Tel Aviv 2018? Une association française philosophique et spirituelle donne une conférence le lendemain, à laquelle je me rends. Je rejoins l’hôtel où se tient l’évènement. Une salle de conférence banale, je m’installe. Je suis presque seul dans ma rangée. Très rapidement je constate que le sujet développé m’est bien connu, mon intérêt diminue et je regarde autour de moi. Mon voisin le plus proche porte lunettes et un petite barbe. C’est toi Jacques. Premier contact. Nous échangeons quelques commentaires. La conférence touche à sa fin, nous convenons de consacrer le contact et de nous revoir. Tu me laisses tes coordonnées.
Quelques mois plus tard, je t’appelle, nous déjeunons ensemble. J’apprends alors ton engagement de huit ans à travers ta création, « Temps et Contretemps ». L’idée me vient, je te propose de t’envoyer des articles, tu acceptes. Tu me mets en garde des soins qu’il faut prendre, présentation, durée, et surtout originalité.
Après plusieurs envois, force est de reconnaitre que j’ai encore des progrès à faire. Sans ménagement mais avec bienveillance tu mets le doigt là où ça fait mal, pour me permettre de rectifier mes erreurs ou manques d’attention, de précisions. Je me souviens qu’à cette occasion tu prends la peine de citer Françoise Giroud qui fut la grande journaliste que nous savons: « Elle définissait en cinq règles d’une simplicité farouche ce que doit être une écriture journalistique percutante.
1. Inutile d’avoir du talent à la cinquième ligne, si le lecteur vous a lâché à la première.
2. Si on peut couper dix lignes dans un article sans enlever une idée, c’est qu’elles étaient en trop … et si vous rejoignez le 1 et le 2, les Américains diraient on doit toujours couper un texte en commençant par la fin puisque l’essentiel se trouve dans le titre …
3. Jamais de point d’interrogation dans un titre.
4. Placer un verbe dans un titre le renforce et c’est encore mieux si ce verbe est au présent … ou au futur.
5. Suivre le conseil de Paul Valéry : de deux mots, choisir le moindre ; autrement dit, des mots simples sans répétition et … pas d’adverbe ».
J’ai encore le document que tu me remets à cette occasion. Tu m’as toujours laissé le choix du contenu. J’ai d’ailleurs souvent observé certaines réactions peu amènes de certains lecteurs. Pour autant, tu les publies au titre de cette même liberté de penser et d’écrire que tu n’as cessé de prôner depuis la création du site. J’ai également découvert que tu es sans doute le seul à avoir résisté aux appels des sirènes publicitaires. Ce qui te permet depuis l’origine d’être totalement indépendant de quelque pression que ce soit.
En mars nous nous voyons, justement après la réception de tes résultats d’examen. Je pensais pouvoir te dire de vive voix tout ce qui précède après ces cinq années de collaboration hebdomadaire, mais l’environnement ne s’y prêtait pas réellement. Arrive fin avril, nous nous revoyons à nouveau. C’est au moment où tu dois commencer à suivre le protocole consécutif aux résultats.
Je voulais aussi ajouter quelque chose. Un dicton populaire qu’on entend souvent, « On ne choisit pas sa famille ». Ça n’est vrai qu’en partie. Je voulais te préciser ma pensée. Le temps nous aura manqué à tous. En réalité, nous avons un triple choix :
Notre famille de sang nous ne la choisissons pas.
Notre famille de cœur, c’est selon. Elle nous choisit ou on la choisit.
Enfin, notre famille d’esprit. C’est celle que je partageais avec toi et Claude. Tout a été trop vite. Faute de pouvoir te le dire, je l’ai écrit.
© Francis Moritz
© Rencontre – Jean Corcos
http://rencontrejfm.blogspot.com/2023/09/jacques-benillouche-lhommage-de-francis.html
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