Daniel Sarfati. Quel que soit le débat en Israël, on atteint rapidement le point Godwin

La Kabbale d’Isaac Louria, יצחק לוריא dit le Ari ( Jérusalem 1534-Safed 1572) est fascinante et abordable, même pour un néophyte comme moi. 

Elle réconcilie l’athée et le croyant. 

Selon le grand spécialiste Gershom Scholem :

« La principale originalité de la kabbale lourianique tient au fait que le premier acte de la divinité transcendante – une transcendance que les kabbalistes appellent le Ein Sof (l’Infini) – n’est pas « un acte de révélation et d’émanation, mais, au contraire, un acte de dissimulation et de restriction ».

Dieu s’est rétracté, s’est retiré de sa création. 

Dieu s’est absenté. Il se planque. 

Ce qui est pratique avec cette vision du monde, c’est que l’on n’a pas besoin de prouver ou non l’existence de Dieu, il n’est pas là. 

Par contre, les règles de stationnement à Tel Aviv m’ont toujours plongé dans des abîmes de perplexité. Je n’y ai toujours rien compris. 

Je suis sûr que si Isaac Louria vivait de nos jours, et décidait de quitter Safed pour un week-end à Tel Aviv, il serait incapable de garer sa voiture. 

Le nombre d’interdictions est plus infini que celui des qualités de Dieu. 

Mais j’avais cru, au moins, avoir compris une chose : lorsque la bordure du trottoir est rouge et blanche, c’est interdit. 

Bleu et blanche ( comme le drapeau), c’est permis. 

Ça ne pouvait pas être aussi si simple. 

Un vendredi après-midi, veille de shabbat, je me précipite à la boulangerie du coin encore ouverte, pour acheter leurs dernières halot. 

J’avais cramé celles que je voulais faire moi-même. 

Je tombe sur une altercation entre un automobiliste et un flic. 

Pourquoi tu me mets cette contravention ? hurle le contrevenant. Les bandes sont bleues et blanches. 

C’est une zone de livraison, répond le flic, calmement mais fermement. 

Je suis un observateur neutre et je dois préciser que rien ne l’indique, à part un panneau au texte abscons.

A Paris, une zone de livraison est marquée au sol par des lignes jaunes. 

A Tel Aviv non. 

C’est supposé être connu que devant le 60 de la rue Mazeh on livre. 

Comme nous sommes dans un pays de talmudistes, c’est un véritable pilpoul qui s’engage. 

Autour des deux protagonistes, la foule grossit. 

Avec l’appui des badauds, et en particulier d’un vénérable rabbin, l’automobiliste fait remarquer au flic qu’en cette veille de shabbat, on n’a pas le droit de livrer passée une certaine heure. 

Et cette heure est passée, dit le rabbin en agitant son index sous le nez du fonctionnaire de police. 

L’interdiction est caduque. 

La Loi c’est la loi, proteste le flic. 

Le Shabbat est sacré, c’est sa loi qui prévaut du vendredi soir au samedi soir, argumente le rabbin. 

Le flic, sans doute un gauchiste antiBibi dans le civil, se rebiffe :

Ce n’est pas à Dieu de décider où il est autorisé ou non de livrer. De toute façon, Dieu est absent. Qu’a t-il fait pour nous devant les nazis. 

Quel que soit le débat en Israël, on atteint rapidement le point Godwin. 

Le rabbin : Dieu n’est pas absent, il s’est juste rétracté. 

On en revient à Isaac Louria. 

Imparable. 

A bout d’arguments, le flic a fini par déchirer l’amende, et s’est juré d’aller manifester sur Kaplan samedi soir. 

L’automobiliste a remercié le rabbin. 

Nishto far vos, Pas de quoi, lui a répondu le talmudiste.

Moi, je me suis passé de halot. 

La boulangerie avait fermé.

© Daniel Sarfati

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1 Comment

  1. Soulignons que c’est toujours la « gauche » judéophobe qui usite du « point Godwin » contre les « juifs » partout dans le monde et surtout dans la soit disant ville la plus tolérante du monde.
    Le pogrom contre des fidèles de Rosh Yehoudi à Kippour ( dont la majorité étaient « laïcs » ) témoigne dans la cruauté de cet auto antisémitisme. L’ancienne bras droit de Lapid qui brigue le post de l’infâme maire actuel, à annoncer que les habitants devraient répondre à certains critères pour avoir droit d’y à habiter !

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