke, islamo etc….

Le même va d’emblée saisir que L’Institut du Discours, structure pédagogique dont le programme est centré sur l’analyse des discours idéologiques contemporains, est fait pour lui qui souhaite apprendre « vite » quelques procédés d’analyse théoriques et surtout pratiques.  

Aujourd’hui où l’espace social dans lequel nous évoluons est majoritairement structuré par le discours, plus précisément par les types de discours très différents qui nous traversent, qui nous influencent, qui infléchissent notre perception du monde, et qui, dans de nombreux cas le formatent, ce nouveau programme pédagogique centré sur l’enseignement de l’analyse de la langue et du discours et présenté par la linguiste Yana Grinshpun, bien davantage que précieux, apparaît comme une arme de défense.

Comment définir le phénomène propagandiste ? Pourquoi la propagande est-elle plus sophistiquée dans une société démocratique que dans une société totalitaire ? Quelle est sa différence avec l’idéologie ? Quels sont les domaines touchés ? Quels sont les procédés discursifs, linguistiques, psycho-sociaux qui rendent possible le discours propagandiste aujourd’hui ? Comment la propagande est-elle diffusée ? Quel est le rôle des médias, des réseaux sociaux, mais aussi de l’école, de l’art, du sport ? L’ouvrage de Yana Grinshpun, La Fabrique des discours propagandistes contemporains – Comment et pourquoi ça marche, cherchait à répondre à ces questions, et montrait que l’enjeu principal du phénomène propagandiste tenait à son entreprise d’homogénéisation de l’opinion, dont l’un des effets les plus remarquables consiste à unifier les modes de pensée en vue de déclencher des conduites particulières.

L’audience dudit ouvrage «  »obligeait »  la création d’un Institut qui nous formerait. Voilà qui est fait avec « L’Institut du Discours », où  l’équipe professionnelle qui participe aux formations est constituée de linguistes, psys, anthropologues, et où lesdites formations, véritables programmes d’entraînement, se différencient des conférences habituelles par des exercices pratiques ou encore des joutes argumentatives et factuelles. Courtes, elles sont adaptables au niveau du public, mais encore, à la demande, à une thématique particulière,  l’analyse  des discours antisionistes par exemple. 

À noter encore : elles sont payantes. 

Genèse

Un « Institut du Discours » créé par quelqu’un qui a vécu en régime totalitaire avant de découvrir un monde libre où l’expression d’un désaccord ne mène pas à la case Prison ? C’est bien l’histoire de Yana Grinshpun, sensibilisée très tôt aux effets pervers des discours idéologiques et propagandistes car née en Union Soviétique et ayant vécu les dernières années du régime totalitaire qui devait permettre, au nom de la paix et de l’amitié des peuples,  l’extermination de millions de personnes. Ces gens abreuvés au seul discours officiel et ne le mettant pas en doute, elle les a côtoyés, de même qu’elle a fait partie de ces dissidents écoutant en cachette les radios occidentales ou Kol Israël, interdits officiellement en Union Soviétique. 

La liberté de penser en dissonance avec l’idéologie dominante mais encore de pouvoir le dire, elle l’a vécue, durant ses années universitaires en Israël, monde libre où des idéologies différentes pouvaient se confronter dans un même espace social sans que les opposants à l’idéologie dominante soient jetés en taule. 

Mieux ? Voyant que certaines idéologies sont tenues pour plus morales ou vertueuses que d’autres, elle s’aperçoit que souvent la morale en question n’est qu’une affaire de discours.

Tout ce vécu, Yana Grinshpun le validera aux côtés des plus grands linguistes français du XXe siècle, sauf que fascinée qu’elle est désormais par le pouvoir du discours sur la conscience et l’inconscient des gens, elle s’intéresse plus précisément au fonctionnement des discours idéologiques : « J’ai pu voir de mes propres yeux, dit-elle, comment pouvaient se transformer, sous l’influence de l’idéologie, les gens qui m’entouraient dans l’espace académique, cet espace supposé être le sanctuaire du savoir  et de la libre pensée ».

Dans un entretien accordé à « France-Israel.fr », elle déclare : « Avec les années, j’ai trouvé le sanctuaire singulièrement idéologisé. L’analyse du discours qui m’a toujours intéressée y a pris une direction unilatérale et dogmatique. Les discours idéologiques enthousiastes de certains de mes étudiants, chantres de clichés comme justice sociale, discrimination des opprimés de la terre, racisme systémique,  m’ont montré que sans connaître le moindre fonctionnement de la langue et du discours, sans connaître l’histoire et la sociologie, sans avoir les moindres connaissances dans quelque domaine que ce soit, certains agissent exactement comme agissait la jeunesse communiste endoctrinée ».

Amenée à travailler sur le discours antisémite et antisioniste, elle fréquente Pierre-André Taguieff, auteur notamment de La nouvelle judéophobie, et constate  que ce public universitaire fait de savants et sachants et qu’elle côtoie au quotidien ignore tout des mécanismes de fabrication de ces discours.

Le milieu universitaire ? Mais encore ces acteurs sociaux impliqués dans les débats autour du langage inclusif, qu’elle qualifie d’autre invention idéologique académique : ceux-là aussi méconnaissent hautement les fonctionnements de la langue et de ses usages.

Ce retour de la confusion entre les mots et les choses, la disparition de l’éthique du discours, forme de métastase des réseaux sociaux, elle s’aperçoit que leur essor est de surcroît entretenu par ces savants qui prolifèrent et profitent de l’ignorance de ce nouveau public.

Vite: Il faut décrypter le fonctionnement de la langue

Il faut agir : L’Institut du Discours propose un programme de mise en perspective et de décryptage du fonctionnement de la langue, de son utilisation dans les discours idéologiques, de l’éthique du discours et des manipulations langagières.

Son programme propose deux formules. Une première, organisée en modules de formations spécifiques, chacune ayant pour objectif de montrer des aspects différents de l’utilisation de la langue dans des formations discursives particulières : y seront étudiés la construction des mythes idéologiques, la fabrication des discours propagandistes, le succès des impostures dans les sciences humaines.

En somme un enseignement  s’adressant à ceux qui désirent découvrir les leurres du langage ordinaire, les différents usages de la langue dans les dispositifs idéologiques variés et les moyens rhétoriques et argumentatifs déployés par les idéologues et les propagandistes de tout bord :

  • L’analyse du discours propagandiste
  • Pseudosciences : en linguistique, histoire, médecine, etc.
  • L’art de la rhétorique, l’art du débat
  • L’esprit critique face aux discours (post)-modernes
  • L’analyse du discours médiatique
  • Comment aborder les sujets “qui fâchent”, les “sujets interdits” ou les “sujets sensibles”
  • Les leurres du langage (fonctions psycho-politiques du langage)
  • L’initiation à la critique textuelle

Une deuxième formule comprend des conférences qui permettent d’aborder sous une forme condensée des thèmes importants comme le fonctionnement de la censure aujourd’hui, la fabrication des discours propagandistes, le succès des impostures dans les sciences humaines.

Un Institut pour acquérir des modes d’analyse

Yana Grinshpun ? Elle ne prétend pas proposer, comme le font les écoles du journalisme par exemple, des cours sur la prise de parole en public ou encore une introduction à la rhétorique: L’Institut se focalise sur l’analyse des procédés rhétoriques dans la perspective linguistique et argumentative avec, à titre d’exemple, lors d’un débat un focus sur un sujet idéologique, un travail sur l’argumentation rationnelle et l’apprentissage de modes d’analyse : Cet argument qu’on m’oppose, analysons-le, comprenons via ce travail pourquoi il passe, ou ne passe pas. Pour ce faire, L’Institut, en s’inscrivant dans la continuité des travaux de Marc Angenot, donnera pleine place à la problématique de la persuasion et de l’argumentation dans leurs rapports à l’histoire des idées, l’analyse du discours et les faits sociaux : La rhétorique ne sera pas abordée comme un art intemporel, mais comme un dispositif discursif spécifique, utilisé à un moment donné et qui s’inscrit dans le discours social avec ses préjugés, ses lieux communs, sa doxa et ses paradoxes.

Ainsi, si à L’Institut sera systématiquement abordé le fonctionnement des discours idéologiques, lesquels sous-tendent toute communication ou toute information, aucun sujet ne sera enseigné du point de vue d’une idéologie dominante, comme il se fait trop souvent : De ce point de vue, on peut dire que L’Institut du Discours comblera un vide.

En guise d’exemples : « Vivre-ensemble », « Langage inclusif », « Apartheid israélien« 

Vivre ensemble : Voilà un des termes Ô combien utilisé dans le discours idéologique, mais qui peut avoir un emploi  non–sloganique et renvoyer à une réalité. 

C’est l’usage massif du terme dans les discours idéologiques qui intéresse notre linguiste : Voir des discriminations partout et proclamer leur existence afin de bénéficier de pouvoir, d’influence, ou encore de financements, est un piège idéologique : Les mots ont une histoire et s’inscrivent dans la mémoire du discours. Le vocable vivre-ensemble  traduit en français le mot convivencia, concept inventé par l’historien espagnol Americo Castro, pour construire un mythe de la coexistence paisible des Musulmans, des Juifs et des Chrétiens en Espagne médiévale (Al-Andalous). C’est ce qu’on enseigne aujourd’hui dans les écoles françaises. Or, les Juifs et les Chrétiens n’avaient pas les mêmes droits, ni le même statut sous le règne musulman, et leur coexistence était loin d’être paisible. Voir à ce propos les nombreux travaux des historiens espagnols, français et américains. Vivre-ensemble est un néologisme qui apparaît dans le discours politique des années 70 et signifie très précisément une injonction de devoir partager un espace qu’on n’a pas forcément envie de partager. Si au début de sa circulation dans les discours sociaux, ce terme pouvait s’appliquer de manière indifférenciée à toute situation de partage difficile (familles recomposés, voisinage…) il est vite devenu une injonction à l’acceptation non-négociable de l’immigration arabo-musulmane. Le vivre-ensemble est un maître-mot de l’idéologie où la conflictualité est considérée comme une expression d’intolérance à l’autre et non pas comme une composante inhérente au fonctionnement des sociétés humaines complexes. 

Un autre exemple ? Le langage inclusif, loin d’être un changement, est une fabrication langagière, une formule obéissant à une idéologie, une invention idéologique fondée sur des prémisses linguistiques fausses : Avec un certain nombre de mes collègues linguistes, nous l’avons montré à maintes reprises dans des articles et des livres scientifiques, car lorsque le mot inclusif est partout, et qu’il désigne des réalités hétérogènes comme la langue, l’écriture, l’environnement de travail, les cabinets de toilettes et diverses activités, il interpelle les linguistes. De mot polysémique, le voilà formule magique qui a une fonction de reconnaissance entre les individus fréquentables et les moins fréquentables.

Concernant le conflit israélo-palestinien, mais aussi l’inclusivité, l’idéologie de la transidentité, le communisme, on peut toujours trouver des moyens d’exposer son point de vue : Justement, prenons le terme apartheid et écoutons Yana Grinshpun: « Certains parmi mes étudiants disent, quand je leur demande ce qu’ils savent sur le terme apartheid, que c’est en Israël. À moi, via une argumentation historique, géographique, linguistique et factuelle, de leur montrer le non-fondé de cette croyance, inculquée aux occidentaux par le discours politico-médiatique.

À moi de leur montrer l’impact de la propagande anti-israélienne fondée sur l’ignorance massive et le pouvoir de manipulation des médias. Les médias juifs sont aussi suspects que tout ce peuple qui a osé cesser d’être une victime éternelle, morte à Auschwitz. Le discours officiel français est schizophrène : le peuple juif victime des exactions nazies est adoré, le peuple juif vivant en Israël est nazifié et accusé de crimes imaginaires. Il s’agit là de l’idéologie dominante post-nationaliste, allergique à l’idée d’identité nationale, au nom même de la Shoah. Cela explique pourquoi le dernier nationalisme moderne, le nationalisme revendiqué par l’État juif, est honni au prix des mensonges officiels soutenus jusque dans les plus hautes sphères de l’État en France (Voir par exemple les discours d’un ministre Jean-Yves le Drian) ».

L’Institut du Discours ? Un gage d’objectivité

Lorsque les mots sont décrits selon un protocole élaboré et vérifiable, il n’y a pas de manipulation dans le sens idéologique qui se ferait par le discours. 

L’Institut du Discours ? Il propose également une méthodologie pour aborder les sujets qui fâchent. Le conflit israélo-arabe par exemple. Et, partant, la non-crédibilité des médias juifs, jugés partisans.

Un cours proposera une réflexion sur l’impossibilité de la discussion, les frontières entre le débat argumenté et le débat, sur la limite qu’on atteint lorsqu’en face il n’y a que de l’adversité, de la mauvaise foi et du fanatisme et que savoir où s’arrête la discussion fait partie des savoirs à acquérir: L’Institut, là encore, regardera la réalité et enseignera à croiser les discours avec l’histoire et les réalités géopolitiques : ainsi, face à l’argument englobant tous les médias juifs comme non crédibles, la réalité, elle, ne saura être niée : les Arabes Israéliens ont exactement les mêmes droits que les Juifs : ils sont médecins, juges, professeurs, sportifs de haut niveaux, maîtres d’école, peintres, journalistes, hommes politiques, présents dans l’ensemble des institutions israéliennes, ce qui est loin d’être le cas pour les Juifs, qui sont interdits d’accès à certains territoires palestiniens. Toutes les villes israéliennes sont habitées par des Juifs et des Arabes. Nazareth est majoritairement arabe. 20% de tous les étudiants en Israël (dernières statistiques) sont Arabes israéliens et palestiniens. Les médecins arabes israéliens et palestiniens travaillent dans les hôpitaux israéliens. Un parti arabe Ra’am a 5 sièges à la Knesset, le parti Hadash-Tal en détient cinq aussi. Ils présentent les intérêts des Arabes Israéliens et des Arabes Palestiniens. L’un d’eux, Mansour Abbas, est proche des Frères Musulmans.

On le voit : Fréquenter L’Institut fera de nous des êtres non manipulables par la langue, écrite ou parlée. 

Une suggestion : Inviter, comme le fera « France-Israël » le 12 octobre, Yana Grinshpun et son équipe à des Conférences alertera définitivement les futurs lecteurs et auditeurs en les équipant … d’une boite à outils.

Yana Grinshpun est linguiste, Maître de Conférences en Sciences du Langage (Université Paris III-Sorbonne Nouvelle), et fondatrice de l’Institut du Discours

© Sarah Cattan

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