
Depuis le début des années deux mille, la Russie devenue poutinienne offre un exemple saisissant de renaissance d’une politique conservatrice dans laquelle on reconnaît une forte inspiration traditionaliste. Des courants y sont observables, dontles plus vivants sont nés du mariage dunationalisme impérial russe et de l’utopie néo-eurasiste, dont Alexandre Douguine (1), penseur politique et religieux fortement marqué par l’ésotérisme (2), s’est imposé, au cours des années quatre-vingt-dix et deux mille, comme le théoricien le plus médiatique et le promoteur le plus influent.
Les nouveaux traditionalistes russes sont avant tout des nationalistes radicalement anti-modernes et anti-occidentaux qui, tel Douguine, dénoncent le « mondialisme » à visage américain, souvent jumelé avec le « sionisme » (toujours « mondial »), comme l’ennemi absolu. Mais leur nationalisme est paradoxal, car il ne se satisfait pas de l’existence des États-nations souverains existants et rêve d’empire. Il présuppose l’existence de blocs civilisationnels rivaux, dont les relations sont structurées par une opposition fondamentale, conceptualisée naguère par Carl Schmitt (3), l’un des maîtres revendiqués par Douguine (4) : l’opposition entre les puissances maritimes ou thalassocratiques (Grande-Bretagne, États-Unis, etc.) et les puissances terrestres et continentales (Russie, Europe centrale et de l’Est, etc.). Ce nouveau traditionalisme politique est avant tout un antilibéralisme, comme ne cesse de l’affirmer Douguine, en lutte contre un fantomatique « libéralisme totalitaire» qui aurait « privé l’homme de toute forme d’identité collective » :
« La religion, les valeurs traditionnelles, la hiérarchie, la conscience nationale : il faut s’en débarrasser ? Toutdevient optionnel : on peut choisir sa religion, sa nation, et aujourd’hui même son sexe. (5) »
En outre, se présentant comme un antitotalitarisme, le libéralisme serait pervers et trompeur :
« Le libéralisme est une idéologie totalitaire et violente, un moyen de répression politique directe et indirecte, depression éducationnelle et de propagande féroce, mais se proclamant non totalitaire, c’est-à-dire dissimulant sa vraienature. (6) »
L’objectif des nouveaux traditionalistes russes est de construire le grand empire eurasien, seul moyen à leurs yeux de faire de la Russie une puissance capable de tenir tête aux États-Unis et plus largement à l’Occident. Le nouveau traditionalisme russe n’est autre que le néo-eurasisme, dont Douguine est l’idéologue le plus en vue (7). Mais les membres de cette mouvance rêvent aussi d’une victoire totale sur l’ennemi occidental. Pour les idéologues néo-eurasistes, le conflit entre la Russie-civilisation et lacivilisation occidentale « décadente » est inévitable. Exprimant l’anti-occidentalisme radical de son milieu politico-intellectuel poutinien, Alexandre Bovdunov, sociologue enseignant à l’Université de Moscou, qui publie notamment, comme Douguine, sur le site Katechon, n’hésite pas à lancer en janvier 2015, sur le site Evrazia (Eurasie), cet appel à la destruction de l’ennemi civilisationnel :
« Compte tenu de l’irréductibilité absolue des attitudes civilisationnelles fondamentales les unes envers les autres[…], la solution finale de tout conflit civilisationnel ne peut être que l’anéantissement de l’un de ses participants. […] Ainsi, reconnaissant la nature civilisationnelle du conflit entre la Russie et l’Occident, l’objectif fixé est la destruction de l’Occident sous sa forme civilisationnelle actuelle. (8) »
Et l’intellectuel-guerrier de donner des conseils de stratégie culturelle et médiatique pour mener ce combat identitaire :
« Lorsque nous utilisons des réseaux déjà existants, nous devons donner la priorité à ceux qui visent d’une manière ou d’une autre à détruire l’identité civilisationnelle de l’Europe d’aujourd’hui. Les sectes totalitaires, les mouvements séparatistes, les mouvements néonazis et racistes, les anarchistes et les altermondialistes, les écologistes radicaux, les eurosceptiques, les isolationnistes, les migrants illégaux, etc. doivent agir dans ce but. (9) »
Douguine a résumé sa vision du monde et ses perspectives géopolitiques dans un entretien publié en août 2013, où, mêlant apocalyptisme et complotisme, il reprend à son compte la célèbre distinction de l’ayatollah Khomeyni entre le « grand Satan » et le « petit Satan », ces deux figures de l’ennemi absolu :
« Le sionisme est une force locale très négative au niveau de la géopolitique parce qu’il suit les ordres de Washington. […] Je crois que le sionisme est en quelque sorte le petit Shaïtan [« diable » en arabe], alors que les États-Unis avec leur manie de vouloir contrôler le monde sont le grand Shaïtan. […] Nous, chrétiens orthodoxes […] et les […] représentants de l’islam traditionnel voulons créer le front contre ce que nous appelons Antéchrist (Dajjal pour les musul- mans), car nous identifions le principe du mal dans la volonté des États-Unis de vouloir créer un monde unipolaire avec l’OTAN et l’Occident comme force unique et absolue. (10) »
Tous les traditionationalistes russes sont des nostalgiques de la Russie impériale et se présentent comme des défenseurs d’une identité russe qui, distincte de l’identité européenne selon eux en cours d’américanisation, est inséparable du modèle de l’Empire (tsariste et soviétique) qu’ils s’efforcent de légitimer et de ressusciter. Cette identité est civilisationnelle et se confond avec l’auto-affirmation d’une grande puissance eurasiatique, face à la puissance étatsunienne et à la puissance chinoise. Ces intellectuels expressément antilibéraux, qui rejettent les démocraties pluralistes occidentales et célèbrent les régimes autoritaires, reprennent à leur compte nombre de concepts et de thèmes élaborés depuis les années vingt par les idéologues de l’eurasisme (11). Avec Douguine, les milieux traditionalistes russes ont trouvé leur principal théoricien politique doublé d’un mystique orthodoxe. En 2002, Douguine a publié à Moscou deux ouvrages significatifs : Philosophie du traditionalisme (12) et L’Eurasie par-dessus tout, alors qu’il venait de créer,le 21 avril 2001, un parti eurasiste, Evrazija, proche du pouvoir russe – Douguine précisera en 2004 que son parti avait bénéficié du « soutien total du président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine » (13). Le 20 novembre 2003, Evrazija s’est transformé en Mouvement eurasiste international. Ce qu’on rencontre dans les écrits de Douguine, c’est le produit d’une synthèse entre le traditionationalisme russe, la vision eurasiste, une conception autoritaire du pouvoir et un projet impérial associé à une forme de messianisme, le tout impliquant un anti-occidentalisme de style paranoïaque – l’Occident incarnant la causalité diabolique. Mais la solidité et la cohérence de la synthèse douguinienne du traditionalisme et de l’eurasisme peuvent paraître pour le moins discutables (14).
Il faut en outre souligner que le théoricien politique russe, faisant le choix de l’empire contre les États-nations, rejette le principe de la souveraineté nationale et part du principe, exposé en 1997 dans Les Fondements de la géopolitique, que, dans un monde multipolaire, « seul un bloc ou une coalition d’États peut revendiquer une véritable souveraineté ». C’est pourquoi, pensant les rapports de force mondiaux comme intercivilisationnels et non comme internationaux, il ne se dit pas nationaliste, mais traditionaliste, défenseur des traditions qui forment le socle de toute grande civilisation. Dans le monde multipolaire que Douguine croit voir surgir, « les acteurs ne seront pas les États-nations mais des civilisations entières » (15). On reconnaît ici la trace d’une influence du modèle du « choc des civilisations » théorisé par Samuel P. Huntington (16). Dans un texte rédigé fin 2001, Douguine formule cette prophétie : « Le XXIe siècle sera le siècle de l’opposition entre atlantistes (les partisans du “mondialisme unipolaire”) et eura- sistes. (17) » L’affrontement aura lieu entre des blocs civilisationnels et non entre des nations.
Quoi qu’il en soit, en défendant la vision eurasiste, Douguine ne peut être dit nationaliste au sens courant du terme, si l’on prend au sérieux la célèbre définition du phénomène qu’en donnait Ernest Gellner :
« Le nationalisme est essentiellement un principe politique, qui affirme que l’unité politique et l’unité nationaledoivent être congruentes. […] Le nationalisme est une théorie de la légitimité politique qui exige que les limites ethniques coïncident avec les limites politiques. (18) »
Or, l’empire eurasien dont rêve Douguine est supranational et pluri-ethnique, et implique que l’unité politique se confonde avec l’unité civilisationnelle : il y a là une violation caractérisée du principe constitutif du nationalisme (19).
Douguine nationaliste, fasciste ou traditionaliste révolutionnaire ?
Soulignons d’entrée de jeu que Douguine refuse de se dire nationaliste et qu’il ne cesse de répéter qu’il est un penseur traditionaliste. Mais son traditionalisme est d’abord russe, et cette identité russe qu’il assume fait de lui, quoi qu’il puisse en dire, un nationaliste russe, ou, dans le jargon du milieu dans lequel il s’est formé, un « national-patriote » russe. Ce qui le singularise dans le camp nationaliste, c’est sa théorisation personnelle du néo-eurasisme, qui emprunte beaucoup d’éléments à des auteurs non russes. Mais ce néo-eurasisme est devenu chez Douguine le fondement d’une vision impériale du destin russe. Il a donné des lettresde noblesse au national- impérialisme qu’il a élaboré depuis le début des années quatre-vingt-dix. C’est à ce titre qu’on perçoit aujourd’hui Douguine comme l’un des idéologues dont le national-conservateur Poutine se serait inspiré à tel ou tel égard. Il serait pour autant excessif de considérer Douguine comme « le Raspoutine de Poutine » (20), « un conseiller occulte du chef du Kremlin » (21), le « plus proche conseiller de Poutine » (22) – puis, plus prudemment, « un idéologue réputé proche duKremlin » (23) – ou encore comme ce « célèbre idéologue ultra nationaliste proche du Kremlin » (24), selon les clichés journalistiques qui continuent de circuler. Dans son article du 16 mars 2022 sur les références intellectuelles de l’autocrate russe, Marlène Laruelle nous rappelle qu’aujourd’hui « Douguine n’a pas l’oreille du Kremlin », car « il est trop radical dans ses formulations, trop obscurément ésotérique et cultive un niveau de références intellectuelles “élevées” aux classiques de l’extrême droite européenne qui ne peut répondre aux besoins de l’administration Poutine ». Certes, « il a été l’un des premiers promoteurs d’une notion géopolitique de l’Eurasie et de la Russie en tant que civilisation distincte dans les années quatre-vingt-dix, mais ces thèmes sont devenus courants en dehors et même contre leur utilisation par Douguine dans les décennies suivantes » (25). Ce qui est vrai, c’est que, de 1990 à 2022, Douguine a fortement contribué à diffuser dans le milieu des élites russes se reconnaissant dans la droite nationaliste un certain nombre de thèmes qui ont refondé idéologiquement l’impérialisme russe. Il a élaboré une sorte de catéchisme philosophico-politique dont il s’est fait lui-même le porte-voix, non sans succès, en Russie comme dans nombre de pays européens. L’infatigable conférencier et débatteur est devenu le propagandiste de ses propres dogmes idéologiques, pieusement répétés depuis plus de trois décennies.
Début janvier 2022, évoquant la « Reconquista eurasienne », Douguine se lance dans un éloge de Poutine, sous la direction duquel « la Russie est passée d’un statut de loser en politique internationale à celui d’un des trois pôles complets du monde multipolaire ». Et de définir ainsi l’objectif de cette reconquête :
« La Russie est maintenant prête à poursuivre la Reconquista eurasienne, c’est-à-dire à éliminer définitivement lesréseaux pro-américains de toute notre zone d’influence. (26) »
Ukraine comprise. Il s’agit bien d’une guerre de purification idéologique. À la mi-mars 2022, Douguine expose sans fard sa visionde l’invasion russe de l’Ukraine, fondée sur la conviction que l’Occident est en décadence :
« Ce n’est pas une guerre contre l’Ukraine. C’est une confrontation contre le globalisme en tant que phénomène planétaire intégral. C’est une confrontation à tous les niveaux – géopolitique et idéologique. La Russie rejette tout dans le mondialisme : l’unipolarisme, l’atlantisme, d’une part, et le libéralisme, l’anti-tradition, la technocratie,en un mot, le Great Reset, d’autre part. […] L’Occident moderne, où triomphent les Rothschild, Soros, Schwab, BillGates et Zuckerberg, est la chose la plus dégoûtante de l’histoire du monde. […] C’est un cimetière des déchets toxiques de la civilisation, c’est l’anti-civilisation. […] La Russie est née pour défendre les valeurs de la Tradition contre le monde moderne. C’est précisément cette “révolte contre le monde moderne” [référence au livre ainsititré de Julius Evola, paru en 1934]. […] L’Europe doit rompre avec l’Occident […]. La rupture avec l’Occident n’est pas une rupture avec l’Europe. C’est une rupture avec la mort, la dégénérescence et le suicide. (27) »
Si Douguine est avant tout un esprit religieux, attaché à la tradition orthodoxe, et à ce titre prenant place dans la longue série des penseurs religieux russes, il est aussi un théoricien politique, un nationaliste russe atypique et un stratège culturel engagé dans les débats de l’époque. Personnage aux multiples facettes, Douguine peut cependant être identifié comme un traditionaliste révolutionnaire, en précisant qu’il appelle à la révolution contre l’Occident mondialiste, capitaliste et libéral, condition de possibilité de ce qu’il appelle le « Grand Réveil », la « renaissance » de la Russie qui est « inconcevable sans un retour à la mission impériale » inscrite dans son destin (28).
Quant à Poutine, étranger à toute orientation révolutionnaire, il apparaît comme un nationaliste conservateur se réclamant des « valeurs traditionnelles », son nationalisme étant expansionniste et impérialiste, marqué par un tournant anti-occidentaliste de plus en plus accentué. Il incarne un «national-conservatisme » (29) impérialiste et hespérophobe.
Mais si Douguine a une doctrine, serait-elle éclectique et en évolution permanente, il n’en va pas de même pour Poutine, despote opportuniste qui sélectionne et instrumentalise à son profit des thèmes et des croyances qu’il puise dans les traditions politiques et religieuses russes, en jouant la carte identitaire. Ce qui les rapproche avant tout, c’est la dimension messianique de leurs interventions respectives, qui, dans des registres différents, appellent à la guerre, à une nouvelle guerre sainte ou à une croisade fantasmée – contre les «nazis » ukrainiens, l’Antéchrist ou les « satanistes » occidentaux. Leur objectif est la désoccidentalisation du monde, au-delà de leurs critiques d’un monde unipolaire et de leur exigence d’une multipolarité, idéologiquement acceptables. Ils agissent comme deux envoyés de Dieu ou de la Sainte Russie, s’imaginant être des messies dans un monde sécularisé ou « occidentalisé » qu’ils rejettent, méprisent et rêvent de voir disparaître.
Ce qui est sûr, c’est que ceux qui les prennent au sérieux et les admirent prennent des vessies pour des lanternes. Derrière la demande d’un multi-polarisme, il est facile de discerner un nouveau programme impérialiste, impliquant une recomposition géopolitique du monde.
© Pierre-André Taguieff
Notes
- Voir Alexandre Douguine, L’Appel de l’Eurasie. Conversation avec Alain de Benoist, préface d’Alain de Benoist, Étampes, Avatar Éditions, 2013. L’ouvrage comporte en annexeun certain nombre de textes de Douguine.
- Voir notamment Alexandre Douguine, Les Mystères de l’Eurasie [1991, 1996], traduction ano- nyme, Ars Magna, 2018 ; Pour le front de la tradition, traduction anonyme, ArsMagna, 2017.
- Carl Schmitt, Terre et Mer. Un point de vue sur l’histoire mondiale [1942], traduit par Jean-Louis Pes- teil, introduction et postface (« La thalassopolitique ») de Julien Freund, Éditions du Labyrinthe, 1985 ; nouvelle édition : introduction d’Alain de Benoist, postface de Julien Freund, La Nouvelle Librairie, 2022.
- Voir Alexandre Douguine, La Quatrième Théorie politique. La Russie et les idées politiques du XXIe siècle [2009], traduit par Valentin Lacombe, avant-propos d’Alain Soral, Ars Magna Éditions, 2012, p. 193-207.
- Alexandre Douguine, « Tout est fake news. Il faut éliminer le journalisme », Le Vif/L’Express, 15 décembre 2017, in Le Retour des grands temps (Écrits eurasistes, 2016-2019), traduction ano- nyme, Ars Magna, 2019, p. 229.
- Alexandre Douguine, « Le troisième totalitarisme », extrait de Eurasian Mission, Arktos, 2014, repris dans Les Racines de l’identité (Écrits eurasistes, 2012-2015), traduction anonyme, Ars Magna, 2019, p. 288. Voir aussi Alexandre Douguine, Les Mystères de l’Eurasie, op. cit., p. 319-321 ; « Le libéralisme a pris la place de la religion » (entretien avec Sergey Mardan), 26 juillet 2022, https:// katehon.com/fr/article/alexandre-douguine-le-liberalisme-pris-la-place-de-la-religion.
- Voir Mark J. Sedgwick, Contre le monde moderne. Le traditionalisme et l’histoire intellectuelle secrète du XXe siècle [2004], Éditions Dervy, 2008, p. 287-315.
- Alexandre Bovdunov, « Civilizacionnye razborki » (« Démontage de la civilisation »), 13 janvier 2015.
- Voir Françoise Thom, Comprendre le poutinisme, Desclée de Brouwer, 2018, p. 191-193.
- Alexandre Douguine, entretien paru sur le site Algérie patriotique, août 2013, in Pour le front de la tradition, op. cit., p. 569.
- Voir Marlène Laruelle, L’Idéologie eurasiste russe ou comment penser l’empire, L’Harmattan, 1999 ; La Quête d’une identité impériale. Le néo-eurasisme dans la Russie contemporaine, Éditions Pétra, 2007 ; Eurasianism and the European Far Right: Reshaping the Europe-Russia Relationship, Lexington Books, 2015.
- Alexandre Douguine, Filosofiia traditsionalizma, Arktogeja, 2002. Sur cet ouvrage, voir Jafe Arnold, « Alexander Dugin and Western Esotericism: The Challenge of the Language of Tradition », Mondi: Movimenti Simbolici e Sociali dell’Uomo 2, avril 2019, p. 33-70.
- Alexandre Douguine, « Mission eurasienne. Projet pour un Mouvement eurasiste international. Textes du programme, in L’Appel de l’Eurasie, op. cit., p. 178.
- Anton Shekhovtsov et Andreas Umland, « Is Aleksandr Dugin a Traditionalist? “Neo-Eurasianism” and Perennial Philosophy », The Russian Review, octobre 2009, p. 663-678 ; repris in Arthur Versluis, Lee Irwin et Melinda Phillips (eds.), Esotericism, Religion, and Politics, New Cultures Press, 2012, p. 129-154.
- Alexandre Douguine, « La civilisation comme concept politique » (entretien avec Natella Spe- ranskaja), in Les Racines de l’identité (Écrits eurasistes, 2012-2015), op. cit.,p. 14.
- Samuel P. Huntington, Le Choc des civilisations [1996], traduit par Jean-Luc Fidel et al., Odile Jacob, 1997. Voir Pierre-André Taguieff, Le Retour de la décadence. Penserl’époque postprogres- siste, Puf, 2022, p. 78-88.
- Alexandre Douguine, « La vision eurasiste, principes de base de la plate-forme doctrinale eura- siste », in Le Prophète de l’eurasisme, Avatar Éditions, 2006, p. 309.
- Ernest Gellner, Nations et Nationalisme [1983], traduit par Bénédicte Pineau, Payot, 1989, p. 11-12.
- Vieil ami de Douguine, Alain de Benoist ne manque pas de venir à son secours en le présentant comme étranger au nationalisme. Voir Alain de Benoist, « L’eurasisme de Douguine est incompatible avec le nationalisme » (propos recueillis par Maxime Le Nagard), Front populaire, 30 août 2022.
- Vincent Jauvert, « Le Raspoutine de Poutine », Le Nouvel Observateur, 30 avril 2014.
- Idem.
- Le « plus proche conseiller de Poutine », LCI, 21 août 2022.
- « Un idéologue réputé proche du Kremlin », LCI, 23 août 2022.
- Alain Barluet, « Qui était Daria Douguina, fille d’un “idéologue” proche du Kremlin, tuée dans la banlieue de Moscou ? », Le Figaro, 22 août 2022.
- Marlène Laruelle, « The Intellectual Origins of Putin’s Invasion », UnHerd, 16 mars 2022.
- Alexandre Douguine, « Reconquista eurasienne », janvier 2022, https://www.geopolitica.ru/ article/evraziyskaya-rekonskista.
- Alexandre Douguine, « La rupture avec l’Occident n’est pas une rupture avec l’Europe […] », Apar.tv, 15 mars 2022.
- Alexandre Douguine, Contre le Great Reset, le Manifeste du Grand Réveil, traduit par Alexandre Kistlev et Sophie Metelkina, Ars Magna, 2021, p. 66.
- Voir Michel Niqueux, « Du “conservatisme éclairé” au “national-conservatisme” : histoire d’une dérive russe », AOC, 29 août 2022.
Pierre-André Taguieff est philosophe, politiste et historien des idées. Derniers livres publiés : Pourquoi déconstruire ? Origines philosophiques et avatars politiques de la French theory (H&O, 2022) ; Le Grand Remplacement ou la politique du mythe : généalogie d’une représentation polémique (Éditions de l’Observatoire, 2022).
Source: Revue des deux Mondes. Septembre 2023