Pour les Britanniques, seul l’État a le monopole de la politique étrangère. Toutes les institutions qui boycottent Israël (universités, régions, municipalités…) ne seront plus soumises à l’influence de BDS.
Le 9 mai, le Financial Times[1] a révélé que le secrétaire aux collectivités locales, Michael Gove, préparait une loi destinée à empêcher les collectivités locales britanniques et tous les organismes publics de boycotter Israël.
Michael Gove et Oliver Dowden, vice-Premier ministre, ont paru déterminés à promulguer la mesure avant les prochaines élections. Et de fait le texte a fait l’objet de deux lectures successives, – la dernière ayant eu lieu en juillet dernier – et a été voté par 268 voix contre 70, certains députés conservateurs s’étant opposés au projet de loi et les députés du parti travailliste s’étant abstenus lors du vote. Le texte arrivera en commission d’Etat plus tard cette année.
Il ne fait pas de doute que le texte sera promulgué et, à partir de ce moment-là, il marquera un tournant.
En effet, le but de cette loi est de renforcer le rôle de l’État et d’affirmer qu’il a seul la capacité de définir une politique étrangère. Dans le cadre de l’Union européenne, les collectivités locales, les régions, les universités, les syndicats étaient devenus des corps quasi autonomes capables de définir chacun leur politique étrangère. Ils étaient donc devenus perméables à l’influence de BDS. Eh bien, avec le Brexit c’est cela qui change : les Conseils municipaux comme celui de Lancaster en juin 2021 et celui de Leicester en 2014 seront privés du pouvoir d’adopter des motions de boycott d’Israël. L’influence de BDS auprès de l’ensemble de ces organismes publics sera sans effet. Gove a déclaré l’année dernière : « La campagne BDS est conçue dans un seul but : attaquer et délégitimer l’État d’Israël et l’idée qu’il devrait y avoir un État juif ».
Mais le texte de loi a une seconde signification plus générale et tres importante : ses promoteurs réaffirment que ce monopole de politique étrangère est une condition nécessaire à la cohésion sociale de la Grande Bretagne. Le gouvernement britannique estime que dans une société multiculturelle et multireligieuse comme la Grande Bretagne, les mesures de boycott prônées par certaines communautés (musulmanes pour être précis) peuvent fracturer le consensus national et « légitimer et alimenter l’antisémitisme » tout en politisant inutilement les institutions publiques. Dans le discours de la reine l’année dernière, les ministres ont déclaré que les organismes publics qui s’engagent dans des boycotts « sapaient la cohésion communautaire ».
La France qui, comme la Grande Bretagne, est devenue une société communautarisée, aurait intérêt à regarder comment l’État britannique redevient le gardien de la paix sociale… et le protecteur de la minorité juive.
© Yves Mamou
Yves Mamou est l’auteur de « Le Grand Abandon, les élites françaises et l’Islamisme » (Éd. L’Artilleur. 2018)et de « Dix petits mensonges et leurs grandes conséquences : Auschwitz, Israël, la Palestine et nous » ( Éd. L’Artilleur. 2021)
[1] UK ministers to bring forward bill stopping councils boycotting Israel, Financial times 9 mai 2023
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