ימים נוראים , Yamim Noraïm, les 10 jours redoutables

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Je me reconnais dans ces lignes indépassables de Franz Rosenzweig dans « L’Etoile de la Rédemption »:

« Les jours redoutables, le jour du Nouvel An et le jour de la Réconciliation (Kippour), placent la rédemption éternelle au sein même du temps. (…) L’éternité est débarrassée de tout éloignement dans l’au-delà ; elle est là réellement désormais, l’individu peut la saisir et l’appréhender, et elle saisit et appréhende l’individu d’une main vigoureuse ». Franz Rosenzweig, « L’Étoile de la Rédemption ».

Je voudrais vous raconter une histoire.

En septembre 2010, invité par Francine A., une amie spécialiste des récepteurs du cerveau, dont la maman est rescapée du ghetto de Varsovie, je suis arrivé à la synagogue ashkénaze de Montevideo à Kippour pour la prière de Neila. 

J’avais un Talit et une Kippa car je me considérais intérieurement comme juif et priais seul en hébreu depuis un an.

Quand je suis entré, toute l’assemblée était occupée à prier de manière intense et quasi tragique. On aurait dit une mer de vagues blanche de taleths sous lesquels s’abritaient ces hommes.

Nous étions là dans ce sanctuaire coupé du temps et de l’histoire et ces hommes en blanc sous les taleth étaient, j’en eu alors la claire perception, mon peuple. 

Mon peuple continuait de vivre, malgré les fracas de l’histoire il n’avait pas disparu, il continuait de faire monter sa prière comme un encens du soir vers l’Eternel. Une prière cachée de ceux qui croyaient faire l’histoire.

C’était étrange parce que, depuis mon enfance, je me sens profondément Corse. Nous autres Corses, sommes un peuple, et rien ni personne ne pourra changer à cela. 

J’ai souvent fait ce rêve. Il fait nuit, je marche sur le plateau du Cuscione sous la voûte étoilée. C’est un lieu magique entre ciel et terre où courent les chevaux sauvages et où les cieux se reflètent dans l’eau des torrents.  

Plateau du Cuscione

Au loin je distingue un feu. Au fur et à mesure que je m’approche je vois des bergers assis autour. Ces hommes ont des bonnets de fourrure comme autrefois, une couverture sur les épaules. L’un d’eux se lève et m’invite à m’asseoir à ma place autour du feu. Je m’assieds et je me réveille.

En entrant à Montevideo c’était comme si mon rêve s’était réalisé.

Le Cuscione, le soir

Le Chabbat suivant, je suis rentré dans la synagogue au bout de ma rue. Et c’est comme cela que j’ai rejoint la longue marche d’Israël. 

Le chofar dit : Éveillez-vous, dormeurs, de votre sommeil et vous, assoupis, de votre torpeur ! 

Maïmonide, Ya’d Hilkhot teshouva 3, 4
  בְּקוּם לַמִּשְׁפָּט אֱלֹהִים לְהוֹשִׁיעַ כָּל-עַנְוֵי אֶרֶץ D-ieu se lève pour juger, pour sauver tous les humbles (anawei) de la terre. (Ps 76, 10)

6 octobre 2019

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1 Comment

  1. Nayim Norayim; c’est la plus belle Histoire ,la nôtre, elle est unique. Même les non-croyants devraient se sentir touchés par cette vague d’hommes en blanc. Je suis toujours submergée par l’émotion lorsque je les vois.Encore merci Tribune Juive pour les photos.

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