Tribune Juive

Nous sommes « Les juifs dans la République »

Loi relative aux Juifs, leur accordant le droit de citoyenneté sans restriction suivant le décret de l’Assemblée Nationale du 27 septembre 1791.

Parmi les décrets furent pris par l’Assemblée nationale le 28 septembre 1791, le Décret d’émancipation des Juifs de France pris le 27 septembre 1791, ratifié par Louis XVI le 13 novembre 1791 et contresigné par Marguerite-Louis-François Du Port-Dutertre, Ministre de la Justice

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Les juifs dans la République

À l’occasion de l’anniversaire du vote du décret d’émancipation des Juifs de 1791, s’est tenu mercredi 27 septembre à l’Assemblée nationale le premier colloque du Crif  Les Juifs dans la République : entre promesse universaliste et regain de l’antisémitisme.

« Chacun a une date de naissance personnelle. Les Français juifs ont une date de naissance collective : nous sommes nés le 27 septembre 1791 » :  C’est avec ces mots que Yonathan Arfi, Président du CRIF, a ouvert ce premier colloque « Les Juifs dans la République : entre promesse universaliste et regain de l’antisémitisme ». Il a rappelé l’importance de ce décret d’émancipation qui fit entrer 40 000 Juifs dans la citoyenneté française.

Yonathan Arfi a également indiqué que face au défi d’une société française en pleine crise d’identité, l’universalisme républicain n’était pas le problème mais bien la solution, car sans lui se dessinerait une société faite de rapports de force.

Sur la question de la laïcité, le Président du Crif a ensuite rappelé combien, pour les Juifs, la laïcité avait toujours été une loi de protection et d’équilibre : « Plus les Juifs sont intégrés et plus l’antisémitisme semble revigoré ».

Yonathan Arfi a conclu son propos en indiquant que rendez-vous serait désormais donné chaque 27 septembre par le CRIF pour un temps d’échange autour de l’idéal républicain, marquant ainsi l’anniversaire symbolique des Français juifs.

Yaël Braun-Pivet, que le CRIF a remercié chaleureusement pour son accueil à l’Assemblée nationale, a tenu à adresser un message vidéo au public présent. La Présidente de l’Assemblée nationale a rappelé qu’avec le Décret d’émancipation, les Juifs de France étaient devenus des Français juifs. Elle a conclu son allocation avec ces termes : « La représentation nationale sera toujours à votre écoute. J’en prends l’engagement ».

A ensuite été diffusé un message fort de Robert Badinter, ancien Président du Conseil constitutionnel et ancien Garde des Sceaux, qui a notamment rappelé : « Accorder la citoyenneté française aux Juifs était alors une grande avancée. Il faut mesurer le chemin parcouru. […] Aujourd’hui vous en êtes les héritiers, les dépositaires ». 

Colloque du Crif (27 septembre 2023) : message de Robert Badinter

S’est ensuite ouverte la première table-ronde de ce colloque sur le thème « De l’émancipation à l’antisémitisme contemporain »: Autour de la table, Rita Hermon-Belot, historienne, Dominique Schnapper, sociologue et politologue, et le philosophe et rédacteur de la Revue « K », Bruno Karsenti, ont débattu autour de ce sujet. Sandrine Szwarc, historienne et journaliste, fut la modératrice de cette table-ronde qu’elle a introduite en rappelant que ce sujet balayait plus de deux siècles de l’histoire des Juifs en France et qu’il posait la question des enjeux auxquels les Juifs étaient confrontés en France depuis leur accession à la citoyenneté.

Rita Hermon-Belon, qui a contribué à l’encyclopédie « Histoire juive de la France » qui paraîtra le 11 octobre aux Éditions Albin Michel, a indiqué dans son propos que le Décret de 1791 avait fait des Juifs des citoyens de plein exercice, alors même que jusqu’alors ils n’étaient pas considérés comme des sujets du Roi de France.

Elle a ensuite abordé la question de la laïcité, la question de l’identité étant centrale dans la question de la laïcité : « La laïcité va au-delà du droit, c’est aussi de la philosophie et des identités complexes. […] De ce point de vue, l’israélitisme français [par sa pluralité] aura été un des premiers et un des plus forts exemples d’identité complexe ». 

Haïm Korsia, donnant pour exemple son propre titre : « Grand Rabbin de France » et non « Grand Rabbin des Français juifs »,  a démontré que le judaïsme était pleinement intégré dans la République.

Paul Amar, journaliste et modérateur de la seconde table-ronde, a ensuite introduit le thème « L’universalisme, un projet d’avenir ? » Autour de lui, Jérôme Guedj, député de l’Essonne (parti socialiste – NUPES), Mathieu Lefèvre, député du Val-de-Marne (Renaissance) et Président du groupe d’amitié France-Israël, et Geoffroy Didier, député européen (LR).

Les trois députés ont échangé ensemble autour de ce sujet dont, comme l’a très justement relevé Geoffroy Didier, la forme interrogative traduit un certain malaise, ‒ l’universalisme étant devenu un combat.

Pour l’occasion, Jérôme Guedj avait fait venir de la Bibliothèque de l’Assemblée nationale l’exemplaire original du Décret d’émancipation des Juifs du 27 septembre 1791. 

TJ

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